Comme tu le sais peut-être déjà, cher lecteur, RETOX est le super-groupe monté par
Justin Pearsons pour pallier au ralentissement d’activité voire à la mise en
sommeil prolongé de The Locust, le projet principal du monsieur depuis environ
une quinzaine d’années. Une sorte de cure de jouvence et un retour aux sources
puisque Retox est avant tout le tenant d’un hardcore survitaminé, décomplexé et
débarrassé de tout artifice inutile : Pearsons n’y fait que chanter et le
line-up de Retox ressemble à n’importe quel line-up de groupe de hardcore de
base (chant/guitare/basse/batterie). Les quatre membres de Retox se sont même
amusés à poser sur le perron d’une maison, imitant une célèbre photo de Minor Threat prise quelque trente années auparavant par Glenn E. Friedman.
Et les comparaisons ne s’arrêtent pas là : YPLL, deuxième enregistrement officiel
de Retox après un Ugly Animals encore
plus lapidaire, enchaine douze compositions en à peine une vingtaine de minutes
– hardcore, toujours. Sauf que nous sommes en 2013 et que les membres de Retox,
tout en bénéficiant de l’accumulation d’un savoir-faire historique, ont à leur
portée toute cette technologie musicale moderne qui aiguise dangereusement les
angles et durcit encore plus leur son, à défaut de leur permettre de ne pas
répéter trop bêtement et trop studieusement le passé. Certains plans de guitare
peuvent faire penser à du Dead Kennedys/East Bay Ray pur jus (le pseudo solo
gorgé de reverb de Mature Science) et
ailleurs on notera tel riff emprunté ou tel break déjà entendu mille fois mais,
globalement, YPLL est bien ce disque
réjouissant et rafraichissant.
Rafraichissant ? Mais oui : même si YPLL est parait-il l’abréviation de
« Years Of Potential Life Lost », un titre qui dénote de ce sens du
sarcasme toujours très présent chez Pearson et même si l’album contient par
ailleurs des titres aussi édifiants que Don’t
Fall In Love With Yourself , The
Art Of Really, Really Sucking ou Biological Process Of Politics,
voilà un disque qui, pour l’auditeur en mal de violence et d’agression
musicales, se place uniquement sur le plan du divertissement. Un disque à
l’énergie savamment ripolinée, où l’abus électricité n’entraine pas de
court-circuit hystérique, où chaque chose est systématiquement à sa place (sauf
le chant mis un peu trop en avant dans le mix) et qui révèle un savoir-faire
certain. Peut-être paradoxalement, YPLL
est un disque vraiment « cool », en ce sens qu’il procure une bonne
petite dose de plaisir stéréotypé et d’adrénaline hormonée. Le disque d’une
jeunesse à laquelle on essaie de se raccrocher, malgré tout. Et ça tombe bien
puisque l’été est enfin arrivé.
[YPLL
est publié en vinyle et CD par Three One G
et Epitaph – la version LP comprend le CD
en bonus]
[cette chronique à lire avec l’air blasé du type
qui a déjà tout vu et tout entendu, vous pouvez également la découvrir dans le
#17 de Noise mag, disponible
depuis quelques jours déjà]