vendredi 22 février 2013

Report : Forza Pschitt, Berline 0.33 et Drive With A Dead Girl à la Triperie - 16/02/2013




Le lendemain de la release party d’Agathe Max je me traine jusqu’à la Triperie, en plein milieu des pentes de la Croix-Rousse, pour assister au concert semestriel de Berline 0.33. C’est beau la fidélité. Et tant pis pour le concert de Hoax/Veuve SS à Grrrnd Zero qui me faisait bien envie également. Avoir le choix est un luxe qu’il ne faut absolument pas regretter même si des fois choisir est déchirant : dans le même genre d’idée, le 15 mars prochain, le petit noiseux moyen pourra soit assister à un concert de Staer et Neige Morte (toujours à Grrrnd Zero) soit assister à celui de Pord, Poutre et Grand Plateau (également à la Triperie). Quand on vous dit que la vie est dure…
… Mais pour être honnête le nom qui m’attire le plus sur l’affiche de ce samedi soir et qui donc me fait rater le concert au Grrrnd est celui de Drive With A Dead Girl, groupe consanguin avec Berline 0.33 et surtout groupe mystérieux à plus d’un titre. Mais on ne va pas brûler les étapes et vous dire tout de suite et maintenant toute la vérité sur Drive With A Dead Girl.




Pour commencer il faut se taper la première partie du jour, FORZA PSCHITT, un duo dont le nom ridicule cache en réalité l’association d’un guitariste et d’un batteur de Torticoli (encore un de ces noms…). Certains craignaient d’assister à un concert de Torticoli minus one mais il n’en est rien : le seul point commun que l’on peut trouver entre Forza Pschitt et son désormais illustre ascendant c’est cette façon d’occuper tout l’espace sonore, de ne laisser aucune chance au silence et de pratiquer le gros bouillon permanent.
Mais alors que Torticoli a un côté crade et granuleux, Forza Pschitt donne dans le ripoliné et le sophistiqué, le racé et la sveltesse, le math-rock (dira-t-on) et l’étalage mélodique. Vous ne voyez pas la différence ? Laissez-moi vous l’expliquer encore une fois : Torticoli bourrine et se vautre dans la boue et les vapeurs d’alcool alors que Forza Pschitt pédale sec à contre-courant et la tête en bas pour mieux regarder les étoiles scintiller dans le ciel – les mélodies sont quand même (un peu) beaucoup tordues.
Forza Pschitt c’est donc à la fois une bonne surprise et une bonne nouvelle, un nouveau groupe bien crousti-fondant à se mettre sous la dent. A suivre, donc…




Les BERLINE 0.33 jouent en deuxième position et on est légèrement inquiets : la moitié du groupe carbure aux anti-inflammatoires et autres antalgiques parce que le bassiste souffre d’un lumbago et que le batteur s’est pété un genou en voulant jouer au héro sportif. Berline 0.33 sans sa section rythmique de feu qui assure, est-ce que vous y croyez, vous ? Et bien oui, il fallait y croire.
Interprétant les mêmes bonnes vieilles compositions et les mêmes quelques nouveaux morceaux que d’habitude – ben oui c’est ça de rejouer trop souvent au même endroit – Berline 0.33 est une sorte de machine post punk/noise intraitable et über efficace menée par une goule en furie au chant et un guitariste en t-shirt léopard albinos dont la discrétion apparente ne met que trop bien en valeur son jeu cisaillé et chirurgical.
Quant au couple d’estropiés basse/batterie et bien on n’a pas vraiment vu la différence… Berline 0.33 est vraiment un groupe taillé pour les concerts, donc rendez-vous pour dans environ six mois, au même endroit si vous voulez, pour la même chose (et le même chargement de bières artisanales, ça serait bien aussi).




Il fait bien chaud dans la Triperie et DRIVE WITH A DEAD GIRL s’installe enfin. Les trois garçons sont sur la scène ; la chanteuse est sur le côté et leur fait face, elle tourne presque complètement le dos au public. A l’image de ses disques, pour rappel le dernier en date s’intitule Hotel California’s, Drive With A Dead Girl ne joue pas la facilité une fois lancé sur scène. La volonté flagrante de rendre les choses ardues tout en vous forçant à les admettre, malgré tout.
Le concert démarre par une séance de barouf en bonne et due forme et le mélange entre cold wave squelettique et rock noisy – tendance Sonic Youth des tout débuts – de Drive With A Dead Girl est très étonnant : la musique du groupe peut être violente mais elle n’est jamais frontale ; elle laisse même la place à une sorte de flottement qui lui donne un net caractère d’irréalité et d’ailleurs le public, sans doute un rien festif en ce samedi soir, ne croit pas s’y tromper puisqu’il déserte sans aucune honte ni discernement aucun la salle au fur et à mesure que le concert se déroule.
Mais bien évidemment le public à tort, Saturday Night Fever mon cul, sauf évidemment si on voulait absolument voir un autre groupe bétonné et au lyrisme un peu dark et incandescent, comme Berline 0.33, tiens. Or Drive With A Dead Girl c’est un peu tout l’inverse, une faculté assez incroyable à faire cohabiter ensemble malaise et beauté, sécheresse et brouillard, froideur et crépitement. Un concert qui ravit les quelques survivants, bien chanceux d’assister à un moment rare et d’une poésie glaciale et mélancolique mais dans le bon sens du terme c'est-à-dire ni lugubre ni complaisante. Merci (et, comme d’habitude, la vérité ça n’existe pas…).




C’est fini ? Non pas tout à fait : le bassiste de Berline 0.33 revient sur scène, le guitariste de ces mêmes Berline 0.33 passe derrière la batterie et les deux guitaristes de Drive With A Dead Girl restent en place. Au micro c’est le retour de la chanteuse des Berline et tout ce petit monde de nous interpréter en guise de bonus track une formidable version de I Dream I Dreamed de Sonic Youth… une sorte de confirmation de ce que l’on disait un peu plus haut mais aussi un beau cadeau (encore).

[les photos du concert c’est par ici]