lundi 9 janvier 2012

Funk Police / Hot We Are Funk We Play


Funk Police est un titre du troisième album de The Feeling Of Love, Dissolve Me. Funk Police c’est aussi et surtout le nom d’un groupe avec le chanteur/guitariste de ces mêmes Feeling Of Love, Guillaume Marietta – on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Dans Funk Police on trouve aussi un Scorpion Violente et un troisième larron qui aurait joué avec les insurpassables Dust Breeders. Hot We Are Funk We Play est le premier album de ce trio de choc publié par l’excellent label italien Avant! en novembre 2011.



Funk Police et Hot We Are Funk We Play : le nom du groupe comme du disque annoncent clairement la couleur – tout ici dégueule d’un sens du groove assez jouissif, suffisamment élastique pour dodeliner de la tête et suffisamment robotique pour gigoter comme une planche à repasser  – et donc personne ne pourra être trompé sur la nature profonde des dix compositions de cet album. Mais on ose également espérer que les fanatiques de garages sixties ne s’y tromperont pas non plus car, s’ils peuvent se sentir attirés par la filiation entre Funk Police et The Feeling Of Love, ils devront se rendre à l’évidence qu’il n’y a pas tant de points communs que cela entre les deux groupes.
Commençons donc par ce qui pourrait rallier les grincheux et les intégristes à la cause Funk Police. Pas grande chose en fait – hahaha. Mais on n’y perd pas au change, mille fois non. Le son de guitare peut rester grésillant et crade (en bon français on appelle donc ça « garage ») mais globalement et logiquement son phrasé est surtout funky. Les percussions sont omniprésentes, polyrythmiques même (il y a aussi de la boite à rythmes comme sur You Always Win) et la basse drive le tout, souvent de manière très évidente bien que toujours minimaliste (Sugar), des fois de façon fort amusante comme la ligne de basse très onctueuse mais un rien éléphantesque d’Immigrant Pekin Mambo Love Song, l’un des rares titres vraiment lents de Hot We Are Funk We Play et sorte de Public Image Ltd coconuts. Parfois la crasse reprend ses droits ici, Red Blood Black Boots qui ouvre la deuxième face en étant le parfait exemple. Le très court et virulent Why Do I Always Have To Live In The Same Fucking Song est lui entre les deux, se partageant entre rage funky et fureur garage, et représente bien l’hybridation réussie de cet album.
Reste à évoquer le cas du chant, blindé dans sa reverb, plein de morgue et de hauteur, avec une bonne pointe d’arrogance, un peu comme si le préposé au micro avait précisément inventé la méthode pour transformer les paillettes d’or des cols de chemises pelle-à-tarte en rails de coke.
Hot We Are Funk We Play pourra ainsi évoquer chez certains les Contorsions du jeune James Chance (c’était il y a très longtemps et, oui je l’avoue, c’est une référence un peu facile) avec cette façon de dévoyer/pourrir une musique que l’on aime et à laquelle on voudrait rendre hommage en tentant de la jouer avec les moyens du bord – le funk évidemment. Or, bien qu’en empruntant beaucoup, Funk Police s’en éloigne aussi (hormis sur quelques titres très évidents tel Back Inside You) sans pour autant s'en moquer ou déprécier son « modèle ». Disons que l’orthodoxie funky n’est pas ce qui intéresse Funk Police, l’important c’est le résultat, et c’est aussi pour cela que l’on apprécie la réussite de Hot We Are Funk We Play, pour cet amour indéfectible pour la machine à sexe métamorphosée en torrents de crasse et de sueur, un amour transfiguré. Ah oui, un dernier point : il semblerait que Sorry Angel ne soit pas une reprise de cette ignoble chanson de Serge Gainsbourg – on l’a échappé belle.

Hot We Are Funk We Play est en écoute intégrale sur la page Bandcamp de Avant! records. Ce disque n’a été édité qu’en vinyle et à 350 exemplaires seulement…