dimanche 22 avril 2012

Municipal Waste / The Fatal Feast






Alors quoi de neuf chez Municipal Waste ? Mais rien du tout, fort heureusement. Le groupe de Richmond/Virginie vient de publier son cinquième album chez les allemands de Nuclear Blast (après des années de fidélité à Earache). The Fatal Feast (Waste In Space) ne change rien, ne révolutionne rien et ne va pas perturber outre mesure les fans de Municipal Waste – si, il y en a.
On remarque simplement que le groupe a réenclenché la turbine à conneries partiellement mise en veilleuse sur le prédécesseur Massive Agressive (2009). Et au moins l’emballage est à l’avenant. L’artwork – signé Justin Osbourn et non plus Andrei Bouzikov – n’a pas là pour entretenir le suspens ni réellement renouveler l’imagerie de Municipal Waste car The Fatal Feast tente uniquement de rajouter une chouille de sci-fi aux thématiques habituelles du groupe qui sont – rappelons-le – boire, faire la fête, vomir, baiser (éventuellement dans son vomi), les zombis (avec lesquels une petite fuckerie n’est jamais à exclure non plus), jouer dans un groupe de thrash, s’emmerder et donc boire, baiser, faire la fête, etc. Ainsi ce cinquième album s’ouvre-t-il sur un Waste In Space (Main Title) instrumental, torché avec l’aide de Steve Moore de Zombi et qui en rajoute lui aussi une couche question enrobage intergalactique. Mais une première et rapide écoute de The Fatal Feast permet de se convaincre que le groupe aime toujours autant jouer de la stupidité, de la régression et de l’immaturité. Nous voilà rassurés.
Musicalement Municipal Waste garde également la même formule, celle d’un thrash crossover totalement 80’s. Il n’y a pas un titre de The Fatal Feast qui n’évoque pas une vieillerie d’époque. Le nombre de plans piqués à l’album Speak English Or Die de S.O.D. – side-project de certains membres d’Anthrax et qui lui-même n’était qu’une bonne grosse blague – est proprement hallucinant (écoutez donc le début de New Dead Masters) mais on retrouve également beaucoup de Slayer et de Nuclear Assault là dedans. Il y a même John Connelly, ancien chanteur/guitariste de Nuclear Assault, qui apparait sur l’album. Et puis il y a des choses beaucoup plus surprenantes comme cette ligne de basse en intro du titre The Fatal Feast empruntée (involontairement ?) au Regulator des Bad Brains.
On peut malgré tout émettre quelques réserves au sujet de Municipal Waste en général et de The Fatal Feast en particulier. Bien que plaisamment nostalgique et rétrograde la musique du groupe finit pas lasser, surtout lorsqu’on ne sait pas quoi faire de son dimanche et qu’on s’emmerde déjà un peu. Les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleures or les albums de Municipal Waste durent de plus en plus longtemps (38 minutes pour The Fatal Feast, ce qui fait beaucoup trop). La voix du chanteur, encore plus limitée que celle de son idole Mike Muir de Suicidal Tendencies (c’est tout dire), est également lassante à la longue. Les riffs tout pompés qu’ils sont se répètent invariablement et The Fatal Feast finit par bien porter son nom, synonyme d’indigestion. On regrette aussi que ce merveilleux batteur qu’est Dave Witte – ex Burnt By The Sun et uniquement efficace lorsqu'il joue avec Municipal Waste – soit aussi sous-employé ici. C’est un peu du gâchis, non ?

The Fatal Feast existe en LP avec plein de couleurs différentes et c’est très joli. Le LP comprend d’ailleurs un titre bonus (le très court et redondant Eviction Party) qui figure également mais uniquement sur une version limitée en CD avec fourreau (slipcase pour les non-anglophobes).