vendredi 2 juillet 2010

Darkthrone / Circle The Wagons























Voilà un disque dont je n’avais absolument pas l’intention de parler : Circle The Wagons, de Darkthrone. Ah quoi bon ? Nocturno Culto et Fenriz n’ont de leçons à recevoir de personne – même pas de Lemmy Kilminster – pour apprendre comment auto-entretenir le mythe Darkthrone et comment sortir tous les dix huit mois un nouvel album qui au pire n’apportera rien à ce que ces deux là ont déjà enregistré (Circle The Wagons doit être quelque chose comme leur quatorzième LP) et qui au mieux fera rigoler les buveurs de bières légèrement amateurs de misanthropie et d’obscurantisme forestier. Il ne sert à rien non plus de faire l’historique du groupe, désormais complètement étranger à ses débuts true black metal teinté de provocation nazie et autres détails folkloriques que l’on pourrait résumer par des accointances avec l’Inner Circle et toute les mascarades sordides dont on connait les conséquences (sinon tu peux toujours aller lire Lords Of Chaos de Michael Moynihan et Didrik Soderlind traduit et publié en France par les éditions du Camion Blanc, on a le droit de ne pas être d’accord avec tout ce qui est écrit dans ce bouquin).
Seulement voilà, ne rien attendre d’un disque c’est aussi la meilleure façon de l’appréhender. Circle The Wagons n’est ni plus ni moins qu’un album de punk metal partagé entre d-beat mortuaire et thrash’n’roll : on a beau chercher, il n’y a donc vraiment plus aucune trace musicale de black metal ou même de black’n’roll – appellation bâtarde qui a surtout servi à dénommer le soi-disant renouveau du groupe après des années d’errance et d’affaiblissement. Les parties chantées sont souvent indécemment mauvaises, les riffs sont d’un basique au possible, la batterie linéaire comme un horizon de forêt norvégienne un soir de neige, ça regorge de soli de guitares assez monstrueusement laids et, et… Circle The Wagons est loin d’être un mauvais album. Qu’il sente le réchauffé et la bière tiède c’est un fait, que l’on en ait rien à faire des explications de Fenriz et Nocturno Culto et autres références à des groupes du passé – le livret regorge d’un texte autosuffisant et de notes* à propos des compositions – c’est même certain. Mais Circle The Wagons a aussi et surtout le charme de la cradeur, le charme du metal qui pue, du heavy punk kid merdeux, du métallurgiste immature. En gros tout ce qui peut sauver une musique qui elle ne prétend rien sauver ni personne. Si Circle The Wagons fonctionne également aussi bien, c’est essentiellement du à quelques hits qui tiennent à presque rien, un riff éculé mais carnassier et c’est tout (Those Treasures Will Never Befall You ou Eyes Burst At Dawn). Et tous les titres ont malgré tout quelque chose pour eux, en dehors de la stupidité qui règne ici en maître, un gimmick qui attirera l’oreille ne serait-ce que par son mauvais goût total. A prendre comme un défouloir nihiliste de première catégorie et un bon anti dépresseur.

Côté présentation de la chose, on note, une fois enlevé le fourreau de l’édition limitée, un artwork ridicule signé Dennis Dread : le zombi punk indien qu’il représente est en parfaite adéquation avec le titre du disque – circle the wagons c’est exactement ce que faisaient les indiens lorsqu’ils attaquaient les charriots des pionniers européens envahissant les régions encore inexplorées d’Amérique du nord. A l’intérieur on découvre presque attendri un portrait de Fenriz et Nocturno Culto dessiné par Nagawika, lequel s’est également fendu d’un comic hilarant au sujet des deux musiciens. Au défouloir s’ajoute donc le charme du gadget.

* faire référence à Savage Grace, fallait quand même oser !