Comme
son sous-titre The Complete Sextet
Works : 2002 - 2007 l’indique, Score
regroupe dans un joli petit coffret de quatre CDs et orné de tout plein de
couleurs vives et peut-être trompeuses tous les premiers enregistrements de Zs. A cette époque là le groupe de
Brooklyn était un collectif protéiforme comprenant pas moins de deux
guitaristes (Matthew Hough et Charlie Looker, futur Extra Life), deux
saxophonistes (Sam Hillmer et Alex Mincek – ce dernier a quitté le groupe après
l’album Buck et le EP Karate Bump en 2006) et deux batteurs
(Brad Wentworth et Alex Hoskins puis Ian Antonio)*. Ce sont donc trois albums
et trois EP complètement remasterisés par le master chef Ben Greenberg que l’on
peut retrouver ou découvrir sur Score,
disques auxquels il faut rajouter quelques remix entre anecdotiques et infâmes,
du live et des inédits, essentiellement rassemblés sur un quatrième CD aux
allures de fourre-tout.
Surtout
Score documente la génèse d’un groupe
hors du commun bien que possédant des contours parfaitement
définissables : on a souvent parlé à propos de Zs d’un groupe de musique
de chambre électrique et contemporaine et si on rajoute à cela un peu de jazz nervuré
et lyophilisé on obtient un assez bon descriptif d’un groupe et d’une musique volontairement
aride, cérébrale et difficile. Même les sautes d’humeur/sursauts d’humour – par
exemple la version live d’à peine deux minutes et a capella de Zs à la fin du deuxième disque – sont à
prendre au énième degré, avec toutes les précautions d’usage, des pincettes stérilisées
et toutes les clefs de compréhension nécessaires à une grosse poilade entre
intellectuels qui ne sauraient s’amuser autrement avec les joies simples de
l’électricité et les plaisirs de l’expérimentation « ludique ».
Comparé
à Score, New Slaves, le
dernier album en date de Zs (mais plus pour très longtemps), et l’excellent The Hard EP, publié lui en 2008 chez
Three One G, font carrément figure de roquettes punk rock dévastatrices au
milieu d’un chant de patchouli indien récuré à l’ammoniaque : ce coffret,
dont l’écoute en continu peut s’avèrer – avouons-le – pratiquement impossible,
est vraiment uniquement destinés aux furieux du bulbe et aux fans hardcore de
Zs, du moins celles et ceux qui souhaiteraient réellement tout posséder de leur
groupe fétiche**.
Mais
Score comporte malgré toute sa dureté
et toute sa difficulté des moments de prestidigitation malicieuse en ce sens
que Zs donne réellement l’impression d’être complètement ailleurs mais pas
n’importe où : encore une fois, on ne saurait nier au groupe sa
personnalité retorse et surtout son originalité essentielle. De plus Zs a
marqué les débuts du guitariste Charlie Looker en tant que chanteur ; il
n’est pas le seul à chanter dans le groupe et il ne chante pas tout le temps
non plus mais c’est avec Zs qu’il a commencé à (trans)former son identité
vocale et à s’intéresser aux différentes
techniques de chant, notamment celles du Moyen-âge et de la Renaissance – c’est
même pour chanter davantage que Charlie Looker a quitté Zs et a fondé Extra
Life avec toute la réussite que l’on sait.
*
aujourd’hui le groupe ne comporte plus que trois membres : le survivant et
grand timonier Sam Hillmer (saxophone ténor), Patrick Higgins (guitare) et Greg Fox (batterie)
**
et que les fans se rassurent, en 2013 Zs devrait publier deux
disques : un Grain EP annoncé
pour très bientôt et Xe, un nouvel
album prévu lui pour la fin de l’année)