Ce n’est pas parce qu’on a raté le récent
passage de MUGSTAR en concert que l’on peut
aussi se permettre de faire l’impasse sur Axis,
le nouvel album des britanniques… Enfin, un peu plus précisément, Axis est l’un des trois albums que
Mugstar a publiés en 2012. Aux côtés de Ad
Merginem (une bande originale de film – imaginaire ? – pressée
uniquement en vinyle) et de Centralia
(un « limited tour edition CD » tiré à cent exemplaires seulement et
ne comportant que deux longues plages enregistrées live sur un deux-pistes, oui
ça sent la grosse jam), Axis fait
figure d’album classique de la part du groupe de Liverpool.
Malheureusement Axis entérine également le fait que, qualitativement parlant,
Mugstar continue de dégringoler et de se fourvoyer. Définitivement le groupe
n’aura jamais fait aussi bien que son premier album (sans titre, publié en 2006
chez Sea records). Un album vivace, enfumé, sale, noisy et pourtant marqué de
ce psychédélisme hypnotique qui a fait les beaux jours des groupes allemands à
l’orée des 70’s. Avec ce premier album Mugstar lorgnait vaguement aussi du côté
d’un Sonic Youth et le mélange kraut/noise/incandescence free/prog était plutôt
réussi. Axis tente de revenir à ce
schéma là après les albums Lime et … Sun, Broken… publiés coup sur coup en
2010 chez Important records et qui avaient eux tendance à privilégier la
longueur des titres et la fixette au patchouli hallucinogène.
Mugstar a donc à nouveau changé de drogue et Axis, moins ambitieux que ses deux
prédécesseurs, avance l’énergie lourdement prog en première ligne – on est
quand même loin d’un Hawkwind – mais avec trop de synthétiseurs et des mélodies
un peu perraves qui ne donnent même pas envie de rire (Hollow Ox). Si tout Axis
avait été de la teneur nerveuse et couillue du premier titre (Black Fountain) on aurait sûrement été
moins sévères mais Mugstar possède désormais ce talent assez incomparable de
saloper en un tour de main la moindre bonne idée, le moindre riff un peu consistant
ou la moindre rythmique : écoutez un peu comment Tangerina (c’est un hommage ?) s’écroule doucement mais
inexorablement pour finir comme un vieux loukoum à la rose avarié et s’écraser
au fin fond d’un ennui aussi abyssal qu’écœurant – oui, le loukoum c’est
contagieux.
Reste quelques éclairs comme Axis Modulator qui relève sacrément mais trop subrepticement le
niveau général. L’assistante de Direction de 666rpm, à qui on demande quelquefois
son avis pour pas qu’elle se sente trop inutile entre deux séances de tri du
courrier et de classement de disques, a eu ces mots terribles à propos d’Axis : « ça me fait penser à
un truc, je ne sais pas quoi exactement mais c’est un truc que je n’aime pas,
juste en un peu moins pire ». Tu vois ?
[Axis est publié en CD uniquement par Agitated records]
[Axis est publié en CD uniquement par Agitated records]