vendredi 27 avril 2012

Microfilm / AF127



OK. Défendons encore une fois Microfilm contre les attaques incessantes des amateurs de chansons à textes et de voix hurlées. Après un The Bay Of Future Passed (2009) lui-même presque similaire à Stereodrama (2007), Microfilm ne change rien. Ou pas grand-chose. Celles et ceux qui ont cordialement détesté les trois précédents albums de Microfilm tout comme celles et ceux qui ne voient pas l’intérêt de publier un nouvel album en forme de redite peuvent décréter, même sans avoir écouté une seule note de AF127, qu’ils détesteront à nouveau ce quatrième album. Cette chronique honteusement élogieuse ne s’adresse donc pas à eux. Pour les autres, on va tenter de détailler ce qui fait de Microfilm et de AF127 un très bon groupe et un très bon album.




La question centrale concerne la nature même de la musique de Microfilm. Certains appellent cela du post rock. Terme aussi imprécis que galvaudé mais qui ici sert à décrire une musique rock, instrumentale, cinématographique (sinon pourquoi le nom du groupe serait-il Microfilm ?) et à tendance mélodramatique. On a parfaitement le droit de détester le post rock. Personnellement je déteste cette musique d’invertébrés auto-suffisants et prétentieux car elle m’ennuie et m’agace au plus haut point. Les gens qui prétendent raconter des histoires, faire voyager l’auditeur et émerveiller les petites âmes sensibles ne sont pour la plupart que des charlatans et des bonimenteurs. Or Microfilm est l’exception parmi les exceptions ce qui, littéralement, signifie que Microfilm est un groupe exceptionnel car il sait comment composer des titres instrumentaux c'est-à-dire qu’il sait attirer puis retenir l’attention, y compris sur les titres les plus atmosphériques et les plus longs (le très beau Claude et son violoncelle). Le talent ça ne s’invente pas (du moins s’il est inventé de toutes pièces le résultat ne tient pas la route très longtemps et les mois ou les années auront raison de lui et de sa pertinence) mais surtout le talent, ça ne s’explique que très difficilement. Microfilm c’est donc juste une histoire – oui, encore –, une histoire de coup de foudre.
La deuxième question à propos de Microfilm c’est celle des samples. Une marque de fabrique qui consiste à insérer au début des compositions ou en plein milieu de celles-ci des dialogues tirés de films plus ou moins connus, plus ou moins reconnaissables. Cette greffe sonore semble poser deux problèmes : premièrement le niveau sonore des samples en question est très fort, rivalisant sans problème avec celui de la musique elle-même et ça, ça peut gêner les vrais mélomanes ; deuxièmement l’inclusion évidente de samples de voix au sein d’une musique pourtant instrumentale ne serait-elle pas un aveu de faiblesse de la part du groupe ? Toutes ces remarques sont pertinentes mais balayons-les d’un efficace revers de main chargé d’un mépris généreusement condescendant. Déjà, les samples ne parasitent pas l’ensemble du disque, ils sont souvent drôle et lorsqu’ils s’effacent c’est parce que précisément la musique est en mode impérial, généreux et inévitable (voir sur ce point précis la question du coup de foudre explicitée un peu plus haut). L’argument concernant le « manque de confiance en une musique instrumentale » ne tient pas non plus : enlevez les samples des compositions de Microfilm et la musique du groupe fonctionnera quand même très bien mais juste différemment. Je suis même prêt à parier que ces samples finiraient par manquer à certains.
En guise de conclusion, tentons de déterminer quel est le meilleur titre de l’album. Et bien ils sont tous aussi bons les uns que les autres. Mais je vais vous dire celui que je préfère : Carnival, uniquement pour une seule raison, cette guitare en balancier qui au début du titre rappelle le final sur deux notes de The Map, l’un des tout meilleurs titres de Deity Guns ; puis Carnival part sur totalement autre chose mais ne faiblit pas, la magie reste intacte. Et de la magie c’est exactement ce que propose Microfilm tout au long de AF127.

AF127 a été publié par Head records pour la version CD et par Impure Muzik, Migouri records et Theatre records pour la version vinyle (c’est un double LP en plastoc tout blanc).



Microfilm c’est également des concerts à ne pas rater. Les dates sont à consulter sur le site du groupe – pour les lyonnais signalons la date du 24 mai au Périscope organisée par les insouciants activistes d’Active Disorder
(clic donc sur le flyer si tu veux tout savoir)