Alors quoi de neuf chez Municipal Waste ? Mais rien du
tout, fort heureusement. Le groupe de Richmond/Virginie vient de publier son
cinquième album chez les allemands de Nuclear
Blast (après des années de fidélité à Earache). The Fatal Feast (Waste In Space) ne change rien, ne révolutionne
rien et ne va pas perturber outre mesure les fans de Municipal Waste – si, il y
en a.
On remarque simplement que le groupe a réenclenché
la turbine à conneries partiellement mise en veilleuse sur le prédécesseur Massive Agressive (2009). Et au
moins l’emballage est à l’avenant. L’artwork – signé Justin Osbourn et
non plus Andrei Bouzikov – n’a pas là pour entretenir le suspens ni réellement renouveler
l’imagerie de Municipal Waste car The Fatal Feast
tente uniquement de rajouter une chouille de sci-fi aux thématiques habituelles
du groupe qui sont – rappelons-le – boire, faire la fête, vomir, baiser
(éventuellement dans son vomi), les zombis (avec lesquels une petite fuckerie
n’est jamais à exclure non plus), jouer dans un groupe de thrash, s’emmerder et
donc boire, baiser, faire la fête, etc. Ainsi ce cinquième album s’ouvre-t-il
sur un Waste In Space (Main Title) instrumental, torché avec l’aide de Steve Moore de Zombi et qui en rajoute lui aussi
une couche question enrobage intergalactique. Mais une première et rapide écoute de The Fatal Feast permet de se convaincre
que le groupe aime toujours autant jouer de la stupidité, de la régression et
de l’immaturité. Nous voilà rassurés.
Musicalement Municipal Waste garde également la
même formule, celle d’un thrash crossover totalement 80’s. Il n’y a pas un
titre de The Fatal Feast qui n’évoque
pas une vieillerie d’époque. Le nombre de plans piqués à l’album Speak English Or Die de S.O.D. –
side-project de certains membres d’Anthrax et qui lui-même n’était qu’une bonne
grosse blague – est proprement hallucinant (écoutez donc le début de New Dead Masters) mais on retrouve
également beaucoup de Slayer et de Nuclear Assault là dedans. Il y a même John Connelly, ancien chanteur/guitariste de Nuclear Assault, qui apparait sur l’album. Et puis il y a
des choses beaucoup plus surprenantes comme cette ligne de basse en intro du
titre The Fatal Feast empruntée
(involontairement ?) au Regulator
des Bad Brains.
On peut malgré tout émettre quelques réserves au
sujet de Municipal Waste en général et de The
Fatal Feast en particulier. Bien que plaisamment nostalgique et rétrograde
la musique du groupe finit pas lasser, surtout lorsqu’on ne sait pas quoi faire
de son dimanche et qu’on s’emmerde déjà un peu. Les plaisanteries les plus courtes sont
souvent les meilleures or les albums de Municipal Waste durent de plus en plus
longtemps (38 minutes pour The Fatal
Feast, ce qui fait beaucoup trop). La voix du chanteur, encore plus limitée
que celle de son idole Mike Muir de Suicidal Tendencies (c’est tout dire), est
également lassante à la longue. Les riffs tout pompés qu’ils sont se répètent invariablement
et The Fatal Feast finit par bien
porter son nom, synonyme d’indigestion. On regrette aussi que ce merveilleux
batteur qu’est Dave Witte – ex Burnt By The Sun et uniquement efficace lorsqu'il joue avec
Municipal Waste – soit aussi sous-employé ici. C’est un peu du gâchis,
non ?
The Fatal
Feast existe en LP avec plein de couleurs différentes et c’est très joli.
Le LP comprend d’ailleurs un titre bonus (le très court et redondant Eviction Party) qui figure également
mais uniquement sur une version limitée en CD avec fourreau (slipcase pour les non-anglophobes).