DEGREASER
c’est principalement le groupe de Tim Evans, un australien exilé à
New-York/Brooklyn et qui dans les années 90 s’était particulièrement illustré
avec Sea Scouts puis, un peu plus tard dans les 2000’s, avec Bird Blobs. Un
type à qui rien ne fait peur et surtout pas de s’accoquiner avec Kristian
Brenchley, autre australien expatrié et guitariste de Woman mais qui joue de la
basse au sein de Degreaser. Ces deux là font la paire mais Brenchley ne joue pas
sur les deux premiers albums de Degreaser à savoir Bottom Feeder (2011) et Sweaty
Hands (2012). Aujourd’hui le line-up du groupe est complété par le batteur
John Coates et c’est cette version là de Degreaser que l’on a pu découvrir lors
d’un concert pour happy fews en juin 2013 à Lyon.
L’occasion de parler de Sweaty Hands est donc trop belle : ce disque commence un peu à
dater mais on a précisément réussi à mettre la main dessus lors de ce concert lyonnais. Pas plus que son prédécesseur, le très glauque et rampant Bottom Feeder, Sweaty Hands n’est pourtant pas symptomatique de la musique que
l’on a écouté ce soir là. Non, Sweaty
Hands est du genre toujours plus poisseux et marécageux, le blues y dégage
une odeur nauséabonde, les charognes s’étalent sur le sol et Degreaser nous
force à nous trainer dessus à quatre pattes, ça fait un bruit dégueulasse, on
trébuche à chaque instant mais on n’a pas d’autre choix que de continuer
d’avancer si on veut échapper au massacre, sauf que tout ceci ne semble pas
avoir de fin.
Sweaty Hands
ressemble à un énorme grincement, de ces grincements qui font crisser les
dents, donnent l’impression que quelqu’un est en train de vous enfoncer des
aiguilles à coudre sous les ongles et qui vous brisent les os de l’intérieur.
Une véritable torture sonique. Le bourreau en chef c’est (on l’a déjà dit) Tim
Evans et ce type n’a pas son pareil pour vicier le son de sa guitare déjà gavée
jusqu’à l’overdose de fuzz, de wah-wah et autres échos infinis avec une couche
de crasse malsaine à faire frémir Satan en personne. Le côté australien de la
musique de Degreaser se devine pourtant mais à peine – il y a des relents de
Birthday Party ça et là mais ils ont depuis longtemps été passés au
presse-fruits et mélangés avec du jus fermenté de cadavres d’animaux – tout
comme le côté Stooges, le meilleur côté des Stooges c’est-à-dire le côté à la
fois psyché et bruyant, celui de l’indétrônable Fun House et qui ici se fait plier en deux voire complètement
désarticuler par Degreaser.
La seule chose complètement absente de cette
musique nihiliste et jusqu’au-boutiste – puisqu’on a cité Birthday Party et les
Stooges – c’est l’absence totale d’attrait sexuel : Sweaty Hands est un album tout sauf sexy (alors qu’il est
indéniablement rock’n’roll), entre autre parce que Tim Evans chante avec une
voix d’alien sous hélium mais surtout parce qu’il y a trop de merde et de gras
pourri qui noient cette musique. Une musique absolument pas sympathique, qui ne
fait que s’imposer, où même le vice a été éjecté via le vide-ordures pour se
retrouver au même niveau que tout le reste, celui de l’effroi. Sweaty Hands est publié en vinyle
uniquement par Negative Guest List records. On annonce toujours le troisième album de Degreaser
pour cette année 2013, un album qui logiquement devrait plus coller au côté
boogie-swamp de la musique que le groupe joue ces derniers temps.