Personne ne pourra un jour affirmer que Carton records n’a jamais rien fait pour
développer son catalogue au delà de toute une mouvance free jazz actuelle,
fantastiquement moderne et toujours innovante – mouvance fortement appréciée
par ici. Carton se contenterait de produire des formations aussi passionnantes et
inventives que les Lunatic
Toys et IRèNE
que l’on y verrait aucun inconvénient et rien à redire mais, positivement, le
label mené par Sebastien Brun a également choisi de farfouiller ailleurs et
peut déjà s’enorgueillir d’avoir publié les disques de Gilles
Poizat ou de OK. Le trio est justement de retour avec un second EP,
toujours chez Carton records, et il s’intitule Wet.
Le premier EP sans titre d’OK avait d’abord
créé la surprise avant de susciter l’adhésion. Wet ne change pas réellement la donne mais, si on peut dire,
améliore encore la formule du groupe mené par Guillaume Magne (chant, guitare
et compositions) soutenu par deux batteurs complémentaires. OK joue à la fois une
musique très pop c'est-à-dire une musique directe, qui donne le sentiment
d’être de maintenant et une musique aux atours expérimentaux qui ne l’empêchent
jamais de tourner dans le bon sens. Par bon sens on entend celui décidé par ce
chanteur/guitariste aux idées toujours piquantes. Ainsi les cinq compositions
présentes sur Wet répondent toutes à
deux critères – assez larges malgré tout – qui sont immédiateté et étrangeté.
D’apparence tout est simple chez OK mais en même temps tout est bizarre. Rien
n’est facile mais rien n’est insipide. Rien n’est bêtement primesautier et tout
est généreusement exigeant. Et quand l’émotion s’en mêle (The Right Way et Your Third
Strike), OK développe une idée de la beauté aussi intrigante que prenante.
Wet
présente en outre l’avantage d’avoir été enregistré dans de meilleures
conditions techniques que son prédécesseur bien plus lo-fi et la qualité de la
production s’en ressent d’autant, largement plus dynamique et soulignée. Particulièrement
on goûte davantage au travail de la guitare (avec un vrai beau son), aux
manipulations de clavier effectuées par l’un des deux batteurs et au travail
sur les voix. On savoure une fois de plus le talent d’écriture de Guillaume
Magne, ses lignes de chant décalées et sa voix nasale, son éclectisme et après
tout un groupe qui ose mettre une vache – le plus bel animal du monde soit dit
en passant – en illustration de son disque est forcément une groupe qui attire
l’attention.