vendredi 12 juillet 2013

Nicoffeine / Au Revoir Golden Air




Règle numéro un : après avoir grandement apprécié un groupe en concert – voire avoir été quelque peu pris au dépourvu – laissez passer un peu de temps avant de réécouter ce même groupe sur disque.
Règle numéro deux : écouter quelques uns des enregistrements antérieurs à celui que l’on a l’attention de chroniquer.
Règle numéro trois : se foutre complètement des règles numéro un et deux et passer directement à la règle numéro quatre.
Règle numéro quatre : écouter la musique toujours plus fort.

Au lendemain d’un concert mémorable de NICOFFEINE dans la cave de Buffet Froid et histoire d’en remettre tout de suite une couche, de ne pas laisser l’euphorie refroidir et de confirmer (ou pas) tout le bien que je pensais désormais de ces allemands, j’ai immédiatement mis Au Revoir Golden Air sur la platine. Et je ne l’ai pas regretté.
Nicoffeine c’est donc un guitariste chanteur (Soheyl Nassary), un bassiste (Guido Lucas) et un batteur (Jörg A. Schneider). C’est aussi une musique et un son qui partent dans tous les sens mais pas n’importe comment non plus. Plus que jamais à l’écoute de Au Revoir Golden Air, Nicoffeine me fait l’impression d’être un cousin pas très éloigné de ces trucs japonais complètement barrés et coincés entre psychédélisme dévastateur et électricité omnivore. Sauf que Nicoffeine a quelque chose à apporter en plus, ce genre de foutraqueries héritées des groupes Skingraft : toujours plus d’exubérances, toujours plus de clowneries, toujours plus de dissonances et toujours plus de rythmes concassés. Imaginez Acid Mothers Temple qui copulerait avec les Flying Luttenbachers, genre.
Au Revoir Golden Air n’est donc pas à proprement parler une gentille promenade de santé mais plutôt une plongée longue durée dans un bain d’acide, dans tous les sens du terme. L’acide c’est d’abord celui d’une musique hyper chargée en délires continuels et abrasifs et en chaos free ascensionnel ; l’acide c’est aussi celui du morceau titre du disque, placé en dernière position et avoisinant le quart d’heure, un acide ouvrant la porte à toutes sortes de visions dérangées. Nicoffeine n’est pas qu’un groupe qui fait du bruit mieux que la moyenne générale, c’est surtout un groupe dont la musique déborde de trouvailles sonores. Ici le son est grésillant mais léché et au gré de tel ou tel passage on peut apprécier les bidouilles au synthétiseur ou l’inclusion de « paysages sonores » (le tout assuré par tous les membres de Nicoffeine sans exception). Un disque qui plus est enregistré et mixé par le batteur du groupe et masterisé par son bassiste : on est jamais aussi bien servi que par soi-même et le résultat est à la hauteur de la prestation haute en couleur et royalement déjantée que Nicoffeine avait donné dans une pauvre cave lyonnaise devant une vingtaine de personnes scotchées au plafond. Addiction.

[Au Revoir Golden Air est publié en CD et en vinyle (pochette gatefold) par Blunoise, un label dont le bassiste Guido Lucas s’occupe déjà depuis près d’une vingtaine d’années]