Ce 12’ de HEY COLOSSUS a été publié en
octobre 2012 soit quelques mois seulement avant le dernier album en date du
groupe, l’énorme Cuckoo Live Life Like
Cuckoo. Il n’y a que deux titres instrumentauxsur ce disque mais ils sont depuis restés
totalement inédits. Witchfinder General
Hospital b/w The Butcher n’est en
aucun un émissaire de l’album qui a suivi et on peut, malgré son format, le
considérer comme un vrai single de Hey Colossus. D’ailleurs, parlons-en un peu du
format : à l’origine ce disque devait être un 8’ c’est-à-dire un format
assez inhabituel pour ne pas dire étrange correspondant chez les êtres humains
civilisés à 20 centimètres. C’est donc plus petit qu’un 10’ (25 cm) mais plus
grand qu’un single classique (7’ c’est-à-dire 15 cm). On s’en foutrait un peu
de toutes ses considérations de taille – tout le monde sait bien que la taille
ce n’est pas le plus important – si ce n’est que le 8’ initial n’aurait jamais
pu contenir les 16 minutes de Witchfinder
General Hospital ni les 9 minutes de The
Butcher.
Ici Hey Colossus joue donc sur le long terme –
depuis quelques années ces anglais n’ont de toute façon jamais cessé de
rallonger la sauce – mais surtout le groupe joue à fond la carte du kraut rock
hypnotique et aux effets psychédéliques dévastateurs. Hey Colossus, que
certains ont trop souvent bien que pas vraiment toujours à tort comparé aux
Melvins, a éliminé presque complètement tous les éléments noise et metal de sa
musique pour nous pondre avec Witchfinder
General Hospital une longue jam répétitive et évolutive à la fois et donc
passionnante ; quelque chose qui tire du côté de Can mais en beaucoup plus
touffu et plus luxuriant et donc tirant également du côte d’Hawkwind, d’autant
plus que Witchfinder General Hospital
conserve son énorme puissance ascensionnelle sur toute sa longueur. On ressort
de là avec la seule envie d’y retourner : la drogue, c’est trop bon.
The Butcher
joue à peu près sur le même terrain que Witchfinder
General Hospital sauf que ce deuxième titre, plus court mais d’une durée
tout de même plus que conséquente, attaque encore plus directement les
neurones. Cette boucle de synthétiseur bourdonnant au tout début rappellera
peut-être des choses à certain(e)s et elle finit par devenir presque irritante
tant The Butcher met du temps à
démarrer pour de vrai et peut-être même ne démarre-t-il jamais tout à fait, Hey
Colossus prenant bien son temps pour faire monter la pression de manière
intolérable. Il y a décidément quelque chose à part chez certains groupes
anglais – on se rappelle très bien des déviances dub de groupes 90’s tel que
Terminal Cheesecake et God – et Hey Colossus fait partie de cette catégorie là,
celle des groupes hors-normes (!), qui à partir d’une base déjà bien sentie
arrivent à se transcender pour le meilleur. Très loin d’être anecdotique, Witchfinder General Hospital b/w The Butcher est tout simplement l’un des
meilleurs enregistrements de Hey Colossus à ce jour. Il est donc fort dommage
que ce disque n’est été pressé qu’à cent malheureux exemplaires pas le label One C records : vu la qualité de l’ensemble
il aurait mérité une diffusion bien plus large que cela. Mais peut-être
sera-t-il un jour réédité, qui sait…