vendredi 30 juillet 2010

Lunatic Toys / Tô





















Le voilà enfin ce premier album des Lunatic Toys, trio lyonnais découvert complètement par hasard et au détour d’un concert dont le groupe assurait la première partie. Je vous refais rapidement le descriptif de ces trois là et de leur musique : à droite un saxophoniste (alto) très fort pour vous distiller un thème, vous trousser une mélodie tout comme pour partir dans de chouettes dérapages incontrôlés sans pédaler inutilement dans la freeture ; au centre un batteur dynamique qui n’a pas peur de jouer comme un vulgaire batteur de rock, bien carré et puissant, et d’enchaîner avec des mesures toutes bizarres qui donnent la chair de poule aux jazzeux (avec ou sans lunettes) ; à gauche une claviériste – oui le nom est moche mais cela veut dire qu’elle joue d’un vieux Rhodes, souvent pour assurer des rythmiques mais pas que et qu’elle joue également d’un autre synthé, plus petit, servant régulièrement de trublion. La musique des Lunatic Toys ? Disons qu’elle doit autant au jazz qu’à la pop (pour le savoir-faire mélodique imparable) et qu’au punk/rock grâce à un sens de l’énergie jamais démenti et formidablement communicatif.
Il y a une certaine noblesse dans la musique du trio mais cette noblesse n’est jamais prétentieuse et suffisante. Au contraire les Lunatic Toys mettent l’accent sur la fraicheur, le côté ludique, primesautier, extraverti, dynamique mais jamais démonstratif et hautement harmonique de compositions résolument ancrées dans la modernité de ce que faute de mieux on appellera du jazz. Mais du jazz comme ça j’en veux tous les jours. Moderne et jamais sclérosé. Facétieux et imaginatif. Du jazz d’aujourd’hui.
Les compositions les plus guillerettes – souvent le fait du saxophoniste – sont donc celles qui attirent l’attention en premier : Entre Nous, Radio Edith et dans une moindre mesure (tout aussi vif mais plus sec) virevoltent, papillonnent, pulsent et vous entraînent sur le terrain glissant d’une musique joyeuse et extravertie sans tomber dans les affres du festif bon marché. Là où les Lunatic Toys remportent définitivement l’adhésion ce sont sur des compositions plus longues, plus lentes, plus nuancées, plus mouvantes et sur lesquelles le groupe parvient plus que tout à imposer des ambiances parfois plus calmes, mais aussi et surtout plus sombres et alambiquées. Ainsi le très doux Arbre A Papillons (composé par le batteur) offre au saxophone une magnifique partition, le triste et presque inquiétant L’Occupant (encore une composition du saxophoniste) flirte avec un certain lyrisme emprunt de mélancolie pour s’achever sur une note presque dramatique et surtout le très beau Que Me Chantait Ma Lavande (de la part de la claviériste) recèle une richesse, une complexité et une densité qui propulse Les Lunatic Toys dans la stratosphère, laquelle se révèle superbement élégiaque (la deuxième partie et fin du titre).
a été publié par le Grolektif, kolkhoze lyonnais autogéré de musiciens pleins de ressources et également label. Vous pouvez écouter ce disque dans son intégralité ici et même en profiter pour en faire l’acquisition (en format CD de préférence – c’est un joli digipak – ou en format digital mais qui peut bien payer pour obtenir des mp3 limités et réducteurs ?).