Il y a bien longtemps qu’Oren Ambarchi n’avait pas publié d’album solo stricto sensu – In The Pendulum’s Embrace datant déjà de 2007. Avec Audience Of One, toujours sur Touch records, l’australien a choisi de surprendre. Mais il prend également le risque de décevoir. Disons que cet album est à la fois une confirmation des savoir-faire et des talents du monsieur et en même temps une tentative de proposer autre chose. Pour ce faire Oren Ambarchi a invité quelques musiciens extérieurs et Audience Of One se divise en quatre titres comme autant de parties distinctes mais pas réellement complémentaires.
Salt est
la première grosse surprise d’Audience Of
One. Outre Oren Ambarchi à la guitare, le line-up comprend l’américain Paul
Duncan (Warm Slime) à la voix, Elizabeth Welsh au violon ainsi que James
Rushford au violon alto et au piano. Salt
est une chanson. Une chanson qui doit beaucoup à des gens comme Robert Wyatt
mais une chanson quand même, illuminée par le timbre très particulier de Paul
Duncan et une mélancolie pleureuse à couper au couteau. Oren Ambarchi aurait
voulu surprendre ses fidèles qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Sur Knots
on retrouve autour d’Oren Ambarchi Eyvind Kang (un pote à Zorn, Patton, habitué
du label Tzadik et membre intermittent de Secret Chiefs 3) au violon, Janel Leppin au violoncelle, Stephen
Fandrich à la voix, Josiah Boothry au cor et Joe Talia à la batterie. Knots commence comme une pièce
interprétée par Ambarchi seul : jeu d’ombres et de lumières à base de
grésillements et de nappes de guitare. Puis vient une longue partie centrale,
très belle, sur laquelle les autres musiciens apparaissent petit à petit et sur
laquelle la batterie impose un rythme à la fois free et atmosphérique. La
dernière partie de Knots relève du
concassage sonore et tranche avec les précédentes par son approche à la fois
très vibratoire et très rythmique. Cela peut paraitre un peu éprouvant après
toute la beauté étalée précédemment.
Sur Passage
on retrouve Crys Cole à la manipulation de microcontacts, Jessika Kenney à la
voix et à nouveau Eyvind Kang au violon ainsi qu’au piano. Passage est un titre très cristallin et contemplatif, un peu trop
new age/psyché-baba et résolument tourné vers le recueillement minéral. Fais
tourner.
Fractured
Mirror est directement enchainé après Passage
et constitue la grosse déception d’Audience
Of One. Oren Ambarchi y est rejoint uniquement par Natasha Rose à la
guitare acoustique et envahissante – il assure pour sa part la guitare
électrique, la basse, le mellotron, les percussions et la voix. Fractured Mirror n’évite malheureusement
pas une certaine démagogie bienheureuse et des bons sentiments dignes d’un Mike
Oldfield, sans oublier une certaine léthargie toute printanière (techniquement, Fractured Mirror est une reprise d'Ace Frehley, un titre tiré du premier album solo du guitariste de Kiss...).
Oren Ambarchi signe donc avec Audience Of One son album le plus varié mais aussi le plus
accessible. En voulant diversifier son propos le musicien australien n’a pas
non plus réussi à défricher avec succès de nouveaux territoires (pour lui) très
intéressants ni très palpitants. On ira même jusqu’à parler de dilution voire
d’assagissement et on constate que malheureusement lorsqu’un musicien
expérimental un peu extrémiste au départ cherche à se renouveler, il tombe trop
souvent dans les travers du conformisme de la musique picturale, décorative et
gentillette. Heureusement que l’excellent Knots
et ses 33 minutes occupent une bonne moitié d’Audience Of One car c’est uniquement cet Oren Ambarchi là que
l’on aime.