vendredi 13 avril 2012

Marylin-Rambo / Baleine A Nourrir





Marylin-Rambo. Je me suis parfois demandé quel rapport il pouvait bien y avoir entre ces deux personnes. Parce que je suis certain que l’on parle ici d’une actrice peroxydée retrouvée morte noyée dans sa piscine un beau matin d’aout 1962 et d’un célèbre personnage incarné par un acteur qui mourra comme tout le monde en décembre 2012 (mais je ne me rappelle plus du jour exact). Et je suis également sûr qu’il y a un rapport entre ces deux là parce que sinon il n’y aurait pas de tiret entre leurs deux noms. A part le fait que Marylin comme Rambo sont deux versants d’une culture populaire et impérialiste qui privilégie le paraître et la chosification des corps conjugués à une minimisation optimale du cerveau, je ne vois rien d’autre. Alors oui je préfère me dire que Marylin comme Rambo sont tous les deux membres honoraires de la confrérie secrète des pectoraux surdéveloppés – ce qui, avouons-le, revient à peu de chose près à la première hypothèse, celle teintée d’un antiaméricanisme forcené.
Marylin-Rambo c’est surtout un duo qui vient de publier son deuxième album, Baleine A Nourrir (le premier s’appelle Skiez Plus Vite et date de 2010). Un duo avec Marylin Aurélien à la guitare et Rambo Vincent à la batterie. Quand je vous disais que ces deux là avaient un rapport. Baleine A Nourrir est un très beau vinyle avec une pochette sérigraphiée sur un chouette cartonnage recyclé à faire pleurer de bonheur un écolo confortablement installé en zone urbaine. En outre je sais de source sûre qu’il y a des copies CDr de Baleine A Nourrir qui circulent également et celles-ci sont tout aussi bellement présentées avec une sérigraphie. S’attacher aux objets il parait que c’est vraiment très mal or dans le cas présent le soin apporté à l’édition de ce disque dénote de plusieurs choses : 1- Marylin-Rambo ne se fout pas de notre gueule ; 2- le duo aime mettre en valeur sa musique alors autant affirmer tout de suite qu’il en est fier ; 3- Marylin-Rambo a effectivement toutes les raisons d’être fier de sa musique.
Baleine A Nourrir c’est treize titres de punk noise instrumental envoyé au quart de tour. Ça grouille de riffs accrocheurs, sanguinaires, drôles et pointus comme de rythmiques au cordeau et explosives. La musique de Marylin-Rambo est aussi foisonnante que rapide, jouissive qu’extravertie. Et puis surtout elle sonne naturel. Il n’y a pas de temps de perdu c'est-à-dire qu’il n’y a aucun plan répété inutilement ou plus que nécessaire et il n’y a aucune facilité non plus, même pas de facilité technologique (ces saloperies de loop stations et de sequencers à pédales). Si on entend parfaitement chaque note jouée à la guitare et chaque frappe assenée sur la batterie c’est bien parce qu’elles sont jouées pour de vrai, comme si on était juste à coté du groupe, à transpirer avec lui.
Malheureusement le titre Rock La Poste – plus étoffé parce que multipliant au contraire les pistes de guitares – perd de la saveur naturelle et vraie de Marylin-Rambo. Doom-Doom qui comme son nom l’indique est une parodie de titre lent et evil utilise les mêmes moyens que Rock La Poste mais fonctionne lui parfaitement (sûrement parce qu’un titre composé avec une volonté réellement maléfique ne peut que bénéficier de l’appui silencieux des forces obscures). Et s’il fallait vraiment exprimer un tout dernier petit regret, ce serait à propos de Zouk Machin qui l’air de rien empiète un peu trop franchement sur les platebandes d’un duo tourangeau aussi caoutchouteux que la plastique irréprochable de Marylin-Rambo. Mais je chipote. Car Baleine A Nourrir est tout simplement un bon disque vivifiant, entrainant et positivement punk (et merci pour les quelques intermèdes electro simon /démo de bontempi vraiment très drôles qui parcourent le disque).

Baleine A Nourrir est aussi l’occasion d’une super-coproduction avec pas moins de sept participants : Coulis Crew, Et Mon cul C’Est Du Tofu, Gabuzo records, Label Brique, No Way Asso, Roue Libre, Taenia Solium plus quelques copains (je n’ai pas trouvé les adresses/sites de tout le monde, désolé). Surtout le disque est sous licence Creative Commons – tout comme 666rpm – ce qui signifie qu’il est librement téléchargeable et diffusable mais uniquement à des fins non commerciales et en respectant la volonté et la création de l’auteur premier – fuck Hadopi.