A n’en pas douter, le géant suédois
du saxophone Mats Gustafsson se sert de FIRE!
comme de tous ses autres groupes, pour faire de nouvelles expériences et
rechercher un peu d’inédit. Et, plus particulièrement, Mats Gustafsson ne
semble pas envisager Fire! comme un simple trio (il y est accompagné de Johan
Berthling et Andreas Werliin) mais comme la terre d’accueil de musiciens
invités. Le précédent album de Fire!, le plutôt mitigé car très inégal In The Mouth – A Hand,
avait été enregistré en compagnie du guitariste australien Oren Ambarchi. Pour Exit !, quatrième album du groupe,
Fire! passe à la vitesse supérieure – que dis-je : tente d’embrayer la
vitesse supersonique – pour se rebaptiser Fire! Orchestra et augmenter ses
rangs de presque une trentaine d’invités.
Sur le papier cela pourrait
sembler parfait même si on peut aussi s’inquiéter d’une distribution
pléthorique avec pas moins de cinq saxophonistes, trois trompettistes, deux
trombonistes, un joueur de tuba, deux claviers, un bidouilleur, trois
guitaristes (dont un qui chante également), quatre bassistes – trois
contrebasses et une basse électrique –, quatre batteurs et deux chanteuses. On
ne va pas citer tout le monde, précisons simplement que le Fire! Orchestra
regroupe une bonne partie de la crème suédoise des musiques free et
expérimentales.
Ça, on voudrait bien le croire que
cette petite armée de musiciens soit le top du top mais on peut légitimement se
demander à quoi servent les quatre batteurs – on a vraiment du mal à les discerner
voire on finit par douter qu’ils jouent jamais ensemble –, quatre bassistes,
etc. Autrement dit Exit! a tout de la
superproduction en cinémascope et en technicolor, c'est-à-dire que l’ampleur
des moyens employés ne sert que d’étalage vulgaire et non pas de moyen
d’expression permettant de faire quelque chose de réellement intéressant. C’est
que l’on s’ennuie de plus ne plus à l’écoute d’Exit! car tout y est si pensé, les digressions free sont tellement
convenues et les interventions des deux chanteuses (Mariam Wallentin – au
passage moitié de Andreas Werliin avec
qui elle forme le duo Wildbirds &
Peacedrums – et la soprano Sofia Jernberg) rivalisent de ridicule et de
prétention avec celles d’Emil Svanängen (aka Loney, Dear – ce type arrive
parfois à chanter aussi abominablement qu’un Sting en plein trip world music).
Enregistré en janvier 2012 au Fylkingen
de Stockholm (une salle dont la réputation est celle d’être la Mecque suédoise
des musiques traviolées et subventionnées), Exit!
est un gros loukoum indigeste et bien trop expansif. On sort de ces deux titres
à rallonges comme écœurés et surtout épuisés par une musique volontairement savante
et donc prétentieuse voire mythomane. Un faux pas de la part de ce grand
monsieur qu’est Mats Gustafsson, en espérant qu’il s’en remettra (nous, on a
déjà préféré oublier ce disque pour toujours).
[Exit! est publié en CD et en vinyle blanc par le label Rune Grammofon – la version vinyle inclut le CD en
bonus, bande de losers]