jeudi 26 avril 2012

Oren Ambarchi / Audience Of One





Il y a bien longtemps qu’Oren Ambarchi n’avait pas publié d’album solo stricto sensu – In The Pendulum’s Embrace datant déjà de 2007. Avec Audience Of One, toujours sur Touch records, l’australien a choisi de surprendre. Mais il prend également le risque de décevoir. Disons que cet album est à la fois une confirmation des savoir-faire et des talents du monsieur et en même temps une tentative de proposer autre chose. Pour ce faire Oren Ambarchi a invité quelques musiciens extérieurs et Audience Of One se divise en quatre titres comme autant de parties distinctes mais pas réellement complémentaires.
Salt est la première grosse surprise d’Audience Of One. Outre Oren Ambarchi à la guitare, le line-up comprend l’américain Paul Duncan (Warm Slime) à la voix, Elizabeth Welsh au violon ainsi que James Rushford au violon alto et au piano. Salt est une chanson. Une chanson qui doit beaucoup à des gens comme Robert Wyatt mais une chanson quand même, illuminée par le timbre très particulier de Paul Duncan et une mélancolie pleureuse à couper au couteau. Oren Ambarchi aurait voulu surprendre ses fidèles qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Sur Knots on retrouve autour d’Oren Ambarchi Eyvind Kang (un pote à Zorn, Patton, habitué du label Tzadik et membre intermittent de Secret Chiefs 3) au violon, Janel Leppin au violoncelle, Stephen Fandrich à la voix, Josiah Boothry au cor et Joe Talia à la batterie. Knots commence comme une pièce interprétée par Ambarchi seul : jeu d’ombres et de lumières à base de grésillements et de nappes de guitare. Puis vient une longue partie centrale, très belle, sur laquelle les autres musiciens apparaissent petit à petit et sur laquelle la batterie impose un rythme à la fois free et atmosphérique. La dernière partie de Knots relève du concassage sonore et tranche avec les précédentes par son approche à la fois très vibratoire et très rythmique. Cela peut paraitre un peu éprouvant après toute la beauté étalée précédemment.
Sur Passage on retrouve Crys Cole à la manipulation de microcontacts, Jessika Kenney à la voix et à nouveau Eyvind Kang au violon ainsi qu’au piano. Passage est un titre très cristallin et contemplatif, un peu trop new age/psyché-baba et résolument tourné vers le recueillement minéral. Fais tourner.
Fractured Mirror est directement enchainé après Passage et constitue la grosse déception d’Audience Of One. Oren Ambarchi y est rejoint uniquement par Natasha Rose à la guitare acoustique et envahissante – il assure pour sa part la guitare électrique, la basse, le mellotron, les percussions et la voix. Fractured Mirror n’évite malheureusement pas une certaine démagogie bienheureuse et des bons sentiments dignes d’un Mike Oldfield, sans oublier une certaine léthargie toute printanière (techniquement, Fractured Mirror est une reprise d'Ace Frehley, un titre tiré du premier album solo du guitariste de Kiss...).
Oren Ambarchi signe donc avec Audience Of One son album le plus varié mais aussi le plus accessible. En voulant diversifier son propos le musicien australien n’a pas non plus réussi à défricher avec succès de nouveaux territoires (pour lui) très intéressants ni très palpitants. On ira même jusqu’à parler de dilution voire d’assagissement et on constate que malheureusement lorsqu’un musicien expérimental un peu extrémiste au départ cherche à se renouveler, il tombe trop souvent dans les travers du conformisme de la musique picturale, décorative et gentillette. Heureusement que l’excellent Knots et ses 33 minutes occupent une bonne moitié d’Audience Of One car c’est uniquement cet Oren Ambarchi là que l’on aime.