Marylin-Rambo. Je me suis parfois demandé quel
rapport il pouvait bien y avoir entre ces deux personnes. Parce que je suis
certain que l’on parle ici d’une actrice peroxydée retrouvée morte noyée dans sa
piscine un beau matin d’aout 1962 et d’un célèbre personnage incarné par un
acteur qui mourra comme tout le monde en décembre 2012 (mais je ne me rappelle
plus du jour exact). Et je suis également sûr qu’il y a un rapport entre ces
deux là parce que sinon il n’y aurait pas de tiret entre leurs deux noms. A
part le fait que Marylin comme Rambo sont deux versants d’une culture populaire
et impérialiste qui privilégie le paraître et la chosification des corps
conjugués à une minimisation optimale du cerveau, je ne vois rien d’autre.
Alors oui je préfère me dire que Marylin comme Rambo sont tous les deux membres
honoraires de la confrérie secrète des pectoraux surdéveloppés – ce qui,
avouons-le, revient à peu de chose près à la première hypothèse, celle teintée
d’un antiaméricanisme forcené.
Marylin-Rambo
c’est surtout un duo qui vient de publier son deuxième album, Baleine A Nourrir (le premier s’appelle Skiez Plus Vite et date de 2010). Un duo
avec Marylin Aurélien à la guitare et Rambo Vincent à la
batterie. Quand je vous disais que ces deux là avaient un rapport. Baleine A Nourrir est un très beau
vinyle avec une pochette sérigraphiée sur un chouette cartonnage recyclé à
faire pleurer de bonheur un écolo confortablement installé en zone urbaine. En
outre je sais de source sûre qu’il y a des copies CDr de Baleine A Nourrir qui circulent également et celles-ci sont tout
aussi bellement présentées avec une sérigraphie. S’attacher aux objets il
parait que c’est vraiment très mal or dans le cas présent le soin apporté à
l’édition de ce disque dénote de plusieurs choses : 1- Marylin-Rambo ne se
fout pas de notre gueule ; 2- le duo aime mettre en valeur sa musique
alors autant affirmer tout de suite qu’il en est fier ; 3- Marylin-Rambo a
effectivement toutes les raisons d’être fier de sa musique.
Baleine A
Nourrir c’est treize titres de punk noise instrumental envoyé au quart de
tour. Ça grouille de riffs accrocheurs, sanguinaires, drôles et pointus comme
de rythmiques au cordeau et explosives. La musique de Marylin-Rambo est aussi
foisonnante que rapide, jouissive qu’extravertie. Et puis surtout elle sonne
naturel. Il n’y a pas de temps de perdu c'est-à-dire qu’il n’y a aucun plan
répété inutilement ou plus que nécessaire et il n’y a aucune facilité non plus,
même pas de facilité technologique (ces saloperies de loop stations et de
sequencers à pédales). Si on entend parfaitement chaque note jouée à la guitare
et chaque frappe assenée sur la batterie c’est bien parce qu’elles sont jouées
pour de vrai, comme si on était juste à coté du groupe, à transpirer avec lui.
Malheureusement le titre Rock La Poste – plus étoffé parce que multipliant au contraire les
pistes de guitares – perd de la saveur naturelle et vraie de Marylin-Rambo. Doom-Doom qui comme son nom l’indique
est une parodie de titre lent et evil utilise les mêmes moyens que Rock La Poste mais fonctionne lui
parfaitement (sûrement parce qu’un titre composé avec une volonté réellement
maléfique ne peut que bénéficier de l’appui silencieux des forces obscures). Et
s’il fallait vraiment exprimer un tout dernier petit regret, ce serait à propos
de Zouk Machin qui l’air de rien
empiète un peu trop franchement sur les platebandes d’un duo tourangeau aussi caoutchouteux
que la plastique irréprochable de Marylin-Rambo. Mais je chipote. Car Baleine A Nourrir est tout simplement un
bon disque vivifiant, entrainant et positivement punk (et merci pour les
quelques intermèdes electro simon /démo de bontempi vraiment très drôles qui
parcourent le disque).
Baleine A
Nourrir est aussi l’occasion d’une super-coproduction avec pas moins de
sept participants : Coulis Crew, Et Mon cul
C’Est Du Tofu, Gabuzo records, Label
Brique, No Way Asso, Roue
Libre, Taenia Solium plus quelques
copains (je n’ai pas trouvé les adresses/sites de tout le monde, désolé).
Surtout le disque est sous licence Creative Commons – tout comme 666rpm – ce
qui signifie qu’il est librement téléchargeable et diffusable mais uniquement à
des fins non commerciales et en respectant la volonté et la création de
l’auteur premier – fuck Hadopi.