mardi 19 février 2013

Nick Cave & The Bad Seeds / Push The Sky Away





Cela ne sert à rien de s’acharner… Peut-être que cette chronique de Push The Sky Away, quinzième album studio officiel de NICK CAVE & THE BAD SEEDS va rapidement s’avérer inutile et sans surprise – en résumé : cet album est terriblement mauvais – mais surtout cette chronique a pour sujet de préoccupation un album qui lui-même n’en est pas moins inutile et sans surprise. On a pourtant voulu l’écouter, s’acharner donc, parce que Nick Cave faisait partie de ces gens importants musicalement et nous a accompagnés pendant de nombreuses années.
Successeur de l’affreux Dig !!! Lazarus, Dig !!!, Push The Sky Away est un énième album de ballades d’un chanteur qui aime raconter des histoires dont on se fout complètement – exemple avec  Jubilee Street : « On Jubilee street there was a girl named Bee/She had a history, but no past/When they shut her down the Russians moved in/Now I am too scared to even walk on past […] ». On pourrait peut-être apprécier le style que Nick Cave défend désormais depuis de nombreuses années (et on l’a fait : l’album The Boatman’s Call en 1997 est dans le genre un album réussi des Bad Seeds) mais sur Push The Sky Away on constate deux choses ; d’une manière générale le songwriting de Nick Cave est ici d’une pauvreté absolue et encore jamais atteinte, voire indigente : faiblesse des lignes de chant, mélodies à la petite semaine, couleurs insipides et redites d’anciens morceaux à profusion ; deuxièmement les arrangements de Warren Ellis (aux manettes depuis le départ de Mick Harvey) sont tout simplement impossibles : de la flûte sur un We No Who U R à mourir de rire, du violon à pleurer de partout, des chœurs comme s’il en pleuvait et tout un assortiment de coquetteries définitivement ridicules.
Que Nick Cave se soit accoquiné avec Warren Ellis – piètre arrangeur s’il en est et également leader des hippies de Dirty Three – est même le principal problème du crooner australien (on se souvient des deux albums calamiteux de Grinderman, sorte de faux groupe bruyant n’arrivant à effrayer que les petits garçons ; n’oublions pas non plus les trop nombreuses bandes originales de film sans aucun intérêt) et on ne peut même pas reprocher à  Cave de capitaliser sur son passé, passé mythique pour les uns ou dangereusement éprouvant pour les autres, puisque son passé n’existe apparemment plus pour lui. La seule explication aux louanges habituelles rencontrées par Nick Cave en général et par Push The Sky Away en particulier s’explique sûrement par le fait que le chanteur vieillit en même temps que son public (et inversement : on appelle ça le syndrome Télérama/Inrockuptibles).
Au milieu de cet étalage de musique de vieux pépère on trouve néanmoins un Water’s Edge (mais complètement foutu en l’air par un final ridicule) et un Higgs Boson Blues qui illuminent presque Push The Sky Away d’une lueur plus vivace et d’une tension qui fait défaut à tout le reste de l’album. C’est bien peu. Rendez-vous est pris pour dans trois ou quatre ans pour parler du seizième album de Nick Cave & The Bad Seeds parce que l’espoir fait vivre ; mais rien ne saura remplacer les quatre premiers albums des Bad Seeds (From Her To Eternity, The Firstborn Is Dead, Kicking Against The Pricks et Your Funeral… My Trial) et certains des albums suivant immédiatement après (l’acclamé Tender Prey et les inégaux The Good Son et Henry’s Dream).

[pour Push The Sky Away Nick Cave a semble-t-il quitté Mute. L’album a été publié par Bad Seeds Ltd et existe en quatre versions différentes : coffret, version deluxe, version simple et version vinyle LP + 7’]