Décidément DRIVE WITH A DEAD GIRL ne me laissera jamais tranquille. Tout comme Fives, l’album précédent de ce groupe de
Lille, le petit nouveau Hotel
California’s* est un disque irritant mais qui vous accroche ; ou – si
on préfère – un disque prometteur mais qui vous déstabilise. La principale
qualité de Drive With A Dead Girl consiste donc en ce rapport entre amour et rejet,
plaisir d’offrir et haine de recevoir, le cul entre deux chaises et la tête en
bas, les tortures exquises et le souffle coupé.
J’ai un temps été tenté de faire à propos d’Hotel California’s un simple copier/coller
de la chronique consacrée à Fives mais cela aurait été injuste
pour celui-ci comme pour celui-là. Car ces deux disques sont au final fort
différents – ce qui ne les empêchent pas d’avoir de nombreux points communs –, ils
possèdent tous les deux leur caractère propre or qu’ils arrivent in fine à
susciter le même genre de réactions épidermiques ne démontre qu’une seule
chose : Drive With A Dead Girl est un groupe avec un foutu caractère et
une foutue personnalité. Rien ni personne ne pourra jamais enlever cela au
groupe.
On trouvait Fives
beaucoup trop long : il se trouve qu’Hotel
California’s est un album beaucoup plus court, beaucoup plus ramassé,
d’apparence (mais d’apparence seulement) plus intimiste et plus calme, avec des
guitares moins fourailleuses et plus aériennes. Dans le détail, ces guitares ne
s’interdisent rien non plus, les sons plus clairs ne cachent pas la tension ni
les sautes d’humeur (le très beau Dodoma)
et si l’ambiance est toujours plus orientée du côté des 80’s réfrigérées et
maladives – en opposition aux 80’s plus explosives et plus destructrices –
jamais Hotel California’s ne nous
permet de nous endormir confortablement (le très réussi Animals). Plus cold que noisy (donc), ce disque n’impose aucune
évidence ou fait acquis sans avoir auparavant trituré tout ça dans tous les
sens et pourtant, pourtant, la musique de Drive With A Dead Girl reste très
directe et immédiate. Mais on n’en est plus à une contradiction près avec ce
groupe et surtout avec ce qu’il nous inspire.
D’ailleurs, dernière contradiction et pas des
moindres, le morceau titre Hotel
California’s placé en avant-dernière position sur le disque : seule composition
vraiment longue de l’album avec plus de onze minute d’une lente montée
cauchemardesque et embrumée démarrant dans l’inquiétude rampante, puis faussement
endormie et s’achevant dans le plus parfait désert nihiliste. Une fausse débauche
sonique servant de passerelle vers un Gamma
aux allures de rédemption et sur lequel on goûte une dernière fois au chant
d’Alexia, prêtresse anguleuse, tout aussi fragile qu’intraitable, à la fois si
attachante et si inaccessible**.
[Hotel California’s est disponible en CD uniquement chez Lineaments records, le propre
label de ces jeunes gens]
* petit nouveau paru en juin 2012 mais qui depuis a
déjà un successeur, Hostal California’s
EP ; toute la discographie du groupe, virtuelle ou non mais en tous
les cas pléthorique, est disponible sur la page bandcamp de Drive With A Dead Girl
** mais rien de vaut l’expérience d’un
concert… chacun pourra vérifier
qu’il est bien ce fan déboussolé de Drive With A Dead Girl lors d’une mini tournée
que le groupe effectuera au mois de février 2013 en compagnie de leurs amis
consanguins de Berline0.33 – les dates sont les suivantes :
le 16/02 à Lyon [la Triperie]
le 18/02 à Marseille [La Machine A Coudre]
le 19/02 [TBC : drive.with.a.dead.girl[arobase]gmail[point]com]
le 21/02 à Perpignan [L’Ubu]
le 22/02 à Pau [le Localypso]
le 23/02 à Rennes [dans le salon des K-Fuel]