vendredi 9 août 2013

Witxes / A Fabric of Beliefs


Reparlons un peu de (((WITXES))). Il est assez stupéfiant de constater que pour son deuxième album intitulé A Fabric of Beliefs, ce one-man-band basé à Lyon a bénéficié de l’aide et de l’expérience d’une maison de disques aussi prestigieuse que Denovali*. Ce n’est pas qu’ici on soit hyper fanatique de ce label arty-dark un peu prétentieux mais on reconnait volontiers que Denovali a su se forger une réelle identité et fait presque toujours preuve d’une cohérence certaine dans ses choix de productions. Résultat, le catalogue de Denovali est l’un des plus prestigieux en matière de musiques sombres, expérimentales mais aussi metal/hardcore tendance le cœur en bandoulière**.
Mais si Maxime Vavasseur/Witxes se retrouve sur Denovali, ce n’est pas non plus tout à fait le fruit du hasard : Sorcery / Geography, son premier album publié en 2012, était et reste encore aujourd’hui une réussite indéniable. Un disque qui a tapé dans l’oreille et ému énormément d’amoureux des musiques à la fois sensibles et exigeantes. Il parait donc presque normal que Witxes ait parcouru autant de chemin en si peu de temps.




On avait eu une approche très sensorielle et émotionnelle de Sorcery / Geography et il en sera exactement de même pour A Fabric of Beliefs, à quelques détails près. Car on reconnait sans hésitation que ce nouvel album va beaucoup plus loin que son prédécesseur sans toutefois dévier des principales lignes conductrices de celui-ci. Les effets générés par A Fabric of Beliefs s’en retrouvent donc démultipliés : aux mêmes causes les mêmes effets, la logique est respectée.
A Fabric of Beliefs est juste plus ambitieux, explore de nouvelles idées qui ne dénaturent pas la richesse et l’identité du projet Witxes mais au contraire mettent toujours plus en avant sa singularité. La seule chose qu’A Fabric of Beliefs a peut-être un peu perdue par rapport à Sorcery / Geography est une certaine spontanéité. Le langage du corps. Mais ce nouvel album compense largement par la sophistication poussée de ses ambiances, la richesse à la fois très construite et organique de ses compositions, les lumières qu’il laisse échapper et une tenue générale toujours plus cosmographique. A Fabric of Beliefs définit un univers propre à base d’éléments très divers, un univers au sens réel c’est-à-dire avec toute la dialectique chaos organisationnel/organisation du chaos que cela suppose.
Aussi on pardonnera à Maxime/Witxes ces quelques redites comme celle consistant à nous refaire le coup du chant à la (presque) fin de qu’A Fabric of Beliefs : le bien nommé The Words est une chanson superbement magique, toute en émotion. Une chanson qui fait un peu regretter que Wixtes ne se lance pas dans un album entier de folk songs sublimées par un chant aux confins de l’irréel mais peut-être en aura-t-il un jour envie. Ces quelques remarques sont bien évidemment purement secondaires et ne doivent surtout pas éclipser le fait que qu’A Fabric of Beliefs s’impose d’ores et déjà comme l’un des disques les plus beaux et les plus forts de cette année.

* Denovali ne s’est pas contenté de publier A Fabric of Beliefs puisque le label a également réédité en vinyle et CD le premier album de Witxes, Sorcery / Geography ; à noter que la version vinyle d’A Fabric of Beliefs se présente sous la forme d’un double LP : la quatrième face est entièrement occupée par un titre exclusif, Un Tissu De Mensonge qui est une longue improvisation de dix-huit minutes enregistrée en compagnie de quelques invités et dont on peut écouter un court extrait sur la page Soundcloud de Witxes
** parmi les meilleurs groupes ou musiciens publiés par Denovali on citera Thisquietarmy, Aun, Celeste, Crëvecœur, Thomas Köner, Nadja…