dimanche 4 août 2013

Woman / self titled


C’est en dégustant une fois de plus Sweaty Hands, le deuxième (formidable) album de Degreaser, que cette envie irrépressible de réécouter le premier album de Woman s’est fait ressentir. Impérieusement. La raison d’une telle envie est toute simple bien qu’une chouïa tortueuse : le bassiste de Degreaser s’appelle désormais Kristian Brenchley, lequel est également guitariste – et un peu chanteur – chez Woman. Et qu’il ne joue pas sur Sweaty Hands n’est pas bien grave puisqu’il jouera finalement sur le troisième album de Degreaser.
Mais revenons-en à WOMAN*. Et au premier album du groupe, publié en 2009 par Bang! records. Ce n’est pas sans un certain sentiment de dépit que je me suis aperçu que ce disque, ô combien essentiel à tout amateur de – on peut choisir mais quand on est tout cela à la fois c’est encore plus simple – de noise-rock, de swamp rock, de blues punk et d’une manière générale de toutes ces saloperies qui pullulaient dans les 90’s et qui reviennent de plus en plus à la surface de nos jours, bref, donc, c’est avec effroi que je me suis aperçu que le premier album de Woman n’avait jamais été chroniqué dans les colonnes de 666rpm**. Est-ce que par hasard j’aurais effacé la chronique par erreur ou même par esprit révisionniste ? Non. Est-ce que cette même chronique aurait disparu en compagnie de quelques milliers d’autres fichiers lors d’un éventuel crash de disque dur avant d’avoir pu être postée sur internet ? Non plus.
Je n’ai absolument aucune excuse de n’avoir jamais parlé de ce disque essentiel. Alors voilà, c’est l’été, la bière est tiède et il n’est jamais trop tard, les chroniques des « nouveautés » attendront leur tour*** et, puisque presque quatre années plus tard ce disque me fait toujours autant d’effet, parlons-en, ne serait-ce qu’un peu.





Ces types ont beau être basés à New-York (du côté de Brooklyn), ils n’en sont pas moins australiens dans l’âme et même de sang puisque Brenchley est réellement un émigré en provenance du pays des kangourous et des groupes de hard rock qui jouent du boogie déguisés en tenue d’écolier de douze ans. Et quoi qu’il en soit il y a beaucoup de musique australienne cher Woman. De ce rock sale, puant, suant, collant et méchant. Un petit côté Scientists**** par exemple mais pas que. La seule influence supposée que je n’arrive pas à dégotter chez Woman c’est Birthday Party et tous les trucs à la Rowland S. Howard/Nick Cave*****. Mais si vous aimez tendrement Killdozer (originaires eux du Wisconsin/US) et surtout les Lubricated Goat (ces derniers sont par contre tout ce qu'il y a de plus australien), c’est-à-dire les tenants d’un noise-rock aussi dégueu que braillard et sexuellement transmissible et bien Woman est fait pour vous.
Tout ici remugle l’eau de vie frelatée et l’odeur de tabac froid, je ne dis pas ça que pour le chant réellement spectaculaire de Brett W. Schultz qui doit consciencieusement se racler les cordes vocales à la laine de verre calibre 35 depuis l’âge de quatre ans mais ce simple constat concerne tout le groupe et l’intégralité de ce premier album. Et puis, tiens, en parlant de gnôle et de tabagisme actif, quand j’écoute mon titre préféré du disque, Goal Inside My Heart, je me dis qu’il y a également du Beasts Of Bourbon chez Woman (et les Beasts Of Bourbon sont encore un groupe australien). Dernières traces de sperme décelées chez Woman : un peu de Stooges comme sur le titre Fall Into The Fall. Et puis il y a aussi cette façon de triturer les guitares, de les pourrir au bruit blanc et on verra là sans doute l’influence du lieu de résidence de Woman (Brooklyn rappelons-le) d’autant plus que c’est Martin Bisi qui s’est occupé de l’enregistrement de ce disque. Un grand bon petit disque, rappelons-le encore une fois.

Cette chronique extrêmement tardive a-t-elle une quelconque utilité ? J’ose espérer que oui. D’abord parce que depuis le temps (2009), j’étais tout bonnement persuadé que Woman avait splitté (une information que j’avais peut-être dégottée sur ce webzine ventripotent expatrié en Californie) ; ensuite pour celles et ceux qui connaissaient déjà Woman et qui ont déjà ce disque, peut-être auront-ils/elles envie de le réécouter à  nouveau ; et puis pour tous les autres, qui ne connaissaient pas ce groupe, sachez qu’il est encore temps : Bang! Records – label basé au pays basque espagnol – en a encore quelques caisses à revendre. Et surtout ce même label annonce également la parution du deuxième album de Woman pour au plus tard la fin de l’année 2013… Je ne tiens déjà plus en place******.

* tu veux vraiment un lien internet ? et bien en voilà deux : un qui ne sert plus beaucoup de nos jours myspace.com/womannyc ; un autre qui jour ne servira plus beaucoup non plus facebook.com/WOMANNYC
** moi aussi je récupère mes infos et mes idées de chroniques chez Perte & Fracas, qu’est-ce-que vous croyez ?
*** j’ai quand même une sacré pile de disques promotionnels de merde qui s’accumulent depuis quelques temps… heureusement la poubelle n’est pas très éloignée
**** au passage signalons que Bang! records a également réédité l’album Rubber Never Sleeps, un double album live que le groupe de Kim Salmon avait publié en cassette et en 1985 chez Au Go-Go
***** par contre quand on regarde la photo à l’intérieur de la pochette gatefold de ce disque, on tombe nez à nez avec quatre types tout de noir vêtus, hirsutes et d’apparence bien chargés, des petits frères de Birthday Party, précisément
****** je m’engage solennellement ici à chroniquer le prochain album de Woman avant le 31 décembre 2014 (quoique... )