C’est non sans un certain scepticisme mêlé à une méfiance bien compréhensible que notre service Découverte & Réalité a tout d’abord écouté cet album de Cherry But Not Cake. On peut même affirmer que lorsque Katatak, label marseillais désormais bien connu de nos lecteurs, a présenté Unveiling au monde moderne et civilisé, c’était avec l’aide de quelques mots hésitants tournant maladroitement autour du pot. Mais si on devait absolument affirmer quelque chose de rassurant à propos de Cherry But Not Cake, on parlerait de pop – si tant est que le terme de « pop » puisse encore rassurer qui que ce soit. Car de fait le groupe se situe quelque part entre Dinosaur Jr et Pavement. Un mélange assez étonnant de la part d’un groupe tout ce qu’il y a de plus britannique et contemporain.
De Dinosaur Jr et de Pavement, Cherry But Not Cake a en effet cette espèce de nonchalance salutaire et ce je-m’en-foutisme permanent qui ne peuvent que faire du bien. Des premiers on retrouve également et surtout un goût certain par le solo de guitare et l’incandescence moisie du guitar hero obsédé par le côté nerd de la force (On The Other Side). Des seconds Cherry But Not Cake a préféré conserver l’esprit mélodique tordu et la capacité à torcher des pop songs qui ne tiennent que par la grâce de trois bouts de ficelle (Disposable Language). Le tout forme un album étonnamment frais et juvénile mais terriblement attachant. Unveiling c’est donc un peu un disque de printemps, un disque qui vous réchauffe doucement dès les premiers rayons du soleil après un hiver un peu trop long, vous fait du bien par où ça passe et vous dérecroqueville enfin.
Mais Unveiling n’est toutefois pas un album aussi léger qu’il y parait de prime abord : en toute fin de face A Setback n’est pas sans posséder quelques relents slintien – cette façon narrative de poser la voix sur fond de guitares en mode aérosol, méthodologie depuis complètement pompée et exploitée jusqu’à l’os par Enablers – mais un slint grungy et plus rustique que mélancolique, avant que ne survienne (bien sûr) l’inévitable solo de guitare. Alors ne vous fiez pas au nom du groupe, pas terriblement génial je l’avoue, ni à la laideur repoussante de la pochette – un autre point commun avec Pavement – et laissez-vous faire par un disque qui ne vous veut et ne vous fera que du bien et qui s’accommode parfaitement d’une bière bien fraiche sirotée dans un rayon de soleil. L’effet est garanti et l’euphorie consistante.