Il fallait s’y attendre, c’était écrit en toutes
lettres, des lettres de feu brulant/martyrisant les chairs et réduisant toutes
formes de résistance : CORTEZ n’allait certainement pas en rester là après
la publication, à l’automne 2012, d’un magnifique split en compagnie de Plebeian Grandstand. Un véritable coup de semonce et,
plus qu’un avertissement, la promesse – désormais tenue – de grandes choses à venir, des choses inévitables,
véritablement folles et peut-être même foncièrement dangereuses.
La suite de ce retour aux affaires aussi inespéré*
qu’explosif de Cortez n’est rien de moins qu’un véritable album, dix nouvelles
compositions chargées de lave incandescente et de lumière noire. Phœbus – c’est le titre de ce nouvel
album, un titre peut-être un rien pompeux mais a postériori cela semblait plus
que nécessaire – ne laisse pas grand-chose au hasard ou plutôt voilà un disque
qui ne souffre d’aucune faiblesse. Le vocable musclé et les images terroristes généralement
utilisés pour exprimer les premières impressions laissées par ce rouleau
compresseur peuvent faire peur mais ne nous y méprenons pas : Phœbus n’est pas un disque à la violence
optimale mais factice, il ne s’agit pas non plus d’une démonstration de force
et de complexité s’apparentant au plaisir de la torture inutile ; Phœbus au contraire et malgré toute sa
violence et toute sa dureté, est un disque salutaire et, disons-le simplement,
d’une beauté infinie.
Cette beauté Cortez la tire véritablement et
intrinsèquement de toute la puissance trouble de sa musique ; on imagine que
l’accouchement n’a pas du être sans douleur et, aujourd’hui encore, après avoir
maintes et maintes fois écouté un disque dont on est encore très loin d’avoir
fait le tour complet, il est toujours difficile de faire coller les mots justes
à la cascade de frissons (parfois contradictoires et en tous les cas pas loin
d’être bouleversants) qui nous assaillent alors. Cortez se définit également
lui-même comme un trio jouant du hardcore : on ne peut
définitivement pas enlever au groupe la justesse d’une appellation désormais
trop souvent dévoyée par tant d’autres mais qui ici en réfère autant à la
violence brute qu’à la sincérité et à l’engagement.
Mais Phœbus
est surtout un album fleuve, qui ne peut que s’écouter d’une seule traite, une créature
moitié mécanique et moitié organique, aussi monstrueuse mais aussi attachante
que tout être humain, un album dont le but n’est pourtant pas de nous
annihiler, une tornade qui pourtant ne nous fera pas totalement suffoquer ou – plus
exactement – puisque Phœbus sait par ailleurs user
de toute sa faculté pour terrasser, araser, tout détruire sans rien laisser au
hasard, personne ne pourra non plus reprocher à ce disque aussi désespéré que
flamboyant de ne pas nous prendre, tous autant que nous sommes, dans ses bras :
on est malmenés, on est effrayés, comme perdus, on a froid mais Phœbus c’est aussi cette illumination
qui nous rattrape et qui ne nous lâche plus, une lueur incandescente là bas
tout au loin et qui finit par nous éclairer, nous aussi.
[Phœbus existe en double 12’ vinyle et en CD ; Phœbus est publié par les mêmes labels qui s’étaient précédemment
occupés de la sortie du split avec Plebeian Grandstand, à savoir Basement Apes, Get A Life ! et Throatruiner records – mais cette
fois-ci ils ont été épaulés par Lost Pilgrims records, un nouveau label dont Phœbus
est la première référence et monté par Dadoo et Géraud, respectivement chanteur
et batteur de Verdun]
* Initial,
le premier album, date déjà de 2005… avez-vous réécouté ce disque ? eh
bien vous devriez le faire