mercredi 18 janvier 2012

Talk Normal - Thurston Moore / split




Il y a des évidences voire des vérités absolues que l’on ne devrait pas avoir à préciser mais disons-le quand-même : si on s’est intéressé à ce 7’, si on l’a écouté et si on le chronique maintenant ce n’est certainement pas grâce à la présence sur l’une de ses faces de trois titres signés Thurston Moore. On l’aimait bien ce type, on lui est même toujours reconnaissant d’avoir enregistré avec Sonic Youth quelques uns des disques les plus importants des 80’s américaines – de Confusion Is Sex en 1983 à Daydream Nation en 1988 – mais les problèmes ont commencé lorsque le guitariste new-yorkais s’est transformé en ce grand échalas à casquette brandissant sa collection de disques et sa bassiste de femme comme preuve irréfutable de son bon goût, de son savoir-faire et de son autorité sur le petit monde des artistes underground qui dirigent le monde.
La face de ce split single estampillée Thurston Moore c’est ainsi du remplissage avec trois « titres » heureusement très courts et objectivement enregistrés par le monsieur à temps perdu, directement au lever tout en se grattant les couilles ou peut être entre deux siestes digestives. Le résultat est tellement consternant que l’on admire la bienveillance et le courage de Fast Wepons qui a publié une telle merde à 500 exemplaires. Mais il faut croire que cela s’est révélé payant : le label annonce que le disque est sold-out. Pourvu que personne n’ait un jour l’idée de se lancer dans une seconde édition de cette chose abominable – en cette période de crise, inutile de gaspiller le plastic.
Car ce n’est pas avec la face Talk Normal que cela s’arrange vraiment. Les amoureux de l’excellent album Sugarland seront déçus. Ceux qui découvriront Talk Normal avec l’écoute de ce Dime Gold risquent bien de plus jamais s’intéresser au duo à l’avenir. Le titre en question n’est pas mauvais mais il déçoit avec ses nappes bruitistes vaporeuses, son absence de rythmes et sa voix narrative enregistrée au travers d’un hygiaphone des PTT. Si Dime Gold avait été collé sur un LP entre deux brûlots post no wave dont Talk Normal a le secret, on y aurait sûrement vu que du feu. Là, on trouve ça forcément léger par rapport au potentiel du groupe.