Tout le monde le sait : 2013 sera l’année
du chômage ; 2012 l’était déjà, 2014 le sera sûrement aussi mais LE
CHOMAGE dont on vous parle là tout de suite et maintenant est membre de La Grande Triple Alliance Internationale De L’Est, fait (donc) de la musique (?) et – si
j’ai bien tout compris – comporte ou a eu dans ses rangs des (ex) membres de Squeletor
Papa*, d’A.H. Kraken**, de Crash Normal***, de The Feeling Of Love****… un
line-up qui attirera forcément l’attention de celles et ceux qui ont déjà écouté
tous ces excellents groupes. Mais les cartes de visites, les pedigrees, les
légions d’honneur et les médailles du mérite il faut aussi savoir s’en foutre
et les oublier.
Et cet album sans titre a beau reprendre quelques
vieux trucs déjà publiés sur CDr, il vous claque à la gueule et vous déraisonne les boyaux
de la tête en seulement onze titres : l’ambiance générale est au post punk
cradingue et vérolé, entre décharges instantanées – et même ultra brèves pour
certaines – et hymnes à la boue rampants et irrésistibles. Il y a surtout
énormément d’accroches dans les compositions du Chômage, une façon de vous
entourlouper sans vous trahir et ce quel que soit le registre emprunté par le
groupe. Sur la première face du disque on pense parfois à un Wire vicié, le
Wire des trois premiers albums, pour cette façon de manier l’instantanéité,
l’urgence, la gravité, la profondeur et la mélodie (Moche). On pourra aussi trouver d’autres noms à balancer dans les
airs à propos de la musique du Chômage (par exemple il y a un peu de Spacemen 3
dans ce Dorniek dopé à l’orgue) mais
ce que l’on relève surtout c’est cette faculté à transformer le mal et la
crasse en éclairs fulgurants de violence froide.
Le Chômage est typiquement un groupe de La Grand
Triple Alliance Internationale De L’Est en ce sens que ces garçons, comme tous leurs
petits camarades issus de cette secte étrange, n’ont pas leur pareil pour
récupérer les déjections de styles musicaux d’avant – post punk, noise, garage
– et d’y insuffler tout le vice et toute la pourriture non feinte qui leur
donnent ce caractère d’actualité nécessaire à la vitalité de toute musique qui
ne privilégie pas l’hommage imbécile (et tellement cool…).
Alors non, Le Chômage n’a rien d’un groupe cool et
confortablement nostalgique : le chômage est un groupe de maintenant qui
(sur la deuxième face du disque) renoue avec quelques vieux démons obsessionnels
– l’épuisant Amour Légionelle – et qui
se fout bien du reste. Que ces garçons aient pris comme nom ce qui pour
beaucoup est un mal endémique alors que le seul mal endémique c’est d’être contraint
de travailler pour sur sous-vivre au quotidien et au sein d’une société
qui ne respecte que les lois violentes de la spoliation économique et de
l’accumulation est également une bonne façon de rappeler que tout ceci ne sert
strictement à rien. Non, à rien du tout.
[cet album sans titre du Chômage est publié en vinyle uniquement par 24h Sur Jamais, Animal Biscuit,
Label Brique et Pouêt! Schallpatten]
* une chronique de la cassette posthume de Squeletor Papa
** une chronique du Tatiana d’A.H. Kraken
*** rien sur Crash Normal ici, erreur qui sera
peut-être un jour enfin réparée
**** en ce qui concerne The Feeling Of Love ce
n’est pas le choix qui manque alors démerde-toi