vendredi 27 mai 2011

Scorn / Yozza




















Finalement ce qui est bien avec Mick Harris, c’est que c’est tout ou rien. Enfin… ce qui est vraiment bien c’est qu’en ce moment, ce serait plutôt TOUT. Notre homme a semble t-il définitivement décidé que la période de doutes, de dépression, de sécheresse, d’absence d’envies musicales est bien loin derrière lui. Car les années 2000 avaient failli être fatales à Scorn avec à la clef une baisse qualitative de ses enregistrements, d’abord le presque décevant Greetings From Birmingham puis Plan B et le Governer EP (tous ont été publiés chez Hymen records) ; puis est venu un long silence de presque six années uniquement interrompu par List Of Takers (Vivo records, en 2004), sorte de « live » en studio ou pour être plus exact Mick Harris enregistrant une setlist incluant vieux tubes dubindus et nouveautés en cours de développement, tout seul dans son coin, d’un seul tenant, comme lorsqu’il est sur une scène derrière ses machines et devant un public.
La fin des années 2000, c’est tout autre chose. Déjà ce Stealth quasi miraculeux en 2007 (chez Jarring Effects et Ohm Resistance) puis surtout le génial Refuse; Start Fires (Ohm Resistance) en 2010, disque sur lequel Mick Harris réutilisait pour la première fois des parties de batterie jouées par un vrai batteur, tournicotait du côté d’un dub tout aussi sombre et urbain mais lorgnant également du côté des racines du genre et surtout renouait avec l’inspiration et le succès de l’écriture. Est-ce parce qu’il a pris conscience de la réussite de Refuse; Start Fires que Mick Harris a voulu lui donner presque immédiatement une suite ? On peut le supposer.
On peut également penser que sur Yozza – nouvel EP 4 titres de Scorn, toujours publié chez Ohm Resistance – Mick Harris en fait presque un peu trop. Sa musique est toujours aussi lourde, terriblement sombre, terrifiante, malsaine, implacable et brutale et on y sent surtout ce renouveau qui avait tant plu sur Refuse; Start Fires. Or on y décèle également comme un foisonnement, presque une luxuriance : un mix très étonnant et contrasté, plus de sons, plus de détails mis en relief, plus d’enluminures, plus d’enthousiasme… C’est tout juste si on ne s’imagine pas Mick Harris devant nous, grimaçant, gesticulant, tournant ses boutons et s’arcboutant sur sa table de mixage. Shake Hands est impressionnant question rythme dynamisant et prolifération de points d’impact. Au contraire, Names Not Down Not Comin In renoue finalement avec un certain minimalisme qui du coup lui donne un air de déjà entendu (cela n’enlève rien à la qualité de la composition) alors que les trois autres titres du EP commençaient vraiment à nous convaincre que Scorn pouvait encore, en plus de nous contenter avec ses habituels assauts électrisants, nous surprendre et nous étonner à nouveau. Vivement la suite.