Des finlandais de THROAT on connaissait déjà la
participation du groupe à la série de splits initiée par Hell Comes Homes (avec
Anal Paranoid Throat peut même se
vanter d’avoir torché le meilleur
titre de toute cette collection d’un niveau pourtant déjà très élevé) ainsi
qu’un autre split publié en 2011 chez Cult Of Nihilow (avec les Fleshpress,
encore des finlandais, comme voisins de pallier). Depuis 2010 Throat a ainsi
publié pas moins de quatre 7’ et un 12’ de quatre titres… Des furieux qui ne
débandent jamais et qui, pour parler un tout petit peu vulgairement, défoncent tout
sur leur passage, ne sont pas là pour enculer que des auditeurs consentants et
provoquent l’orgasme noise à coup sûr.
Le bien nommé Manhole
– avec un clone de Syd Barret dans un rôle de travesti échappé de The Rocky Horror Picture Show sur le
recto de la pochette – fait plus que confirmer tout le bien que l’on pensait
déjà d’un groupe principalement occupé à nous faire peur et à nous écarteler
les chairs coûte que coûte. Et Manhole
est bien le genre de disque que l’on a d’ores et déjà décidé de hisser au rang
des classiques du noise-rock éternel. Pas moins. On précisera à celles et ceux
qui avaient précédemment décidé de complètement s’abandonner face à la furie d’Anal Paranoid que sur leur premier album
les Throat font toutefois preuve d’un petit peu plus de finesse. Mais pas trop
non plus : juste ce qu’il faut en fait pour que les effets de cette
musique soient encore plus dévastateurs.
Le côté lourd et gras à la Unsane est donc toujours là mais il y a quelque chose de plus dans ces deux guitares qui aiguillonnent sans cesse, visent de mieux en mieux dès qu’il s’agit de placer un bon coup de fouet là où ça fait vraiment mal et ne taraudent plus à l’aveugle au travers des cloisons de sombres backrooms mais préfèrent se dresser toujours plus fièrement au grand jour, quitte à se lancer dans des digressions aussi inhabituelles que dévastatrices. Et d’une manière générale l’un des gros
points forts de Throat c’est que toute la base de gras bien épais n’empêche pas
non plus un souci constant de la précision et de la rigueur et que le mélange
des deux débouche inexorablement sur une orgie über noise de premier ordre. L’autre
point fort du groupe c’est – évidemment – sa force de frappe rythmique mais ce
que l’on remarque plus que tout chez Throat c’est le chant : un chant
épais et gras lui aussi, un chant qui bien que braillard reste définitivement
expressif, avec son timbre étrangement rauque et cette façon de broyer les mots
pour ensuite les faire gicler toujours plus loin.
Manhole
s’impose sans discussion possible comme l’un des disques de noise rock de l’année
et, mieux encore, Manhole démontre
une nouvelle fois que l’on peut faire du neuf et du bon avec du vieux et du
déjà connu – Throat rejoint ainsi les Joe 4, Hawks, Buildings et autre Baxter
Stockman aux premiers rangs de la débauche sonique.
Manhole est publié en vinyle uniquement grâce à l’association
de quatre labels partouzards, une sorte d’internationale de la noise et du cul
avec l’écossais At War With False Noise, l’américain Made In Kansas, le finlandais Kaos Kontrol
(c’est même le label de Jukka, chanteur et guitariste de Throat) et le frenchie
Rejuvenation records ; à
l’intérieur de la pochette on trouve un insert sur lequel sont imprimées les
paroles du disque (paroles que je n’ai pas lues), lesquelles sont mélangées
avec des petites annonces du type « Big guy seeks daddy »,
« Hispanic slave wanted » ou (ma préférée) « Leather uniform
master », des annonces que j’ai bien sûr dévorées du début jusqu’à la fin.
Il se murmure également que Throat viendrait envahir le reste de l’Europe en
2014, autant dire que l’on attend cela avec impatience.