Jeudi 12 avril, direction le centre-ville de Lyon – du côté des Terreaux pour être un peu plus précis – pour assister à un concert dans un bar que je ne connais pas, Le Moko. Quand j’arrive (à l’heure) j’ai presque l’impression de m’être trompé d’endroit : il n’y a strictement personne et au bout d’une bonne demi-heure d’attente je croise enfin une connaissance qui joue ce soir avec son propre groupe et qui me confirme que je suis bien le premier… et pour l’instant le seul à m’être déplacé. Ce concert sent la bonne grosse lose et effectivement l’audience cumulée, membres des groupes inclus, culminera très exactement à 16 personnes entre 22h45 et 23h12. Joli score de merde pour un concert qui aurait mérité plus mais l’absence presque totale de promo (physique et sur le oueb) explique à coup sûr ce fiasco inénarrable.
Le Moko est sinon un endroit plutôt sympathique. A
l’intérieur du bar je remarque quelques affiches des Beatles – qui,
rappelons-le, reste toujours le meilleur groupe du monde à avoir foulé le sol
de cette planète – et le patron n’arrête pas d’écouter des vieux trucs de Devo,
ce qui nous fait deux preuves indiscutables de bon goût. Au sous-sol la cave qui
sert de salle de concerts proprement dite est carrelée tout bien comme il faut,
les murs et la voute sont peints en blancs alors j’ai comme l’impression de me
retrouver dans l’anti chambre un peu cheap d’un hammam. Malheureusement ce
n’est donc pas la présence d’une foule aussi nombreuse que délirante qui me
permettra de transpirer ce soir.
Le premier groupe qui joue s’appelle The Electric
Roberts, un duo basse/batterie et voix originaire de Macon. Rapidement je
remarque que le batteur utilise une double pédale et, comme d’habitude, voilà
un détail qui m’émoustille plus que de raison. Ce batteur est d’ailleurs très
amusant à regarder jouer, il semble plein de désinvolture et de nonchalance
alors qu’en fait il envoie sévèrement, maitrise très bien son jeu et démontre
une puissance surprenante.
Plus généralement la musique de The Electric
Roberts fait rarement dans la dentelle et la prise de conscience mélodique, le
groupe préférant nettement les cavalcades noise blindées de breaks construits la
tête en bas et (donc) de blasts bien sentis. Le bassiste/chanteur braille
juste, aligne des lignes de basse qui ne donnent pas envie de rigoler. Surtout
le duo possède la capacité de rattraper non sans humour ses quelques (très
légères) approximations : il a semble-t-il joué nombre de tout nouveaux titres
pour la première fois lors de ce concert et les dérapages étaient repris aussi
sec, hop pas de temps à perdre, et avec le sourire – malgré le public
maigrichon ça sentait bon le plaisir de jouer et de donner un concert.
Voilà, The Electric Roberts est une bonne petite
découverte, à noter que le groupe a enregistré une première démo trois titres
qu’il vend à ses concerts et que l’on peut découvrir et écouter sur la page
bandcamp de Flying
Oyster Digital Industries. Que du bon.
Après The Electric Roberts on reste dans la
métaphore mammaire avec les T.T. Twisterz.
Programmé à la toute dernière minute en remplacement de Grand Plateau – que je
n’ai donc toujours pas vu en concert, cruelle déception – ce groupe comprend
dans ses rangs diGo, un ancien Chick Peas et ça fait toujours plaisir de
retrouver ce garçon en concert.
Bon, malheureusement, T.T. Twisterz joue du punk
un rien grungy et beaucoup trop pop et mélo pour mes pauvres petites oreilles
fragiles de petit vieux réactionnaire. L’ambiance était plutôt à la rigolade
mais comme je n’ai aucun humour non plus je suis resté pendant tout le concert
le cul bien serré en attendant que ça se passe.
Arrive enfin Royal McBee Corporation, l’autre
groupe que j’étais venu voir ce soir. Le duo parisien joue une musique assez
atypique et originale dans le paysage musical actuel : ici pas de happy
noise instrumentale pour guincher avec les copains ni de garage de hipsters pour
se donner des airs de dépravés mais une noise métallique et industrielle, très
dense et très sombre. Le bassiste s’occupe également du chant et envoie des
samples tandis que le batteur manipule aussi des machines.
Le son de Royal McBee Corporation est à la fois
très travaillé et très brut. La musique est capable de parfaits moments
fulgurants de violence puis devient complètement prenante dès qu’elle vire au
ralenti répétitif et oppressant. Malheureusement le duo n’a vraiment pas joué
assez longtemps à mon goût, préférant se limiter et se focaliser et sur ses
titres les plus récents. Dommage.
Ce fut donc plutôt bref mais vraiment intense. Et
puis cela a permis de se faire une bonne petite idée du split
(en compagnie de 400 The Cat) que Royal McBee Corporation vient tout juste de
publier chez Swarm records –
le bassiste/chanteur du groupe s’occupe également de ce label que l’on aime
bien ici (il a entre autres publié les disques d’Ed Wood Jr). On reparlera de
ce split dès que possible.