vendredi 20 mai 2011

Extra Life / Ripped Heart


Après la déconvenue en concert du Extra Life nouvelle formule – comprenez avec le line-up remanié à trois –, il est enfin temps de panser ses plaies et de se demander si ce jour là ce n’est pas moi qui étais 1- de mauvaise humeur, 2- de mauvaise foi, 3- un peu trop fatigué, 4- mal embouché, 5- complètement insensible. On s’en remettra mais force est d’admettre que les nouveaux titres d’Extra Life, alors découverts sur scène durant le festival Africantape sans la moindre écoute préalable du disque, avaient semblé bien ternes et décevants, à l’image d’une prestation live manquant singulièrement de relief et d’intérêt – mais qui a pourtant soulevé un enthousiasme infaillible chez une grosse partie de public. Ces nouveaux titres, les voilà, ils forment le nouvel EP du groupe, du nom de Ripped Heart. A noter que le disque est publié comme ses prédécesseurs par Loaf recordings mais qu’il s’agit d’une coproduction avec Last Things, le tout nouveau label de Charlie Looker, ci devant chanteur, clavier, guitariste, compositeur et tête pensante d’Extra Life.























Quatre titres, c’est l’échantillon que nous propose Ripped Heart. On préfère s’arrêter à l’idée qu’un EP n’est qu’une étape, une transition ou une récréation entre deux enregistrements plus conséquents et aboutis : Ripped Heart séduit peut être aux toutes premières écoutes mais le disque s’essouffle très rapidement. On pensait n’avoir que des choses très gentilles à dire sur un disque tout de même attendu avec une certaine appréhension mais finalement on s’en abstiendra – on ne dira pas de choses réellement méchantes pour autant.
Extra Life poursuit ainsi son mouvement de balancier : Secular works (le premier album) exposait une certaine rage et une certaine sévérité, Ripped Heart est au contraire le disque le plus clair et le plus lumineux du groupe ; entre les deux Made Flesh fait plus que jamais figure d’équilibre parfait et de chef d’œuvre. Tout ce que l’on peut reprocher à Ripped Heart n’est après tout qu’une question de goût et de couleurs : plus pop que jamais, Extra Life plonge trop franchement dans les 80’s et ne maîtrise plus vraiment le kitsch de ses postures musicales ni n’arrive à les contrebalancer par la dureté qui réapparaissait toujours au bon moment sur Made Flesh. Les deux titres de la première face finissent par franchement horripiler (surtout Run Cold) mais on y croit pourtant un temps avec Ripped Heart qui ouvre la seconde partie du disque, grâce à ce break pointilliste et cette fin sur lesquels la tension fait enfin un peu le ménage. Plus que jamais on regrette le départ du bassiste, d’autant plus qu’il faisait avec le batteur une paire rythmique vraiment incomparable – d’ailleurs à quoi cela sert-il d’avoir un aussi bon batteur lorsqu’on le fait jouer aussi mécaniquement et qu’on le mixe comme une vulgaire boite à rythmes (encore les deux chansons de cette maudite première face) ?
Malgré toutes ces réticences, on sent pourtant que Charlie Looker a sûrement raison d’emmener Extra Life vers ces nouveaux horizons : fragile, aérien, élégant, funambule et délicat, Elegy (Cartoon Piano) – en fin de face B – est le titre qui redonne in extremis confiance en Extra Life et les visions oniriques de son leader. Et puis c’est aussi le titre sur lequel le chant retrouve enfin toute sa splendeur. Il était temps.