Ce troisième album de Fordamage déçoit. Oh bien sûr on y
retrouve une bonne part de l’énergie que le groupe a déployée jusqu’ici mais
sans doute attendait-on un peu plus de prise de risque et d’esprit d’aventure
de la part d’un groupe qui en avait l’air parfaitement capable. Volta Desviada est donc un album tout
juste honnête et traversé de très bons moments de la part des quatre Fordamage
à propos desquels on ne pourra plus parler de jeunes gens prometteurs. Car
Fordamage ne promet plus rien, Fordamage est Fordamage et c’est à prendre ou à
laisser. Je laisse.
Il est plaisant de constater que sur le titre
d’ouverture Throwing Stones Fordamage
rend une fois de plus hommage à The Ex. Loin d’être un plagiat inutile et
honteux, ce premier titre apporte intelligemment son quota de fraîcheur et de
dynamisme à Volta Desviada dont il
est logiquement l’ouverture idéale. D’autres titres pourront un peu plus loin
refaire penser aux hollandais volants (le début de A Man And A Dog par exemple) or on
apprécie surtout que désormais Fordamage ne pointe plus trop l’évidence exienne
du doigt, ayant bien digéré cette influence que l’on pouvait juger trop
envahissante et qui n’apparait plus qu’en filigranes, au détour d’un couplet,
d’un refrain, d’une intro ou d’un break. On peut ainsi affirmer que Fordamage a
fini par trouver son identité propre.
Mais c’est là que le bât blesse : la plupart
des compositions de Volta Desviada se
révèlent ennuyeuses. Qu’elles se ressemblent toutes, qu’elles fassent appel aux
mêmes idées, parfois aux mêmes structures ou gimmicks n’est pas un problème, le
problème est qu’elles génèrent un sentiment mitigé entre attentes déçues – car
Fordamage est très fort pour torcher une intro alléchante – et rejet de ce que
l’on ressent être comme de la gonflette et de l’hystérie mal placées. Ces
choses qui ne peuvent jamais fonctionner surtout lorsque les compositions ne suivent
pas – les gaver d’une certaine volubilité et d’un foisonnement un rien
braillard ne suffit pas à les rendre intéressantes ou pour le moins intrigantes.
Il y a un dernier point qui peut paraitre
crucial : le chant. Celui-ci n’a jamais été la qualité première chez
Fordamage et une nouvelle fois il laisse sur Volta Desviada une bien curieuse impression. Comme si des efforts
étaient constamment faits pour l’améliorer mais comme si en même temps ces
efforts ne servaient à rien. Le chant est le gros point noir de Volta Desviada : il fout en l’air
la plupart des compositions (comme sur The
Border ou Funeral) d’autant plus
qu’il est mixé bien trop en avant. Cette façon forcée de chanter et de
s’imposer est également symptomatique d’un disque qui aurait voulu convaincre à
tout prix.
Alors, tant qu’à faire, je préfère réécouter l’album
précédent, Belgian Tango, tant
celui-ci me semble pétri d’une certaine naïveté et donc d’une spontanéité qui
collent bien davantage avec la dynamique et l’explosivité du groupe.
[Volta
Desviada est publié en LP par Kythibong]