mardi 6 juillet 2010

Scorn / Refuse; Start Fires























Il y a deux grandes et bonnes nouvelles concernant Refuse; Start Fires, quatorzième album enregistré par Mick Harris sous le nom de SCORN. La première c’est tout simplement que cet album existe bel et bien, que son prédécesseur, Stealth, publié en octobre 2007 après cinq longues années d’un silence discographique interminable, n’était pas qu’un feu de paille éphémère, un album sans lendemain et que Mick Harris a bien réussi à vaincre ses démons intérieurs. La seconde – et plus importante – nouvelle à propos de Refuse; Start Fires est que ce disque est tout simplement excellent. Encore meilleur que son prédécesseur.
Stealth était sorti en France grâce aux bons soins du label lyonnais Jarring Effect via une licence Ohm Resistance. Refuse; Start Fires sort directement sur le label/collectif mondial d’activistes basé à Brooklyn*, un gage de qualité s’il en est, en tous les cas l’assurance s’il en fallait vraiment une d’une absence totale de concessions. Mick Harris délivre avec Refuse; Start Fires son disque le plus sombre, le plus viscéral et le plus violent depuis longtemps, le plus passionnant également, et réintègre au passage dans son univers glacial et mortuaire quelques éléments plus humains qui, loin de réchauffer l’atmosphère, enfoncent le dub industriel de Scorn dans de nouveaux gouffres de noirceur. L’appellation dub n’aura d’ailleurs jamais été aussi méritée par l’entité Scorn : en effet, pour la première fois peut être, il y a vraiment de la Jamaïque dans certains passages de Refuse; Start Fires, sur des titres tels que Amroth ou Hands par exemple, comme une spirale vaudou et maléfique qui vous entraine dans l’hébétude.
Hypnotique et implacable, la musique de Scorn l’était déjà. A la lourdeur des rythmes, aux grondements des basses et aux lacérations des motifs mélodiques s’ajoute quelque chose que Mick Harris avait fini par perdre de vue : la chair et le sang – l’amour est plus froid que la mort mais la haine également. Ce retour de l’humain** est essentiellement du à des parties de batterie jouées par un vrai batteur et réutilisées ensuite par Mick Harris, un procédé que notre homme n’avait pas envisagé depuis bien trop longtemps, depuis en fait ce que beaucoup estiment comme le meilleur album de Scorn c'est-à-dire Evanescence. Sans entrer dans ce débat là, il est certain que la musique de Scorn n’a plus grand-chose à voir avec celle de l’époque Evanescence/Gyral mais il est également certain qu’elle n’avait plus aussi bien sonné que sur Then Woke (un titre avec batteur) directement suivi par le monstrueux Take Someone’s Eye Out (sans batteur). Avec Boot It c’est le festival des horreurs qui continue – ces sons ressemblant à des plaintes fantomatiques perdues dans le vent sont vraiment incroyables – et la machine à broyer les âmes et les cœurs atteint son paroxysme sur Bear Felt Nowt, le titre le plus électronique de Refuse; Start Fires avec son gimmick de scie circulaire hoqueteuse. Avec cet album Mick Harris a définitivement retrouvé la place qu’il n’aurait jamais du quitter, la place d’un grand maître de la musique électronique, tout simplement.

* on reparlera certainement très bientôt de Ohm Resistance avec l’album de The Blood Of Heroes
** et ce n’est surement pas un hasard si l’illustration de la pochette en représente justement un, d’humain