Le harcèlement a commencé par une série de mails
insistants et vindicatifs : « hey Hazam ! viens découvrir notre
première démo ! ». Puis j’ai carrément reçu par voie de courrier la
démo en question, gravée sur CDr, dans une pochette monochrome (avec insert et
autocollant à l’intérieur) uniquement marquée en argenté du nom de PYLONE. Il y avait également une petite
carte dont l’illustration était lourde de sous-entendus quand à mon addiction à
l’alcool ainsi qu’un petit mot m’enjoignant subtilement – « pas forcément pour
avoir une chronique, mais pour faire partager notre nouveau projet » – de
parler de cette démo dans 666rpm. La réaction du comité rédactionnel a été
immédiate et tranchante : rien à foutre des démos envoyées par des petits
groupes obscurs qui répètent le dimanche après-midi dans la grange des
grands-parents. Donc pas de chronique.
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas
d’avis. Et si le contenu de 666rpm/Heavy Mental se distingue souvent par la
nature péremptoire et stupide de jugements hâtifs portés à l’encontre de
disques de merde qui après tout ne méritent que ça, l’écoute des trois titres
de la démo de Pylone m’a retourné comme une girouette. Cette démo vous pouvez
l’écouter et la télécharger gratuitement sur le net parce que jusqu’à la preuve du contraire il n’est
pas encore interdit aux musiciens/groupes de diffuser librement leur musique.
Mais ça viendra sûrement.
Le plus remarquable à propos de Pylone, c’est que
le groupe n’a même pas un an d’existence. Il s’est formé en juin 2011 et, sans
doute mu par une avalanche d’idées et d’envies irrépressibles, a fait
rapidement des progrès. Au point d’avoir enregistré dès le mois de novembre 2011.
Les musiciens qui composent Pylone ne sont pas des novices non plus. Certains
jouent ou ont joué dans des groupes tels que Headwax
ou Xnoybis. Je me suis même laissé dire que dans Pylone il y a au moins un des
terroristes sonores qui toutes les semaines polluent les ondes hertziennes au
sein de l’émission Rien A Branler (pour la plupart des gens qui habitent ni dans le Gers ni du côté
de Toulouse mais dans des endroits civilisés il y a également la possibilité très moderne du podcast).
It’s Funny,
Marangoni et Twin Engine Aircraft : ces trois compositions restent
juvéniles (la voix surtout) mais possèdent déjà une maturité indéniable. Des
beaux riffs, des rythmes plutôt lents (et lancinants), une basse qui sonne et
une façon de savoir prendre son temps parce que l’on est sûr de son fait, de ce
que l’on veut dire, de sa musique. Le résultat est bluffant et occupe
durablement les esprits au bout de quelques écoutes – on en voudrait donc plus.
Pour un coup d’essai c’est une réussite. En
conséquence le directoire plénipotentiaire de 666rpm présente des excuses
immédiates et évidemment sincères à Pylone et à l’ensemble des membres du
groupe. En espérant avoir très bientôt d’aussi bonnes nouvelles de leur part. Et,
ami lecteur, si tu es soudainement intéressé, n’hésite pas non plus à contacter ces jeunes gens.