samedi 28 janvier 2012

Robert Lippok / Redsuperstructure





Pour faire vraiment très simple et pour situer un peu Robert Lippok, on pourrait dire qu’il est le frère de Ronald (qui chante et joue dans Tarwater) et qu’on les retrouve tous les deux au sein de To Rococo Rot, célèbre trio berlinois issu du renouveau simili kraut allemand des années 90. Tous supports confondus, Redsuperstructure est le quatrième disque que Rober Lippok publie uniquement sous son propre nom. Une publication sur le label Raster-Noton, ce qui constitue en quelque sorte des retrouvailles puisque Robert Lippok y avait fait paraitre en 2001 un magnifique Open Close Open, un disque encore dans toutes les mémoires des amateurs de musique électronique et ambient.
Il n’en demeure pas moins que Redsuperstructure tranche quelque peu avec l’austérité du catalogue du label tenu par Carsten Nicolai/Alva Noto. On aura même pu remarquer cette pochette presque aussi bariolée qu’un drapeau jamaïcain. Heureusement qu’un découpage séquentiel à base de losanges est là pour nous rappeler que l’on est bien sur les territoires des musiques électroniques répétitives, abruptes et algorythmées. Ce qui n’est pas forcément le cas de Redsuperstructure, disque principalement axé sur les recherches sonores et d’ambiances et non sur les superpositions/collisions qui aboutissent à un côté robotique et matriciel. Pourtant des rythmes il y en a ici (à partir du deuxième titre Inphase et sur un bon tiers des titres de l’album) mais ils génèrent presque une certaine douceur, en tous les cas une nonchalance, qui donne un côté aéré à l’ensemble. Et l’ensemble ce sont une multitude de sons agencés de manière dynamique mais jamais implacable, des sons qui pétillent, grésillent chaleureusement, pixellisent, dérapent et dissonent parfois (Sugarcubes).
Redsuperstructure est donc placé sous le signe d’une certaine musicalité – on retrouve au quatrième sous-sol quelques aspects de la musique de To Rococo Rot mais fort heureusement on évite presque toute forme de kitsch chère au trio (malgré un Nycycle bien peu glorieux et en deçà de tout le reste) –, une musicalité dont le point culminant est un titre comme Whitesuperstructure, mélange de rythmiques fières et de bulles magnétiques des plus charmantes. « Charmant » c’est même le terme qui revient le plus souvent en tête à l’écoute de l’ensemble de Redsuperstructure… Or il convient d’aller creuser un peu plus loin pour apprécier ce disque à sa juste valeur : la musique de Robert Lippok échappe aisément à la vacuité onaniste dont nombre de musiques électroniques se sont fait une spécialité. La preuve en est ce Daylightastronomy final de presque un quart d’heure et qui justifie presque à lui tout seul que l’on s’intéresse à Redsuperstructure – une sorte de symphonette electro ambient avec flash de retours d’acide sous obédience glitch et roucoulades en apnée. Idéal pour se réveiller mais pas trop et encore mieux pour se rendormir à moitié, bien à l’abri des intempéries.