On ne saura pas – et d’ailleurs on s’en fout un peu
– si DEBORAH KANT est un groupe
victime de contingences matérielles quasiment inextricables, genre les joies de
l’existence d’un petit groupe indé dans un monde moderne ultraviolent et sans
pitié, ou si ces quatre jeunes aiment plutôt et savent prendre leur temps (sans doute un peu des deux). On
se rappellera également que le premier album du groupe, autoproduit et sans titre, avait été publié en 2008 mais deux
années après son enregistrement ; pour le deuxième, mystérieusement
intitulé Terminal Rail/Route, les
délais ont été presque aussi longs (l’enregistrement date de juin 2011) même
si l’une des pièces maitresses du disque, le diptyque Acid Dermal / Carded Mail
et dans lequel on reconnait le Mars Hell
/ Day Dee publié en 2009 sur CD et en
compagnie de Ten Years Of Decay, date lui carrément de
2008.
La lenteur est donc le mode de fonctionnement de
Deborah Kant, c’est ainsi. Et voilà un groupe qui se retrouve presque obligé de
manipuler la rareté mais qui le fait à bon escient : qui a déjà vu les
Deborah Kant en concert et les aura aimés ou qui aura écouté un de leurs (trop rares)
disques et l’aura aimé également, les aimera pour toujours, le groupe comme le
disque, y compris dans le plus petit repli de son inconscient mémoriel,
territoire fortifié d’où Deborah Kant ressortira sans prévenir, exactement
comme le groupe le fait avec Terminal
Rail/Route, pour rétablir cette vérité affective mais indiscutable –
Deborah Kant est un groupe précieux parce que singulier et unique et cela ne
l’en rend que plus important à nos yeux et à nos petites oreilles grandes
ouvertes.
Toutefois cette déclaration d’amour et à rallonge ne
cachera pas quelques petits regrets au sujet de Terminal Rail/Route, des regrets concernant le son général de
l’album qui aurait mérité plus d’ampleur, plus de luxuriance, que ça explose
réellement lorsque les guitares partent en torchère. Deborah Kant est un groupe
bruyant et à guitares (un groupe que certains réduisent ou ont réduit, moi y
compris, à Sonic Youth et aux Deity Guns tout ça parce que Deborah Kant est
originaire de Rive-de-Gier, pas très loin de Lyon – et très loin de New-York)
mais Deborah Kant est surtout un groupe incroyablement généreux dans cette façon
envoutante de sculpter son bruit et de le nervurer/hachurer de mélodies
irrésistibles et tordues. Une telle façon de faire, une telle réussite dans la
dualité entre le bruit et la beauté – une dualité que l’on rencontrait déjà sur le premier album mais qui ici atteint un niveau très supérieur – aurait
donc mérité plus de débordements côté son...
... Mais on se résout à passer outre ce qu’il convient finalement d’appeler un détail parce que Terminal Rail/Route s'impose tout simplement comme un disque magnétique et captivant : l’organique et le carné sont ce qui prime chez Deborah Kant et c’est sans doute ce qui rend la musique du groupe si sensorielle (on se retient à peine de réemployer le terme sexy), d’autant plus que sur Terminal Rail/Route le psychédélisme prend plus de place que jamais, plaçant la musique du groupe au sein d’une équation furieuse/un maelstrom sensitif se débarrassant de toute contingence normative. Les portes sont toujours grandes ouvertes et la route est loin d’être finie.
... Mais on se résout à passer outre ce qu’il convient finalement d’appeler un détail parce que Terminal Rail/Route s'impose tout simplement comme un disque magnétique et captivant : l’organique et le carné sont ce qui prime chez Deborah Kant et c’est sans doute ce qui rend la musique du groupe si sensorielle (on se retient à peine de réemployer le terme sexy), d’autant plus que sur Terminal Rail/Route le psychédélisme prend plus de place que jamais, plaçant la musique du groupe au sein d’une équation furieuse/un maelstrom sensitif se débarrassant de toute contingence normative. Les portes sont toujours grandes ouvertes et la route est loin d’être finie.
Terminal Rail/Route est publié en vinyle uniquement par le
groupe lui-même qui a été aidé par deux labels définitivement clairvoyants : Assos’Y’Song et Boom Boom Rikordz.
En outre, amateurs de musique du côté de Lyon et
alentours, Deborah Kant sera en concert ce vendredi 1er février à Grrrnd Zero. Le groupe prépare également une tournée française en
compagnie des excellents One Lick Less entre fin avril et début mai 2013 –
comme il reste des dates à booker, les joies de l’existence de deux petits
groupse indé dans un monde moderne consumériste et financier, on vous l’a déjà
dit, je ne peux que vous enjoindre à contacter ces jeunes gens si jamais vous avez envie de les faire jouer dans votre petite bourgade provinciale : 1lickless[arobase]gmail[point]com et/ou deborahkant[arobase]gmail[point]com.