dimanche 15 mai 2011

Faust / Something Dirty






















Faust est éternel. Never ending story. En 2010 Hans-Joachim Irmler pensait avoir mis fin à la carrière du monstre avec un Faust Is last aussi complétiste que définitif. En 2011 Jean-Hervé Péron et Werner Zappi Diermaier lui répondent avec un nouvel album de leur Faust à eux et le premier disque incluant James Johnston (Gallon Drunk, Big Sexy Noise) ainsi que Geraldine Swayne (Bender) dans le line-up – l’album C’est Com… Com… Compliqué de 2009 ne regroupait de fait que des bandes enregistrées en 2006 avec Amaury Cambuzat d’Ulan Bator. C’est l’une des histoires les plus drôles du petit monde musical : oui il existe bien deux Faust ou plutôt il existait deux Faust, Irmler ayant semble-t-il jeté l’éponge après un ultime baroud d’honneur qui laissait la concurrence loin derrière lui.
Avec Something Dirty, la riposte des frères ennemis Péron et Diermaier est saignante. Curieuse mais saignante. La touche apportée par James Johnson et son orgue maléfique se fait sentir dès le premier titre, un Tell The Bitch To Go Home presque garage et spectral. Celle de Geraldine Swayne est inévitable sur un Lost The Signal à la configuration très Bad Seeds avec un chant lascif et trainant de la part de la dame, chose qu’elle recommence sur Invisible Mending. Alors Faust s’est-il fait vampirisé par ses membres nouveaux venus ? Pas tout à fait : sur Je Bouffe Jean-Hervé Péron dynamite joyeusement Tous Les Garçons Et Les Filles avec tout le plaisir sadique et toute l’absurdité qu’on lui connait. Something Dirty oscille ainsi constamment entre vieux relents de blues décadent et choucroute à l’ancienne, flirtant parfois avec l’indus, le bruitisme dans le rock, bref toutes ses choses que Faust a contribué à inventer il y a quelques décennies. Album patchwork, Something Dirty se révèle finalement très court et presque ludique. A de rares exceptions près, aucun titre ne s’éternise et surtout on en prend plein les oreilles, et ce à plusieurs occasions (Pythagoras et sa guitare méga saturée sur fond de tribalisme robotique). Il y a de la vie là dedans, beaucoup même. On en conclut avec bonheur que Péron et Irmler peuvent bien continuer à faire leur guéguerre tant qu’ils continueront tous les deux à publier des albums d’aussi bonne tenue.













[cette chronique est également lisible dans une version légèrement différente mais tout aussi expéditive dans le n° 4 de (new) Noise – avec les affreux Battles en couverture – qui vient tout juste de paraitre et est disponible chez tous les marchands de journaux]