Toujours aussi virevoltant et enjoué, PAPAYE sort un deuxième album
intitulé Tennis. De toutes évidences,
la vieille bique tendance sport, jus de fruits, plasturgie du rehaussage et
liposuccion des fondamentaux qui pose sur la photo du recto de la pochette
n’est autre que cette chère Ségolène Royal (not dead) mais cette unique faute
de goût (très apparente quand même) est automatiquement rattrapée par un humour
aussi ludique qu’inspiré (la photo très « viens ici mon chien » du
verso car je n’ai jamais pu résister à un bon vieux bâtard amateur de
gratouilles tout comme la photo intérieure des trois membres du groupe, très
garçons coiffeurs/VRPs pour Bricorama/Animateurs du Club Med – en fait j’hésite
encore).
Tennis, donc,
dans la droite lignée de son déjà excellent prédécesseur La Chaleur, utilise à peu près les
mêmes ingrédients que celui-ci mais à un niveau encore plus jubilatoire tout en
respectant un certain code de bonne conduite… Enfin, c’est juste une façon de
parler : les trois Papaye savent jusqu’où ils peuvent aller et quelle est
la limite/peau de banane à ne surtout pas dépasser pour éviter la surenchère
inutilement juteuse et la branlette des manches de guitares. Toutefois on note quelques nouveautés comme
du chant sur Grapes, du clavier sur La Cheminée, un aboiement de chien
(encore !) sur Super, Marcher !
et un peu de trompette sur Monica Selles
(trompette jouée par Thymme Jones, l’homme de Cheer Accident). Surtout Tennis est un disque d’esthètes dont
l’exubérance ensoleillée possède toujours une classe certaine mais néanmoins
décalée ; l’inventivité comme crédo, option trop de sérieux dans l'humour tue l’humour,
et un plaisir de jouer ensemble évident et détectable même sur enregistrement
(bien aidé par une prise de son et un mix signé Miguel Constantino, Ze wizard
of sound).
Au final l’amateur de cocktail peut ici s’enivrer
d’une bonne grosse vingtaine de minutes bourrées de cavalcades déliées et
débridées, débordantes de plans de guitares hallucinants, hyper inventifs, toujours envoyés sèchement (la générosité n’empêche pas une certaine concision)
et, semble-t-il, regorgeant de références plus ou moins directes et évidentes –
là j’ai entendu un riff digne des Who puis un autre qui m’a fait penser à AC/DC,
ici j’ai cru reconnaitre un court instant une ligne mélodique tirée de I Heard It Threw The Grapevine (oui, je
suis très sérieux) et sur Sparrows And
Pigeons j’entends à chaque fois une bout de la célèbre suite de notes qui
sert d’introduction à Astronomy Domine,
le chef d’œuvre que Syd Barrett avait placé en ouverture du premier album de
Pink Floyd. Pink Floyd ? Est-il vraiment raisonnable de terminer la
chronique d'un tel disque sur une référence aussi surannée ? Et bien oui.
Démerde-toi avec ça.