dimanche 11 juillet 2010

The Feeling Of Love / School Yeah























Je pensais innocemment que pour assouvir mes plus bas instincts caniculaires et autres velléités estivales inavouables j’allais pouvoir me contenter de OK Judge Revival, petit chef d’œuvre garage pop sixties balancé à la face du monde avec désinvolture et classe par The Feeling Of Love. C’était sans compter sur School Yeah, énième single du trio messin et publié par un label canadien, Sweet Rot records, dans une sorte de frénésie d’enregistrements et de publication de ceux-ci sur des labels éparpillés à travers le monde. Avouez quand même qu’une rondelle de plastique noir de 17 centimètres de diamètre ça fait forcément envie, que l’idée même donne quelques frissons – voilà bien le format idéalement parfait pour ce genre de musique, jukebox baby.
La première face s’ouvre avec le morceau titre, un School Yeah léger et canaille qui représente l’option la plus bontempi de The Feeling Of Love. La mélodie est à tomber, le synthé stridulant et rachitique a un parfum de bonbon acidulé, les guitares sont parfaites, façon noisy sans avoir trop l'air d'y toucher, le rythme est enlevé, le chant légèrement sexy – il n’y a vraiment rien à redire : The Feeling Of Love sait parfaitement composer et interpréter des chansons comme autant de hits imparables et de pépites pétillantes de peps (répète après moi sans postillonner) et School Yeah est l’un des meilleurs tubes jamais enregistré par le groupe. Sur la même face on retrouve un autre tube, Respect Exotic Love, certainement l’une des meilleures – là aussi – compositions de OK Judge Revival, dans une version différente mais pas trop de l’album (vraiment ?). Encore plus délicieusement lubrique et plus synthétique que School Yeah, Respect Exotic Love est peut être aussi la seule chanson au monde qui me donnerait envie de porter des tongs pour manger des tapas tout en buvant un cocktail au litchi en plein mois de juillet au bord d’une piscine.
En face B The Feeling Of Love se paie le luxe de reprendre Là Bas C’est Naturel de Serge Gainsbourg. Un titre de l’album Gainsbourg Percussions du grand Serge, en plein milieu des sixties, bien avant qu’il ne se transforme en incontinent priapique tout juste bon à choquer le bourgeois, sa femme et ses gosses le samedi soir à la télé. Je n’aime pas beaucoup cet album de Gainsbourg et je n’aime pas du tout Là Bas C’est Naturel mais je dois bien avouer que la version qu’en donne The Feeling Of Love est très réussie, le groupe ayant su garder le côté rythmique et minimal de l’original tout en réussissant à lui insuffler l’esprit lo-fi qu’on lui connait maintenant. Une voix féminine s’ajoute au chant principal, c’est une nouvelle fois délicieux, décadent, équivoque et moite. En plus des tongs je veux bien concéder le port d’une chemise à fleur.