Under The
Water Under The Ground est le troisième album de LAMPS, un groupe de Los Angeles plutôt du
genre tâcherons à lunettes, correctement efficaces et œuvrant dans le pur garage
punk rock’n’roll de base. Des types qui ne s’en font pas trop et qui sortent
leurs disques presque à la petite semaine*, comme une bonne giclette de punk
dans ta face – et la mienne aussi – de boutonneux toujours en mal de décharges
électriques et sans lendemain. Vas-y fais moi mal.
Seulement, avec Under The Water Under The Ground, Lamps passe radicalement à la
vitesse supérieure et ne débande pas une seconde. Papy aura beau boucher avec
ses petits doigts crochus et fatigués les oreilles de mamie et il aura beau également
serrer les dents et les fesses de consternation et d’agacement, ce troisième
album dépassera inévitablement, malgré toutes les précautions hygiénistes, la
barre de l’anecdotique bruyant et le niveau honorable d’une petite séance de
fuckerie électrique entre punkers abreuvés.
Parce que ce disque est vraiment sale, méchant
presque, et déborde de cette sombritude des anti-héros qui feront toujours peur
à ta pauvre mère** ; onze titres d’un garage punk raclant du côté du noise-rock
mais aussi du post punk (beaucoup plus légèrement) et qui mériterait de
déboucher – débaucher ? – toutes les raclures prétendantes au gai savoir électrique, y compris les plus mal disposés à sortir du
schéma parfois un peu trop pépère et gentiment prévisible du garage
d’inspiration sixties et/ou psychédélique.
Pourtant il n’y a pas de miracle à signaler, pas
de progrès remarquables à l’horizon : Lamps ressemble toujours à Lamps
mais ce qui fait la différence c’est ce son de détraqué mental qui illumine
littéralement Under The Water Under The
Ground ; dans le cas de ce disque – dont toutes les compositions se
ressemblent pourtant et sont sorties du même moule – ce sur-boostage question
enregistrement studio et production***, particulièrement efficace en ce qui
concerne les lignes de basse, est le plus qui manquait sûrement à Lamps jusqu’à
maintenant. Le trio n’a pas beaucoup d’idées à proposer mais chacune d’elles
est superbement mise en avant et donc chaque idée semble être la bonne et
suffit à notre bonheur. Se faire débourrer le poireau et c’est quand même bien
plus agréable que de se faire prendre la tête, non ?
Under The
Water Under The Ground inaugure en quelque sorte la longue série de disques
que l’on aurait bien aimés découvrir un peu plus tôt et surtout faire figurer
au palmarès d’une année 2012 musicalement déjà bien chargée ; un disque
publié en vinyle (couleur vomi tarama/courgettes, merveilleux) et en CD pas
beau par In The Red records.
* trois albums en huit ans mais quand même une
petite dizaine de singles ou de splits
** ta mère elle préférait d’ailleurs quand tu
écoutais Iron Maiden parce qu’« au moins il y a de la mélodie chez ces anglais »
*** Chris Woodhouse est crédité à l’enregistrement
et rappelons que le curriculum vitae du monsieur en question comprend la
participation aux excellents Karate Party ou la prise en charge des
enregistrements des inestimables A-Frames (les trois albums du groupe)