vendredi 13 mai 2011

One Lick Less / & We Could Be Quiet




















Autant le dire tout de suite, ce disque est une petite merveille. On n’en attendait pas autant de One Lick Less et de son & We Could Be Quiet, premier enregistrement délicatement nerveux et subtilement aiguisé. La magie et l’émotion – puisque c’est bien à cela que l’on pense dès les premiers instants de Alameda, le titre placé en ouverture du disque – sont d’autant plus fortes que la surprise est totale et miraculeusement durable. One Lick Less s’inscrit dans un ailleurs, quelque part entre blues intimiste, freeture électrique et math rock spectral, un tout nouveau petit bout de territoire de découvert.
One Lick Less c’est surtout la réunion de deux musiciens : Basile Ferriot à la batterie et que l’on connait déjà pour sa participation à Xnoybis (et quelques autres projets relevant de la sphère des musiques improvisées/expérimentales) et Julien Bancilhon à la guitare (on connait également son travail au sein des Red Horn Cannibals, vus par exemple en première partie de Psychic Paramount il y a un an au Sonic). Seulement les deux hommes utilisent chacun leur instrument de manière assez inusitée par rapport aux « conventions » habituelles : le batteur met l’accent sur un tom basse vibratoire – et, si j’ai bien compris, actionné par un système de pédale – qui ponctue d’une élégance troublante chacune de ses envolées sur caisse claire et cymbales. Le guitariste joue lui en slide de bien belle façon, concise et alerte (les passages instrumentaux du plutôt nerveux mais enroué Mecanic Fever en étant un exemple parmi tant d’autres).
& We Could Be Quiet ne comprend que six compositions parsemées d’éclairs de grâce et de simplicité enivrante sous couvert de sophistication et de technicité mais on saura donc se contenter de cette portion congrue : Alameda et le merveilleux Jail Unite Love sont des instrumentaux funambules, tricoteurs et aériens ; avec Fuzzy Rats, One Lick Less introduit du chant, faisant de ce titre une complainte bluesy poignante et sincère, accents que l’on retrouve sur un Wee Nasty pourtant à nouveau complètement instrumental mais gavé de slide et surtout sur Vastly Phial, composition finale du disque délivrant les frissons d’une berceuse mélancolique et noisy. Mecanic Fever enfin pourrait faire œuvre de synthèse entre le côté dentelier/instrumental et le côté chanté/bluesy de One Lick Less : sur ce titre le groupe parvient à atteindre un certain lyrisme – dans la ligne de chant et la guitare slide qui étincèle – tout en conservant une émotion et une immédiateté basées sur une singularité dont le duo ne peut être que fier. Il me tarde vraiment de découvrir One Lick Less en concert, d’autant plus que les échos d’une récente prestation parisienne s’étant déroulé au début du mois d’avril sont bien plus qu’enthousiastes…