samedi 2 février 2013

Robert Hampson / Répercussions




S’il y a vraiment un parcours musical atypique, c’est bien celui de ROBERT HAMPSON. Après avoir partiellement réinventé la pop psychédélique et noisy au sein de Loop – influençant ainsi des tonnes de groupes qu’au pire on qualifiera de merdiques et au mieux de shoegaze –, le musicien anglais a sombré pour notre plus grand bonheur dans la musique expérimentale. Si Main – son deuxième groupe – lui a servi de passerelle entre le monde de l’électricité et celui de la composition acousmatique, Robert Hampson vole depuis quelques années de ses propres ailes et publie dorénavant ses pièces sous son propre nom. Répercussions est son deuxième véritable album studio édité en 2012 par les Editions Mego – pour mémoire son tout premier Vectors a été publié en 2009 par Touch records.
On  ne parlera ici que de la version CD et stéréo de Répercussions ; le digipak contient en effet un DVD avec un mixage surround 5.1 mais que l’on n’a jamais pu écouter, faute de matériel adéquat. On y perd peut-être quelque chose – de la profondeur et du volume d’appréciation sur les trois pièces proposées ici – mais on s’en contentera. On s’en contentera parce qu’autant Vectors avait un côté un peu froid et rigide autant Répercussions lui est bien supérieur. Son enregistrement est bien sûr postérieur à celui de Vectors et les progrès de Robert Hampson en tant que compositeur et fin assembleur de sons sont gigantesques.
Les travaux du musicien/compositeur sont presque toujours des commandes – Répercussions a été composé pour le GRM, Groupe de Recherches Musicales, en 2011 ; De La Terre A La Lune a été commissionné par le Planétarium de Poitiers – et ont tous été créés et enregistrés au même endroit, les studios du GRM à la Maison de la Radio à Paris. Et on sent que Hampson a passé beaucoup de temps dans ce laboratoire, travaillant, peaufinant et repoussant les limites de son imagination. Ainsi le travail percussif sur Répercussions est époustouflant d’enchantement et de légèreté multidimensionnelle (même sans le son 5.1) ; les ondes « magnétiques » et les flux sonores de De La Terre A La Lune relèvent d’une magie sans cesse renouvelée et on note également un final céleste basé sur des tintements, une sorte de continuité avec Répercussions. A ce stade du disque on pense que le musicien a réussi à s’extraire des carcans stylistique propre à la musique acousmatique et qui le retenaient encore trop étroitement sur ses précédents enregistrements.
Or la véritable surprise vient avec Antarctica Ends Here (doté d’un titre sans doute volontairement à double sens) : on peut clairement identifier les premiers sons utilisés par Robert Hampson, ce sont des sons qui sont habituellement associés au Pôle Sud et à l’imagerie des grands froids et des déserts de glace (vent, cliquetis – encore – d’un attelage de traineau, etc.) or le musicien y adjoint des cordes (ou des sons en glissé persistant) et quelques notes de piano qui donnent un côté extrêmement poignant voire nostalgique à l’ensemble – du coup on penche définitivement pour que la traduction d’Antarctica Ends Here signifie en réalité quelque chose comme « c’est la fin de l’Antarctique » ou « s’en est finit de l’Antarctique ». On entend trop peu souvent des compositions réussissant le mariage de sons collectés – et identifiables – avec des sons composés et/ou interprétés. Sans doute le passé d’instrumentiste de Robert Hampson lui permet-il de joindre sans artificialité ces deux techniques/points de vue. Antarctica Ends Here semblera sans doute un peu simpliste aux ayatollahs de la musique concrète et acousmatique mais il s’agit sans nul doute d’un moment de grâce dont la brièveté (moins de dix minutes) renforce encore le caractère surnaturel et émotionnel.