Les belges de DEUIL ont droit aujourd’hui à la
rubrique « Comme à la radio » de 666rpm pour une seule et unique
raison : si vous allez faire un tour sur la page bandcamp du groupe, vous
vous apercevrez qu’Acceptance/Rebuid n’est disponible qu’en CDr et
en version très limité, un euphémisme signifiant que ce disque n’existe en fait
qu’à cinquante exemplaires.
Qu’importe me direz-vous puisque internet est là, qu’un
player bandcamp est reproductible à volonté sur n’importe quelle page de
n’importe quel webzine ou blogzine et que n’importe qui de par le monde peut
donc écouter la musique de Deuil et la faire partager. Une situation bien
pratique mais guère satisfaisante : tout le monde sait bien que la musique
sur internet n’est que synonyme de consumérisme digne d’un fastfood et qu’un
disque virtuel est un disque qui risque de se faire oublier encore plus vite
alors que la musique de Deuil mérite bien que l’on s’y arrête et que l’on y
retourne régulièrement. Voilà, c’est la crise, c’est la merde, les bons groupes
n’ont même pas les moyens de (faire) publier leur musique décemment
Il y a bien sûr une autre raison qui fait que l’on parle aujourd’hui d’Acceptance/Rebuid : ces deux longs titres sinueux sont tout simplement excellents dans la catégorie post hardcore, doom atmosphérique et post black metal – comprenez par là, si vous n’avez pas encore cliqué sur le lien ci-dessus, que la musique de Deuil est globalement lente et lourde mais également parsemée de quelques accélérations black metal et surtout transfigurée par une mélancolie certaine.
D’ordinaire on est assez peu amateurs des groupes
qui trainent en longueur et en langueur pour mieux exhiber leur petit mal-être
or Deuil est une nouvelle exception qui confirme la règle, sans doute parce que
Acceptance/Rebuid a été enregistré en prise directe, que le son reste
donc cru et brut et que cela confère à Deuil un sentiment de ferveur
authentique et d’exaltation triste et non feinte. En espérant que le groupe ne
s’arrêtera pas en aussi bon chemin, enregistrera d’autres titres de cette
trempe et surtout réussira à trouver un vrai label pour les faire publier.
C’est vraiment tout le mal que l’on souhaite à Deuil…