J’avoue que cette illustration de pochette avec son motif genre pull jacquard désaxé m’a un peu (beaucoup) perturbé au départ. Alors j’ai cherché sur l’insert du LP si la chemise à grosse rayures n’était pas fournie avec. La réponse est non. Mais aussi laide soit-elle, cette pochette a le plus grand des mérites, celui de préserver le mystère autour d’Adolina et de sa musique. Caldeira est le deuxième album du groupe – le tout premier pour A Tant Rêver Du Roi* – après une paire de singles et un premier long format, tous autoproduits.
Un groupe qui semble sortir de nulle part et qui
publie un disque sur un label fortement apprécié, il n’en faut vraiment pas
plus pour tendre l’oreille, aiguisé par la curiosité. Alors disons-le tout de
suite, Caldeira peu d’ores et déjà
être considéré comme un petit joyau. Et, comme on le dit également parfois non
sans une pointe de jalousie exclusive, Adolina était jusqu’ici un trésor bien
caché. Cette formulation qui certes sent bon le cliché décrit pourtant une
réalité bien tangible et incontournable : il va désormais être difficile
de se passer d’Adolina**.
Deux guitares, une basse, une batterie et deux
voix, pour faire simple Adolina joue de l’indie pop fiévreux et habité. Sec et
nerveux. Racé et élégant. Barré mais accessible. Mélodique mais pas racoleur.
De la (grande) classe à tous les étages. On se repose donc la question : d’où
sortent ces quatre types avec leurs guitares finement aiguisées, leurs
rythmiques nerveuses et saccadées et leurs copines qui font les chœurs à
l’occasion ? On écoute attentivement la première face de Caldeira, déjà bien gonflée de six
titres sans qu’il y en ait un seul à foutre en l’air (y compris l’instrumental Less Is More) puis on enchaine avec la
seconde et c’est exactement le même topo.
Des braises qui couvent sous la cendre, une
chaleur enveloppante, du feu qui brûle avec la régularité de la détermination… Sans
démonstration de force – ni démonstration tout court d’ailleurs –, Adolina séduit
également sans compromission ni facilité. La musique du groupe est parfois si
austèrement répétitive, tellement sèche et rocailleuse, que l’on pourrait
craindre de s’y écorcher et d’y laisser sa tranquillité. Or les miracles
pullulent sur Caldeira ou plutôt les
perles s’accumulent, jusqu’à ce très étonnant Contrôler Et Sévir qui comme son nom l’indique est écrit en
français***. Le chant, à la limite du slam, colle merveilleusement bien à la
nervosité sourde d’Adolina (sans compter qu’il s’agit également là du titre le
plus vindicatif de l’album) et un sample de cette vieille guenon ultralibérale
et réactionnaire de Margaret
Thatcher enfonce le clou du dégoût et de la révolte. Tout simplement
parfait.
* plus exactement ce LP est une coproduction entre
A Tant Rêver Du Roi, Uproar For Veneration
et Whosbrain records
** aussi je ne puis résister de vous donner
quelques dates de concerts puisque Adolina est en ce moment même sur les
routes : le groupe joue ce mercredi 11 avril à Saint Etienne (au
Thunderbird), le 12 à Montpellier (au Mojomatic), le 13 dans le cadre du festival A Tant Rêver Du Roi à Pau et
le 14 à bordeaux (lieu encore à définir).
*** maintenant je peux bien vous le dire :
Adolina étant un groupe belge, voilà que tout s’explique enfin