mercredi 18 mai 2011

Barn Owl / Ancestral Star























Un peu trop rapidement et facilement catalogués dans la mouvance Earth, Sunn O))), Locrian, Nadja, Horseback et consorts*, les américains de Barn Owl ont publié l’été dernier un troisième et magnifique album chez Thrill Jockey : Ancestral Star. Le duo, basé à San Francisco, s’apprête d’ores et déjà à sortir une suite à cet album, sous la forme d’un EP du nom de Shadow Land, toujours chez Thrill Jockey, non sans avoir entretemps publié – l’hiver dernier – un album chez Important records (Barn Owl & The Infinite String Ensemble : The Headlands), une collaboration incluant les violonades de Ellen Fullman et Theresa Wong – pour un résultat très moyennement probant.
Barn Owl devrait honnêtement avoir le vent en poupe et soulever un minimum d’enthousiasme et de considération or jusqu’ici c’est plutôt le calme plat… une injustice réellement flagrante – une de plus en ce bas monde de volatilité et stupidité musicales – qui se doit donc d’être réparée au plus vite. Evan Carminiti et Jon Porras (guitares, piano, orgue, harmonium, percussions, trompette et voix) développent en effet une vision très poussiéreuse pour ne pas dire western de leur musique à base de répétitions et de drones. En cela on admettra donc qu’ils sont en effet quelque part redevables au Dylan Carlson ressuscité des années 2000 (l’album Hex : Or Printing In The Infernal Method de Earth) mais on pourrait également leur trouver quelques correspondances avec Loren Mazzacane Connors et tous ces guitaristes qui depuis quelques années se sont lancés à sa suite dans la relecture du blues et du folk américains, en France il y a Michel Henritzi par exemple.
L’onirisme, l’hallucination, la profondeur, la gravité sont donc les sensations et impressions qui vous submergent d’abord puis de manière durable à l’écoute de Ancestral Star, album relativement court – quarante minutes : c’est plutôt rare dans le genre et de fait c’est aussi l’une des grandes qualités d’un disque et de compositions qui ne s’éternisent jamais plus que nécessaire –, un album dense qui vous invite à la rêverie à travers un parcours solitaire au milieu de vastes étendues désertiques, entre ciel et terre, rêve et réalité, chaud et froid, minéralité et vapeur. Ancestral Star pourrait se traduire par quelques visions de cow-boy en train de pourrir sur place et se déliter doucement dans les airs, fumet de cadavre pas encore tout à fait mort mais plus vraiment vivant non plus et s’élevant dans l’atmosphère pour y rejoindre quelques milliers d’autres, dans un appel du vide et un effacement généralisé qui vaut bien pour toute libération charnelle et sentiment d’universalité.













Véritable expérience sur disque, la musique de Barn Owl devrait également avoir des choses à nous dire en concert. Ainsi le groupe est actuellement en tournée, par exemple ce soir mercredi 18 mai à Mains d’œuvres (Saint-Ouen) en compagnie de Stefan O’Malley et samedi prochain 21 mai au Sonic de Lyon.

* mouvance qui à dire vrai n’existe pas, en tous les cas pas plus que dans l’imagination des tenanciers et autres scribouillards de gazettes, qu’ils sévissent sur papier ou sur internet : trouvez-moi donc un rapport quelconque entre tous ces groupes