lundi 5 juillet 2010

Raymonde Howard / For All The Bruises Black Eyes And Peas























Raymonde, je ne vais pas la rater*. C’est parce que je l’aime beaucoup. Je l’aime trop, et ce malgré ses innombrables défauts : une collectionnite aigue de chaussures**, un goût peu sûr en matière de couleur de collants – au passage je ne félicite absolument pas le garçon qui a réalisé cette pochette de disque et qui a donc eu l’idée de mettre cet orange traumatique comme couleur de fond – et le port de pull jacquard, chose qui devrait également être interdite depuis bien longtemps déjà. Mais en ce qui concerne le reste, tout le reste, je n’ai rien à redire sur Raymonde Howard et son deuxième disque (je crois) intitulé For All The Bruises Black Eyes And Peas et publié par We Are Unique records.
Un disque de pop bricolée à la maison, Raymonde – qui a j’imagine choisi ce pseudonyme parce qu’elle s’est toujours rêvée en apprentie sorcière – s’amusant dans son coin toute seule*** à mettre en boucle quelques lignes de guitares et quelques éclats de voix comme autant de petits cailloux et de brindilles disposés/jetés sur le sol pour dessiner à petits traits des formes légères et éphémères. Avant elle bossait uniquement avec un quatre pistes, une sorte de petite boite avec juste trois boutons mais dont j’ai toujours trouvé l’utilisation aussi obscure que celle d’une gameboy, désormais elle s’est offert une loop station, un autre genre de petite boite avec juste un peu moins de boutons, mais sa musique a su garder intact le charme étriqué et intimiste des chansons composées dans le secret.
Le songwriting est brillant – entre berceuses décharnées (Almost Go Unnoticed, magnifique morceau placé en fin de disque, ou Stay With Me, l’un des plus beau tire-larmes écouté ces derniers temps) et pop songs nerveuses et rêches (The Raincoats Are Here et sa guitare légèrement dissonante, Who’s Got The Girls) mais l’interprétation est aussi à la hauteur. Et ici c’est surtout du timbre de la voix et de la façon de chanter dont on parle, deux choses qui rappelleront forcément quelques accents appartenant à une admirable et célèbre chanteuse anglaise qui a réussi l’exploit de passer entre les mains de Steve Albini, Mick Harvey et Josh Homme**** – les comparaisons sont souvent trop limitatives et défavorables, les références sont trop lourdes à porter mais dans le cas de Raymonde Howard il faut vraiment le prendre pour un compliment, compliment dont elle est absolument à la hauteur. Ecoutez donc ce que cette jeune femme, entre cow girl passionnée et riot girl acerbe, a à vous dire. Vous ne le regretterez pas.

* ou plutôt si : je ne l’ai encore jamais vue en concert… un jour peut être
** comme je ne suis pas spécialement du genre macho-sexiste je ne vais pas dire non plus que ce genre d’occupation est typiquement un truc de fille mais je n’en pense pas moins
*** Raymonde s’est toutefois faite aider sur deux ou trois titres par un batteur à casquette alors que quelques amis sont également venus pousser les chœurs ou taper dans leurs mains ici ou là
**** mais s’il y a bien quelque chose qui me désole c’est ce qu’est devenue PJ Harvey ces dernières années