mercredi 9 janvier 2013

Report : Carne, Neige Morte et Monarch à Grrrnd Zero - 05/01/2013





En guise d’introduction je vais très paresseusement me contenter de reproduire ci-après une partie de la niouzeletter du collectif Grrrnd Zero reçue en début d’année. Je rappelle aussi que Grrrnd Zero était expulsable de ses locaux du 40 rue Pré-Gaudry à la date du 31 décembre 2012.

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2013 et Grrrnd Zero encore à Gerland pour quelques mois de plus !
Au terme d'une saignante course poursuite contre la destruction de notre QG au 40 rue Pré-Gaudry, nous avons reçu une bonne nouvelle pour Noël : le prolongement de notre bail jusqu'à fin avril !
Les plus futés reconnaîtront la proximité d’agenda avec un certain événement musical qui clôturera après nous le sursis accordé aux anciennes usines Brossette. Nous laisserons aux intéressés le privilège d'en parler eux-mêmes.
Nous, nous croquons ce sursis de toutes nos caries, on l’embrasse de toutes nos cellules malignes, on avale cul-sec le remède familier et corrupteur du délai supplémentaire tant nous sommes dépendants de notre beau et bancal Grrrnd Gerlande.
Si cet ajournement nous soulage énormément (vu l’insuccès des négociations jusqu'à présent) il ne doit pas nous faire replonger. L’échéance est toujours là, toujours inchangée : que ce soit le 31 décembre ou le 30 avril, nous déménageons pour le moment encore pour nulle part. Si d’ici deux mois notre relogement n’est pas plus avancé, nous nous retrouverons une fois de plus au pied du mur. Nous continuons de travailler avec les pouvoirs publics, monts et merveilles nous sont une fois de plus promis, ce qui ne nous empêchera pas de garder les yeux ouverts à la recherche de lieux.

En attendant ce sursis veut aussi dire que le Hangar, notre nouvelle salle multisports-phoniques reste ouverte !

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Voilà, rien à ajouter pour l’instant si ce n’est que toute l’installation/infrastructure mise en place par Grrrnd Zero dans une partie des anciennes usines Brossette sera détruite et remplacée pour permettre au festival des Nuits Socialistes Sonores d’y installer la sienne ; tout ça pour ça.




Mais place à la musique puisque le 40 rue Pré-Gaudry reste donc provisoirement ouvert et qu’en ce samedi 5 janvier Grrrnd Zero accueillait une affiche méritant bien de marquer la reprise des concerts après la trêve obligée de la fin d’année et l’overdose de bouffe et de bons sentiments qui va avec : Carne, Neige Morte et Monarch étaient officiellement chargés de nous mettre à genoux et de nous fournir un régime poids lourd.
CARNE on les a déjà vus plein de fois, on a même du assister à leur tout premier concert et depuis on ne se lasse pas de les revoir. Le duo (guitare + voix et batterie) joue bien carré et surtout insiste lourdement avec des mid-tempos toujours très appuyés ; cela pourrait être monotone mais en fait Carne assure sans broncher et avec une conviction toute communicative et sans faille. La deuxième moitié du concert est bien meilleure que la première – sûrement parce que les deux Carne ont enfin fini de se réchauffer dans l’atmosphère glaciale du hangar de Grrrnd Zero – et le groupe fait alors preuve d’une cohésion qui lui donne des ailes.
On remarque également des progrès certains côté chant – parce que beugler comme un troll en rut c’est plus difficile à faire que ce qu’on croit et que tout le monde n’est pas capable de s’infliger des gargarismes à l’eau de javel matin et soir pour obtenir un tel résultat – ce qui n’empêche pas le duo de terminer son set sur deux excellents titres instrumentaux. Conclusion : c’est lourd, c’est gras, c’est Carne.




Arrive NEIGE MORTE, groupe à la formation assez improbable et étrange parce que monté par Sheik Anorak à la guitare, aux boucles et aux bruits, Xavier ex-Overmars et actuel Alabaster au chant et Jo de Burne à la batterie (aux débuts du groupe c’est Hugues Pzzzl de 12XU et Veuve SS qui se chargeait de celle-ci). Les mélanges ça peut parfois avoir du bon parce que le metal extrémiste de Neige Morte qui pourrait ressembler à beaucoup trop de choses ressemble surtout à rien de très formaté ou d’attendu : amateurs de sensations fortes ce groupe est fait pour vous.
Black metal, death, doom et noise se côtoient donc pour le meilleur et quand on dit « meilleur » ce n’est absolument pas une vue de l’esprit : Neige Morte n’a joué que des nouvelles compositions et ce fut un vrai bonheur massacre acharné et névrotique. Le guitariste travaille énormément sur les textures (ça, on s’en serait un peu douté) et c’est le batteur – incroyable machine de guerre, crâneur suprême de la double pédale – qui redonne des contours plus formellement métalliques à tout ce chaos multiforme. Quant au chant, et bien on a beau avoir affaire à un brailleur chevronné et patenté on reste quand même estomaqués par l’expression de tant de noirceur et de tant de haine : la crédibilité cela ne s’improvise vraiment pas.
Précisons enfin que Neige Morte est actuellement en plein enregistrement de son deuxième album, mettant en boite les titres que justement le groupe a joués en ce samedi soir à Grrrnd Zero – on attend donc le résultat avec impatience…




Tête d’affiche – si on peut dire –  de la soirée, MONARCH est également un groupe parfaitement expérimenté et au point. Et même après avoir déjà vu quatre ou cinq fois ces jeunes gens maléfiques en concert, on ne saurait bouder leur doom incantatoire et abyssal. Une fois de plus Monarch va se déchainer et faire des merveilles : puissance de feu, interprétation impeccable, théâtralité et gestuelle appuyées, dramaturgie redoutable, ambiance de plomb et bien sûr une musique dont on ne peut pas se lasser (le dernier album, Omens, est l’un des tout meilleurs du groupe).
Seule nouveauté, la présence d’un cinquième membre, coincé avec sa guitare tout à fait sur la droite de la scène, un garçon visiblement moins aguerri et moins à l’aise que ses petits camarades et partenaires de crime mais qui possède l’avantage certain de présenter quelques signes de ressemblance troublante avec Joe Preston (du moins avec sa caricature melvinsienne). Une deuxième guitare qui ne change pas non plus fondamentalement grand-chose au mur du son impitoyable de Monarch mais on imagine sans peine qu’il faudrait du temps à n’importe qui pour réussir à se faire une place au sein d’un groupe à la personnalité aussi forte que celui-ci.
Après avoir déversé des torrents boueux de hurlements déchainés et de saturation/feedback evil as fuck, après avoir également déclenché quelques tremblements de terre, Monarch semble arriver au terme de son périlleux sabbat initiatique et atteint les profondeurs lugubres et down-tempo dont personne ne peut sortir indemne ; retentit alors et presque comme par magie une ligne de basse reconnaissable entre mille et géniale entre toutes : Monarch de se lancer alors sans aucune crainte dans une reprise réellement sulfureuse et très réussie d’I Got Erection de Turbonegro – et chanté par une fille c’était encore mieux. Un final à la Blue Oyster Cult plus tard, on se dit qu’il s’agissait là du contrepoint parfait à un concert placé sous le signe de la noirceur et de l’apocalypse (dudes).

[les photos du concert c’est par ici ; un grand merci à Jo Burne pour avoir laissé chez lui sa machine à fumigènes]