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lundi 3 octobre 2011

Report : Paramount Styles au Sonic






Il y a quelque chose de vraiment irrésistible chez Scott McCloud. Le bonhomme dégage une forte personnalité, même lorsqu’on le découvre trainant sur le pont du Sonic affublé d’une horrible veste blanche dont il a bien pris soin de remonter le col – dans la plus pure tradition du vieux beau. Ce soir c’est le grand retour de Paramount Styles, le groupe qu’il a monté depuis la mise en sommeil prolongée de Girls Against Boys. Enfin, « grand retour », ça c’est moi qui le dis puisque il y aura bien moins de public au Sonic que lors du précédent passage du groupe il y a presque deux ans, au même endroit.
Sans doute les gens se sont-ils réservés pour les concerts des jours à venir (en vrac : Melvins, Lydia Lunch/Big Sexy Noise et le Riddim Collision) mais il faut choisir et donc j’ai choisi : pour des raisons aussi triviales et personnelles – les Melvins – qu’esthétiques – Big Sexy Noise – c’est donc Paramount Styles qui remporte la palme du concert/sortie de la semaine. Mais ce ne fut absolument pas un choix par défaut et effectivement je ne vais pas le regretter.



Le line-up de Paramount Styles est presque exactement le même qu’il y a deux ans. Seule différence notoire : la présence d’une violoncelliste. Ce qui n’était d’ailleurs pas sans générer quelques inquiétudes quant à la dynamique de Paramount Styles sur scène mais c’est tout le contraire qui s’est finalement produit : on avait certes beaucoup trop de mal à entendre ce violoncelle mais ses quelques apports étaient largement à mettre au bénéfice de la richesse sophistiquée d’une musique qui ne cache pas son jeu.
Sinon on a eu aussi un peu de mal à reconnaitre le bassiste/porte-manteau de service mais vu son peu d’implication sur scène, on a fini par en déduire qu’il s’agissait bien du même musicien ou de son clone – une chose est sûre, ce n’était pas Geoff Sanoff qui a joué et a produit les deux premiers albums de Paramount Styles. Alexis Fleisig était bien sûr toujours derrière la batterie et il a démontré pendant tout le concert ce qu’est un vrai batteur, se permettant même d’être par instant des plus spectaculaires alors que la musique de Paramount Styles ne s’y prête pourtant pas vraiment.
Enfin, c’est avec une immense satisfaction que l’on a constaté que Chris Smet tenait à nouveau le poste de guitariste. Il avait illuminé le précédent concert de Paramount Styles et il fera pareillement pour celui-ci, malgré un visage crispé par une douleur aigüe, le bonhomme souffrant d’une rage de dents maléfique à se flinguer. 




Il y a peu de différences entre Failure American Style et Heaven’s Alright, les deux albums que le groupe a publié jusqu’ici. Tout juste note-t-on une production plus léchée sur le second. Beaucoup de titres interprétés pendant la première tournée de Paramount Styles ont été enregistrés ensuite et publiés sur Heaven’s Alright  – Come To Where You Are, moment fort des concerts entre tous, y figure même dans une version live mise en boite en janvier 2009 à Leuven, Belgique. Il était assez logique que les deux concerts se ressemblent également.
Seulement n’est pas Scott McCloud qui veut et quand on parlait d’un chanteur irrésistible, cela signifie d’abord que son charisme, son grain de voix et ses compositions restent irremplaçables. Admettons que sa musique nous a eus à l’usure – tout d’abord parce qu’en concert Paramount Styles va bien au delà et qu’il a fallu passer par cette expérience là pour commencer à apprécier les disques – et que du temps a passé avant que l’on oublie que Scott McCloud était auparavant le chanteur/guitariste/compositeur de Girls Against Boys. Avec Paramount Styles, derrière le côté classique d’une représentation musicale toujours plus basée sur un songwriting fin et élégant, on assiste à un concert de très haute tenue, tour à tour intense, parfois groovy et avec une pointe d’intimisme, lequel est bien loin de casser l’ambiance des titres plus vigoureux. Ainsi les hits se succèdent et s’enchainent sans discontinuer*. Chris Smet enquille lui les verres de gnôle pour conjurer la douleur de plus en plus insoutenable qu’il ressent aux dents – après le concert on le verra pleurer sur le pont du Sonic, n’en pouvant vraiment plus et attendant qu’on l’emmène pour le soigner d’urgence. Il a eu un sacré courage de jouer malgré tout. Et ce fut un bien beau concert.




En première partie Cotton Wood  nous a gratifiés de son blues ultra roots. Le bonhomme joue vraiment bien, a une technique tout en fingerpicking impressionnante et un son granuleux qui interpelle. Malheureusement, lorsqu’il se met à chanter ses vieux standards de blues, on ne peut que constater que sa voix ne suit pas question timbre et puissance.
Je ne saurais dire autre chose concernant Cotton Wood, n’étant pas très familier ni spécialiste de ce genre de musique. Seulement je préfère les musiciens qui ne prennent pas le blues au pied de la lettre et s’en serve comme d’un levier pour dévoyer une tradition musicale – ce qu’était, il me semble, le blues à ses origines.

* un camarade fort érudit mais néanmoins facétieux, tous les sens en éveil, a même réussi à deviner que Paramount Styles nous avait gratifié d’une reprise des Misfits.

mercredi 21 septembre 2011

Paramount Styles / Heaven's Alright


Peut-on tout pardonner à Scott McCloud ? Voilà… c’est à peu près toujours la même rengaine : on a passionnément aimé tel ou tel groupe dans notre jeunesse et forcément, presque fatalement, on déteste ce que certains de ses (anciens) membres sont devenus et la musique qu’ils jouent désormais. En l’occurrence il s’agit ici de Girls Against Boys – le groupe existerait toujours, à l’état de veille – et de Paramount Styles, le groupe actuel de Scott McCloud, ci devant chanteur et guitariste de GvsB. L’histoire se veut tellement simple et banalement prévisible qu’elle mérite pourtant quelques mises au point : même si on retrouve également le batteur Alexis Flessig dans le line-up de Paramount Styles, il ne sert strictement à rien de comparer les deux groupes. Et parce qu’on est très polis et bien élevés on n’ira pas jusqu’à traiter d’imbéciles celles et ceux qui le font mais le cœur y est. Evitons la confusion des genres et attelons nous à ce Heaven’s Alright, deuxième album de Paramount Styles, publié à l’automne 2010.





Avec Paramount Styles Scott McCloud réalise sans doute quelques vieux rêves, s’adonnant à un songwriting centré sur des mélodies simples et sa voix chaude et suave. Notre homme se paye même le luxe de s’accompagner d’une guitare acoustique et qui a déjà vu Paramount Styles en concert sait que Scott McCloud joue assis, perché sur un haut tabouret, comme tant de chanteurs américains de folk, de country et de pop l’ont fait avant lui. Derrière un groupe efficace assure l’écrin de velours qui sied parfaitement aux compositions et à la voix du monsieur.
Les américains ont des termes extrêmement réducteurs et déplaisants pour désigner la musique que joue Paramount Styles : soft rock, adult rock… j’en passe et des meilleurs. Il est vrai que Scott McCloud s’inscrit dans une veine qui irait de Bob Dylan à Neil Young en passant par Bruce Springsteen ou Lou Reed. Mais il est surtout évident que, contrairement à tous ces artistes mainstream et en pilotage automatique, Scott McCloud/Paramount Styles a encore quelque chose à proposer, écrivant de subtiles compositions la plupart mid tempo, très arrangées (les cordes sur Take Care Of Me et The Girls Of Prague), d’une énergie trainante (Amsterdam Again, White Palaces), des balades somptueuses (Steal Your Life), des titres que l’on dirait taillés pour les voyages (Give Us Some Time, Desire Is Not Enough) ou des appels vibrants (le magnifique The Girls Of Prague ou Come To Where You Are, ici dans une version enregistrée en concert et particulièrement réussie). Il n’y a guère que The Greatest, trop évidemment calibré pour être un tube et pour passer dans les college radio US, qui embarrasse l’écoute de Heaven’s Alright d’un doute quelconque.
Et par-dessus tout il y a cette voix que l’on a déjà évoquée et cette façon de chanter, addictive et résumant très bien ce que Scott McCloud déclarait il y a de nombreuses années lors d’interviews données afin d’assurer la promotion de l’album Cruise Yourself de Girls Against Boys : il avouait que ce qu’il préférait c’était conduire en voiture pendant des heures, souvent au hasard, pour écouter de la musique en même temps. Avec Heaven’s Alright (et son prédécesseur Failure American Style) il a sans doute réalisé ce dernier rêve, celui d’une musique qui l’accompagne et nous accompagne aussi, où qu’il aille et où que nous allions. Sa musique.




Bien que sa parution remonte déjà à presque une année, Heaven’s Alright reste d’actualité puisque Paramount Styles le défendra lors d’une tournée européenne, de la fin septembre à début octobre, et avec un passage lyonnais au Sonic le 1er octobre. On ne saurait trop vous répéter que Scott McLoud en concert ce n’est vraiment pas n’importe qui et que son charisme reste inégalé.

lundi 14 décembre 2009

Classic American Style























Quoi ? Comment ? Presque trois semaines sans un seul concert ? Mais que se passe t-il ? La vérité, c’est que concert il y eut bien mais qu’il aurait été bien trop difficile de raconter le plus sérieusement du monde ce qui s’est très exactement passé à celui-ci. J’essaie quand même ? Allez. Manu Holterbach est venu les mains dans les poches mais avec un CD, se contentant d’une diffusion de trois pièces de musique acousmatique avec explications de texte et didactisme d’intello en guise de présentation (on se serait cru à une conférence organisée par Peuple Et Culture) et fermant les yeux dans une attitude quasiment religieuse pour écouter ses propres oeuvres (sans grand intérêt en plus, quel baratin à propos d’un son de pompe à chaleur créant des harmoniques si… passionnantes). On rajoute un David Maranha (Osso Exotico, un bon groupe pourtant), incapable avec son compère de décoller son doigt de la première touche de synthétiseur sur laquelle il avait décidé d’appuyer ce soir là. Une expérience extrême et une bonne crise de rire, maintenant qu’on en parle, après coup, mais une soirée de perdue pour rien quand même.
En attendant le concert de The Ex de cette fin semaine – ce sera le samedi 19 décembre – organisé dans l’antre des anoraks, direction le Sonic en ce vendredi soir pour prendre quelques nouvelles de Scott McCloud officiant désormais sous le nom de Paramount Styles. Vite, j’ai trop besoin de quelques bières pour éteindre le feu d’une semaine invariablement pourrie et gâchée. J’ai aussi besoin d’un vrai bon concert.























Hyancinth Days joue en premier. Ce groupe-à-lui-tout-seul avait été l’excellente surprise du concert d’Electric Electric en octobre dernier, au même endroit. Ce soir il va largement confirmer tout le bien que l’on peut penser de sa musique, malgré un stress évident et visible de son côté – une tisane le soir avant de se coucher et on n’en parle plus mon garçon, c’est une méthode appliquée et approuvée par Blackthread, autre one man band local de talent (d’ailleurs le groupe unipersonnel tend vraiment à être une spécialité lyonnaise et si vous ajoutez Sheik Anorak vous obtenez la triplette infernale de cette espèce en voie de surpopulation). Mais je m’égare, une fois de plus.
Donc, pour en revenir à Hyancinth Days dont le set a été rigoureusement le même que celui de la fois précédente, j’ai continué à me demander pourquoi – en dehors de l’intérêt mélodique évident, du cheapos des rythmes et des acrobaties sur quatre cordes – pourquoi donc la musique de ce garçon, qui tient vraiment à pas grand-chose, est aussi plaisante (dans le sens littéral : qui donne du plaisir) et captivante. Je n’ai eu à me creuser trop les sensations pour trouver la réponse, me sentant sourire de toutes mes dents comme un gros niais/hippopotame euphorique : les mélodies tarabiscotées de Hyacinth Days sont résolument lumineuses. Elles rendent serein, joyeux et presque optimiste (oui, même moi) avec un je ne sais quoi de beauté fragile et légère. Maintenant mon garçon, il faudrait vraiment développer un peu plus le chant parce que répéter deux fois de suite les trois même mots uniquement sur le premier titre du concert ce n’est vraiment pas suffisant.


















A l’annonce de ce concert c’est la curiosité – mélangée avec une certaine appréhension – qui prévalait au sujet de Paramount Styles, la nouvelle appellation contrôlée de Scott McCloud n’étant à dire vrai guère passionnante : le premier album du groupe, Failure American Style publié l’année dernière par Cycle records est gentiment mollasson, ne m’a pas laissé un souvenir impérissable et aujourd’hui encore, alors que je le réécoute en boucle (c’est l’inévitable effet de l’enthousiasme post concert), je le trouve toujours bien propret et sage. Propre, la musique de Girls Against Boys l’était aussi d’une certaine façon, production léchée de partout et tout ça, mais elle était surtout sacrément tubesque et dynamique donc irrésistible. Au moins Scott McCloud n’a pas eu l’ambition ni la prétention de reprendre les recettes de Girls Against Boys à son compte – malgré la présence dans Paramount Styles du batteur Alexis Fleisig – et a opéré un virage à 180 degré en direction d’un pop folk/classic rock (comme on dit au pays des donuts et du beurre de cacahouète) très acoustique et, il faut bien avouer, moyennement accrocheur.
La configuration du groupe qui joue ce soir est donc le très placide Alexis Fleisig à la batterie, un bassiste qui ne sert à rien d’autre qu’à jouer de la basse tellement il a une présence inexistante sur scène (c’est lui Geoff Sanoff, celui qui a aussi produit Failure American Style ?), un guitariste qui ressemble étrangement à Virginie Despentes et Scott McCloud au chant, à la guitare acoustique et au tabouret. Parce que notre homme, pourtant bête de scène avec ce groupe de dandys électriques qu’étaient les Girls Against Boys, s’apprête à jouer tout son set assis comme un vulgaire chanteur de country bovine. Normalement il y a également un violoncelle dans le line-up mais pour une raison que j’ignore cette tournée européenne s’est faite sans, ce qui n’est pas pour me déplaire.


















Et la magie opère dès les premières secondes de la première chanson du concert et ne s’arrêtera jamais. Paramount Styles sur une scène c’est nettement plus électrique que sur disque (l’absence du violoncelle me réjouit alors d’autant plus), les compositions gagnent en pouvoir d’accroche-cœur, deviennent immédiatement évidentes, songwriting fin, subtil et ravageur et surtout la voix de Scott McCloud, son grain inimitable, sa chaleur, font des merveilles – au passage je trouve cette voix merveilleuse nettement en deçà de ses possibilités naturelles sur le premier album du groupe. Ce type, même assis, a conservé toute sa classe naturelle de très grand monsieur.
Passons sur le cas du bassiste qui servirait de râtelier pour son instrument que cela n’y changerait rien : j’admire tour à tour Alexis Flesig derrière sa batterie, au jeu sobre et délicat mais n’hésitant pas à envoyer le bois à l’occasion – beaucoup (trop ?) de titres sont construits de la même façon avec une conclusion identique : un final noisy – et surtout le guitariste aux yeux globuleux et gros buveur de bière qui vous sort un solo tout déconstruit (mais toujours court) aussi bien que des arpèges chouettement décoratifs, je suis collé pile poil en face de lui et en j’en oublierais presque parfois Scott McCloud qui pourtant en impose question charisme.
Il s’avère donc que les nombreux titres inédits que Paramount Styles a joué ce soir sont d’un niveau nettement supérieur à ceux de Failure American Style. Il s’avère également que ce foutu guitariste n’était pas pour rien dans le phénomène de combustion instantanée qui a régné en maître. J’espère donc que le nouvel album (il est déjà enregistré, il va bientôt sortir et Scott McCloud veut revenir en Europe dès l’année prochaine pour en assurer la promotion) saura conserver toutes ces qualités du live, qu’il ne sera pas gâché par une production trop policée et lisse… Ah oui, je n’ai pas su résister, j’ai fini par acheter au groupe son premier disque, faute de mieux et finalement... en boucle donc.

mardi 1 novembre 2011

Report : Torticoli, The Kurws et Berline 0.33 au Sonic






A peine remis du concert donné la veille à l’Epicerie Moderne par The Good Damn, direction le Sonic pour une nouvelle soirée placée sous le signe du partage, de l’amitié et de la bonne humeur, une soirée estampillé Grrrnd Zero en ballotage défavorable* et surtout dotée d’une programmation mirlitonnée par Maquillage Et Crustacés & Associée. Au menu : gratins végétariens psychédéliques, Torticoli en version trio, des Kurws polonais,  des Berline 0.33 lillois, de la bière, du Jack Daniel’s et une pluie qui ne cessera pas de tomber pendant une bonne partie de la soirée.
Une pluie qui n’a pas empêché près de 70 personnes de faire le déplacement jusqu’au Sonic. Ces derniers temps, suite aux tracas politico-administratifs de Grrrnd Zero, on ne peut que constater qu’il y a à nouveau des problèmes de programmation sur Lyon – certains ne se remettent toujours pas cet automne de l’absence des concerts de Woman, Enablers ou Chevreuil Sakit (faîtes votre choix, sachez aussi qu’il y a eu beaucoup d’autres abonnés absents…) – mais le public local a tout de même pu se sentir gâté avec les venues d’Aluk Todolo, Pivixki, The Thing, MoHa!, The Good Damn, Poino, Paramount Styles, la Colonie de Vacances, les Melvins, Mike Watt… des concerts pour tous les goûts, même pour les goûts de vieux. Alors tant que le public répond présent pour une affiche réunissant un groupe local (presque) débutant, des polonais anonymes et un groupe de Lille peut-être salué de toutes parts mais dans un tout petit monde, on peut considérer que tout n’est peut être pas totalement perdu pour la ville des lumières.



Bon allez, les Torticoli, c’est environ la cinquième fois que je les vois jouer en moins de six mois et je me demande si je vais un jour en avoir marre. Ce soir le groupe est de retour à sa formule trio puisque le chanteur est malade. Qu’à cela ne tienne, je suis assez content de revoir ces jeunes gens avec cette configuration puisque c’est ainsi que je les avais découverts en mai dernier. Depuis, tout en continuant à jouer des titres instrumentaux free noise bien barrés et francs du collier, Torticoli a intégré dans sa set list des compositions assez différentes, chantées donc, et d’une veine nettement plus hard core et basique. On peut trouver cette façon de procéder assez schizophrène or c’est aussi ce qui plait chez ce groupe, le côté Dr Jekyll et Mister Hyde.
Mais donc retour aux fondamentaux, c'est-à-dire à une musique bouillonnante, furieuse, bruyante mais précise et uniquement instrumentale. L’avantage c’est qu’il n’y a aucun effort à faire pour passer de la face chantée/obscure de Torticoli à la face instrumentale/déglinguée du groupe, pas de jetlag spatio-temporel ni de remise en question de l’idéologie esthétique : le trio a directement rué dans les brancards – l’un d’eux me dira après le concert que pourtant ils ont un peu galéré pour la mise en place et qu’ils se sont cherchés un peu plus que d’habitude – et Torticoli s’est déchainé tout du long.
Maintenant je reconnais les titres joués par le groupe et il y a toujours celui pour lequel le guitariste placé à gauche utilise un bottleneck et qui me fait invariablement son petit effet – un titre qui figure en bonne place en compagnie de quatre autres sur la première démo/CDr que le groupe vient d’enregistrer et de publier et dont on ne manquera pas de reparler ici. A noter également que deux Torticoli jouent dans un autre groupe appelé Oxen Coax, lequel sera en première partie de Nitkowski et Silent Front le 30 novembre prochain, toujours au Sonic.



The Kurws jouent en seconde position. Ce groupe polonais a été rajouté tardivement à l’affiche initiale et c’était à priori plutôt une bonne idée. Mais lorsque le groupe interprète un premier titre – que j’espère parodique – en forme de rock alterno/festif/choucroute et bière à volonté, le sourire bienveillant qui illuminait mon visage éternellement avenant disparait aussitôt. The Kurws c’est (de la gauche vers la droite) un saxophoniste, un guitariste, un batteur, un bassiste et second souffleur (à la clarinette basse). Tous ont plus ou moins donné de la voix sur ce premier titre, avec des airs de gros bêtas qui s’amusent bien, tant mieux pour eux je vous dirais, et c’est pour cette raison que j’ai d’abord cru à une blague.
Une blague qui n’en était pas une : la musique de The Kurws se partage entre dérives free et morceaux beaucoup plus basiques, presque d’un rock’n’roll de mauvais goût et festif et ces cinq jeunes gens ont beau avoir l’air très sympathique et ils ont beau faire preuve d’un certain enthousiasme, cela ne passe absolument pas. Je me retrouve à l’extérieur de la salle au milieu du troisième titre seulement, passerai la fin du concert à tendre l’oreille de temps à autre pour déceler une éventuelle amélioration et lorsque dans un accès de charité exagérée mais sincère je retournerai à l’intérieur, ce sera pilepoil pour la dernière note sonnant la toute fin du concert – je ne pourrai donc jamais vérifier si ma première impression en forme de détestation de The Kurws aurait pu être confirmée ou infirmée par un second examen de passage. Tant pis.




Les stars de la soirée c’est donc Berline 0.33, groupe que l’on avait pu découvrir avec un très bon premier EP Flying Above Scarecrows et Planned Obsolescence, un premier album à presque se rouler par terre. En concert les lillois n’ont vraiment pas déçu, piochant dans leurs deux disques – rhâââ pouvoir enfin entendre Hoopladder sur scène – et jouant une petite pincée d’inédits du même niveau. S’il fallait qualifier le groupe de post punk se serait très certainement à cause de cette basse écrasante et presque lead qui mène la danse. De l’autre côté de la scène le guitariste a toute latitude pour jouer à l’équilibriste avec un air froid et distancié qui vous foutrait les jetons si on n’était pas à un concert à regarder un groupe s’agiter sur une scène.
Berline 0.33 est donc aussi bon dans la vraie vie que sur disque, boosté par un batteur vraiment épatant et insufflant une dynamique froide et dangereusement attractive – bien que la musique soit différente on pense certainement plus d’une fois à A-Frames : même façon de souffler le chaud et le froid, mélange d’implacabilité héritée du post punk et de rage noise rock. Mais l’objet de toutes les attentions c’est souvent cette chanteuse démesurée à l’accent impeccable**, aux intonations décidemment pas très éloignées de celles d’une Lydia Lunch trentenaire et à la prestation visiblement habitée. Elle a vraiment été épatante. Dommage toutefois que le groupe n’ait pas voulu nous gratifier d’un titre supplémentaire alors que tout le public réclamait un rappel.

* j’avais également pensé à « vie et mort d’une utopie musicale communautaire » mais cette formulation un brin hippie du truc me gêne forcément aux entournures et surtout tout n’est pas encore fini
** prononcez [beurline ziro poïnte ceurtisri]

[pour les voyeurs, quelques photos supplémentaires par ici]

lundi 5 septembre 2011

Report : clowneries et joie de vivre au Clacson





C’est la rentrée… et son lot de mauvaises nouvelles. Je ne veux pas parler de la crise financière, de Dominique Strauss-Kahn qui bande encore, des gens qui crèvent de faim, des imbéciles qui nous gouvernent, des autres abrutis qui voudraient prendre la place des imbéciles, non je veux parler de Grrrnd Zero, de ses démêlés technico-politico-territoriaux et de la dédite que le collectif a reçu cet été et l’enjoignant à foutre le camp de ses locaux de Gerland avant le 31 octobre prochain. L’avenir des musiques et des cultures underground à Lyon n’est même plus menacé, il est carrément incertain car Grrrnd Zero ce n’est pas seulement un lieu et des organisations de concert, c’est aussi un endroit abritant beaucoup de locaux de répétitions et de nombreuses associations.
Il n’y a pas beaucoup d’endroits dédiés – même partiellement – aux cultures underground dans cette ville (il y a aussi le Sonic*, la Luttine, Le Cri de l’Encre, quelques squats, peut être certains bars bon esprit, excusez-moi si j’en oublie) et les personnes qui s’occupent de telles activités ainsi que celles qui y goûtent ne demandent pourtant pas grand-chose : elles demandent juste à exister, dignement, sans qu’on les considère comme des crevards n’ayant rien à dire sous prétexte que la rentabilité financière n’est pas leur objectif principal, pas plus que celui de servir au rayonnement soi-disant « culturel » d’une ville qui ne se soucie que d’apparat et d’évènementiel.




Mais nous sommes là pour parler musique. Et de ce concert de rentrée organisé par Grrrnd Zero hors les murs et plus précisément entre ceux du Clacson. A peine arrivé – en avance, à 20 heures pétantes, tel le vieil anxieux que je serai toujours – j’entends que l’on annonce que le concert est virtuellement complet. Il fallait bien penser à réserver et nombreux sont celles et ceux qui se sont cassés les dents à la porte de la salle, essuyant un refus. Et oui, malgré tout, le Clacson, salle méritante s’il en est, est parfois un peu trop petit pour certains concerts mais c’est la seule salle décente (de 350/400 places) qui nous reste sur Lyon et son agglomération puisque le Rail Théâtre (entre 500 et 600 places) est désormais hors d’usage. Cela rappelle étrangement les galères de l’Africantape Festival en avril/mai dernier, non ? Avoir une salle décente de 500 à 700 places et où on peut assister à des concerts pas chers, parce que les associations bénévoles qui les organisent sont aussi pauvres que leur public, semble être un rêve trop doux et complètement impossible à réaliser.
Bref. Seb Radix entame donc la soirée et n’a rien changé à son dispositif rigolo : il joue tout seul de la guitare, du synthé (avec son pied droit), de la charley (avec son pied gauche) et en plus il chante. Il chante des pop songs teintées de folk et d’emo, donc tout ce que je devrais détester mais que j’apprécie chez lui, surtout lorsque Mr Radix aborde des territoires plus intimistes (une histoire de lumière à la fin d’un tunnel ou un truc dans le genre). J’apprécie aussi ses blagues à deux balles, car il ne manque jamais de faire allusion au fait que le concert est déjà complet mais que la salle est encore un peu vide à cette heure, puisqu’il est encore tôt dans la soirée. Mais la chaleur est pourtant déjà étouffante dans la salle et cela ne fera qu’empirer.




La suite du concert c’est Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, un groupe qui a du jouer un paquet de fois dans le coin et que je n’ai jamais vu. Surtout, dans le line-up du groupe on retrouve derrière la batterie Wilf Plum qui est un ancien Dog Faced Hermans**, groupe exceptionnel et un immense souvenir de concert (le Wolnitza, rue Burdeau sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, en 1994) – certains des disques du groupe ont récemment été réédités en vinyle par Red Wig records, le label qui abrite également Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp.
Ce dernier n’est pourtant pas intéressant uniquement à cause de la présence de Wilf Plum dans ses rangs. En effet on dénombre également (de gauche à droite) un tromboniste, une joueuse de marimba, une chanteuse/violoniste/percussionniste, un contrebassiste et un guitariste. Celui-ci joue des plans tout ce qu’il y a de plus exien et si, on considère également que les intonations de voix et les lignes de chant de la chanteuse sont parfois très semblables à celles de Marion Coutts, l’ex chanteuse de Dog Faced Hermans, on pourrait presque s’y croire. Mais Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp c’est bien plus que cela, de part sa richesse instrumentale et donc des genres musicaux abordés, le groupe proposant un mélange de punk épicé contrebalancé par des plans afro beat et ethno-bricolos. C’est joli, c’est parfois poétique, c’est enlevé mais je ne suis guère transcendé par cette fête des sens. OK, je ne suis jamais d’humeur très festive, en ce moment encore moins que d’habitude, et de toute façon j’ai toujours préféré la noise dépressive.




Tête d’affiche, The Ex s’installe sur scène alors que la température est à son comble dans la salle du Clacson remplie comme un œuf. Mais ce soir les choses sont différentes : The Ex effectue une mini tournée en compagnie de Brass Unbound qui comme son nom l’indique est une section de cuivres composée de joueurs issus de la scène des musiques improvisées et du free jazz, et pas des moindres. On retrouve donc Wolter Wierbos au trombone, Roy Paci à la trompette (il a joué sur deux titres du dernier album de The Ex, Catch My Shoe) et surtout d’Ab Baars au ténor ainsi que de Ken Vandermark au ténor lui aussi et au baryton. Mats Gustafsson, présent sur toute la première partie de la tournée The Ex Brass Unbound, a malheureusement quitté celle-ci après le concert de la veille à la Cave 12 de Genève.
Ne tergiversons pas, ce concert de The Ex avec un line-up élargi a été loin de tenir toutes ses promesses. Cela faisait mal au cœur de voir des musiciens aussi doués et géniaux que Baars et Vandermark cantonnés à jouer à la section de cuivre option accompagnement de cirque/fanfare des jeunesses anarchistes/freeture pour tous… quel beau gâchis. Sans compter que les réarrangements des morceaux – beaucoup étaient tirés de Catch My Shoe mais pas seulement – tombaient la plupart du temps à plat et dénaturaient les compositions initiales. Je frémis encore en pensant à ce que j’ai entendu sur 24 Problems et sur l’emblématique voire mythique State Of Shock. Et ce ne sont pas les quelques soli faussement exubérants placés et joués de manière totalement démagogique qui ont pu sauver la mise.




The Ex avec une section de cuivre perd toute l’âpreté et la sécheresse héritées des années (post) punk du groupe : on assistait pour la deuxième fois de la soirée à un pauvre concert festif et, qui plus est, à un concert des plus approximatifs – du punk festif… cette chose improbable et horrifiante***. Seulement il fait bien avouer qu’à ce petit jeu là Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp avait été bien meilleur quelques dizaines de minutes auparavant, ne serait-ce que grâce à la diversité musicale que le groupe proposait.
Et puis il y a aussi Arnold De Boer dont la prestation lors du concert de The Ex en novembre dernier au Fil de Saint Etienne avait été largement convaincante. Le courageux successeur de G.W. Sok au poste de chanteur a au contraire montré toutes ses limites lors de ce concert de The Ex Brass Unbound au Clacson, incapable de donner du corps à son chant maladroit, imprécis, jamais en place et extrêmement limité. Il ne faisait qu’en rajouter, sans doute galvanisé par  les couleurs trop criardes apportées par la section de cuivre. Conclusion : je ne retournerai (peut être) à un concert de The Ex que lorsque le groupe jouera seulement à quatre mais rien n’est moins sûr.
Pourtant le concert a plu, The Ex s’est taillé un franc succès et la plupart des gens du public sont ressortis de la salle avec un franc sourire – je me suis alors senti un peu tout seul avec ma mauvaise humeur proverbiale. Sans compter que j’aurais vraiment souhaité apprécier davantage ce concert de rentrée, en regard de la situation actuelle (et décrite un peu plus haut). Mais il ne sert à rien de se forcer comme il ne sert à rien de mentir et on peut toujours trouver le moyen de s’emmerder, même au sein de son propre petit monde – le bonheur ce sera donc pour une prochaine fois, très bientôt**** je l’espère, ne perdons pas patience.

[des photos en noir en blanc – la honte – prises uniquement en début de concert (pour The Ex), avant que je ne quitte le devant de la scène parce que lassé de tout ce cirque]

* si si, j’insiste : ce n’est pas parce que l’on accueille durant le week-end des soirées dub electro ou des soirées pour pédéguouines branché(e)s, lesquelles soirées permettent de financer une programmation musicale pointue le reste du temps, que l’on est un vendu, voire un petit commerçant mercantile
** pour la (toute) petite histoire, Andy Moor, guitariste de The Ex depuis 1990 (d’abord par intermittence puis à temps complet) était auparavant le guitariste de Dog Faced Hermans
*** arf… certains prétendent bien écouter du happy metal ou de l’intelligent dance music
**** et vu les prévisions des semaines/mois à venir, cela va sûrement être le cas… de mémoire et dans le désordre : BadBody, Melvins, Chokebore, Paramount Styles, Poino, le Gaffer Fest, le Riddim Collision, Ultra Panda, Berline0.33, Silent Front, Oren Ambarchi, Low, Peter Kernel, Cut Hands, Bonny Prince Billy, The Good Damn, Pinback, Tarwater…