Même sans tricher – c'est-à-dire sans lire les quelques
notes de la pochette ni se renseigner au préalable sur ce disque – on n’a pas
besoin de beaucoup de temps ni d’écoutes pour être persuadés qu’Oblivion Hunter est un disque au rabais
de LIGHTNING BOLT. Un de plus,
affirmeraient derechef les mauvaises langues. On n’ira pas jusque là mais il
est vrai qu’il y a toujours eu un décalage flagrant entre les enregistrements
du duo de Providence et ses prestations scéniques survoltées et déclenchant de
soudaines séances de transes mongoloïdes chez des hordes de fanatiques ;
si la terminologie pédante de « happy noise » a un jour été inventée
par un crétin à mèche et à lunettes c’est vraiment pour coller à l’hystérie
régressive et ultra colorée de Lightning Bolt.
Et donc voilà, on a écouté qu’Oblivion Hunter et pour la première fois dans toute la discographie
du groupe on l’a trouvé vraiment mauvais. Le son du disque est merdique au
possible, plus que d’habitude veut-on dire, et surtout les compositions
ressemblent à un ersatz de Ligtning Bolt c'est-à-dire à tous les groupes de
crétins qui aux alentours du début du nouveau millénaire (nous sommes en 2013) s’étaient
mis à imiter le duo, élevant Lightning Bolt au statut de nouvelle créature mega
hype. Quelle souffrance.
Il n’y a pourtant pas beaucoup de nouveautés sur Oblivion Hunter mise à part la
basse de Brian Gibson qui sonne encore
plus comme de la guitare que d’ordinaire (??!!!) et qui surtout est jouée encore
plus n’importe comment que d’habitude (Fly
Fucker Fly par exemple, avec des solos parfaitement ridicules) ;
Lightning Bolt est rappelons-le un duo basse/batterie et voix mais peut-être
est-ce encore une fois le son dégueulasse de l’enregistrement qui fait ainsi
naitre des mirages auditifs chez le chroniqueur mal intentionné et qui lui fait
prendre cette turbo-basse de la mort qui tue pour une banale guitare de branleur
qui a appris à jouer toutes les parties de Kill
‘Em All sur Guitar Hero (c’est même sûrement la seule explication). Des
mirages auditifs peut être mais surtout des illusions définitivement perdues parce qu’Oblivion Hunter ne tient rien sur la
longueur à force de rabâchage couplé à une incapacité chronique à rétablir
l’habituelle équation shamanique et débile qui devrait pourtant ouvrir la porte
à la transe noise de Ligtning Bolt. Ce disque est juste énervant.
Oblivion
Hunter est plus un gros EP qu’un véritable album. Il a été publié comme
tous ses prédécesseurs par Load records,
uniquement en vinyle (une version noire et une version bleue). Même un
déficient visuel s’apercevrait que la pochette est d’une rare laideur – Brian
Chippendale, batteur et vociférateur du groupe, est l’auteur habituel des
artworks du groupe mais, peut-être a-t-il eu un peu honte sur ce coup là, on ne
trouve aucune indication sur l’auteur du truc en question – et les notes
intérieures indiquent que Oblivion Hunter
a été enregistré en août 2008 et finalement mixé en 2012 : les gars ce
n’était vraiment pas la peine de ressortir ces vieilles bandes qui méritaient
juste de continuer de pourrir dans votre cave.