mardi 26 février 2013

Report : Les Comptes De Korsakoff et Lunatic Toys au Toï Toï - 22/02/2013




Braver le froid, le vent, la nuit, bref braver l’hiver et la flemme pour atterrir au Toï Toï, un endroit un peu paumé dans Villeurbanne et où je n’ai encore jamais mis les pieds alors qu’il n’est pourtant pas très éloigné des beaux quartiers fréquentables et du QG de 666rpm. Bonnes surprises : il y a des emplacements réservés pour garer les vélos et la terrasse devant le Toï Toï doit vraiment être agréable lorsqu’il ne fait pas -10°.
Mais pour le moment, ce n’est juste pas possible de rester dehors pour siroter une triple vodka et je me dépêche d’entrer dans un lieu que j’imagine en temps normal infesté d’étudiants – le campus de La Doua est juste à côté – mais là c’est les vacances. Ça ne se précipite pas au portillon et j’ai le temps en regardant l’affichage du lieu de constater qu’ici on fait également restaurant, des soirées, des ateliers de théâtre ou de danse et, donc, des concerts.




Oui, des concerts : c’est pour revoir une énième fois les Lunatic Toys que je suis venu au Toï Toï. Encore une belle preuve d’amour. La première partie s’appelle LES COMPTES DE KORSAKOFF, un trio composé d’un bassiste/chanteur/compositeur en chef, d’un batteur et d’une violoncelliste. Il n’y a strictement aucune méchanceté dans cette appréciation mais ce concert des Comptes De Korsakoff m’a aidé à comprendre pourquoi Karl – Life In Little Bits, le deuxième album du groupe qui vient juste de paraître, n’a jamais été chroniqué ici alors que le service Chroniques & Etrillage de 666rpm en a pourtant reçu un exemplaire tout beau tout neuf il y a déjà de nombreuses semaines.
Pour faire simple, disons que la musique barrée/alambiqué/tourmentée/etc mais jouée avec trop de sérieux et d’application, je trouve que c’est ennuyeux ; les intentions des Comptes De Kordakoff sont trop visibles, trop facilement identifiables et toute cette visibilité tuerait n’importe quelle bonne idée. Des bonnes idées il y en a pourtant chez le trio – notamment au niveau mélodique, il faut dire que je ne saurais jamais résister à un violoncelle – mais il y en a aussi des mauvaises comme ces abus généralisés de basse (à cinq cordes) slapée beaucoup trop souvent à mon goût.
Je vois bien où le groupe veut en venir, jouer un rock expérimental/barré, un peu prog sur les bords et avec une exposition mi dadaïste mi dark/tourmentée un peu outrée/théâtralisée mais cela ne fonctionne pas réellement.




Contrairement aux Comptes De Korsakoff qui jouaient repiqués sur la sono du Toï Toï, les LUNATIC TOYS opèrent sans garde-fous : la claviériste joue directement sur ses amplis, le batteur – qui bidouille parfois avec une beat-box et d’autres choses parfaitement inidentifiées – fait de même mais la batterie n’est pas sonorisée, pas plus que le saxophone alto. Le son est pourtant magiquement équilibré, on sent que ces trois là connaissent le genre de configuration et de positionnement qu’ils doivent adopter sur scène pour obtenir leur son à eux, un son unique qui plus est.
A quoi reconnait-on un groupe qui remporte tous les suffrages ? Et bien, avant le concert, j’entendais des conversations entre des personnes du public et s’interrogeant sur l’origine géographique et le style de musique pratiquée par les Lunatic Toys. Pour le genre musical de ces lyonnais, je ne sais pas ou plutôt je ne sais en fait plus vraiment, mais je sais que tout le monde est resté assister au concert du groupe, scotché par tant d’inventivité et de fantaisie ludiques mais jamais maniérées, scié par tant de hargne et de puissance intelligentes, séduit par cet à-propos mélodique et ce son si caractéristiques.
Et même lorsque les Lunatic Toys ont opéré quelques incursions dans les recoins les plus sombres de leur répertoire, c’est tout simplement une autre forme d’instinct magnétique qui nous attirait vers eux. Aimez-les, écoutez leur musique et – toutes proportions gardées parce que ce n’est que mon avis mais je le partage – ce n’est pas pour rien si Briciola, le deuxième album du groupe, a atterri à la fin de l’année dernière dans le dernier carré du Top Of The Dope 2012 de 666rpm.

[quelques photos du concert]