lundi 29 juin 2009

Obits / I Blame You























Donnez moi une bonne raison d’écouter I Blame You, premier album des Obits. Tout d’abord, ce disque tenant la corde pour la pochette la plus laide de l’année a été publié par Sub Pop, label responsable de quelques émois musicaux de jeunesse ce qui fait que l’on est toujours tenté de garder une oreille sur ses activités les plus récentes (mais de moins en moins souvent il est vrai). Ensuite Obits est le nouveau groupe de Rick Froberg, celui là même qui avait dynamité les années 90 le temps de deux albums mémorables et incontournables de Drive Like Jehu. Il avait ensuite retrouvé son petit camarade John Reis (également dans Drive Like Jehu et surtout de Rocket From The Crypt) au sein de Hot Snakes, groupe en ayant marqué plus d’un au début des années 2000 avec trois albums, des John Peel Sessions et des concerts dantesques -je n’ai jamais vraiment fait partie des convaincus de Hot Snakes mais je dois aussi avouer que je les ai ratés en live.
Pour Obits, Rick Froberg s’est acoquiné avec un deuxième guitariste (et parfois chanteur comme sur le malencontreux Run) et une section rythmique rentre dedans. Le credo du quatuor : du rock’n’roll pur et sauvage, sans aucun esprit d’ouverture et/ou d’aventure. Comme le dit Rick Froberg lui-même sur la page de présentation dédiée par son label à Obits : We’re not into innovation as a band, I think innovation is overrated and an overestimated quality. Anything that’s going to be original is going to happen without your control. Things that make your band sound like you, are things you wouldn’t be able to change anyway. We just go ahead and play the stuff we like, and we don’t worry about originality per se, because that takes care of itself. En guise de confirmation, Obits reprend Milk Cow Blues, un classique du blues américain puis du rock’n’roll dont la version qu’en a enregistré Elvis Presley pour Sun records n’est pas la moindre.
Vaguement garage, psychédélique à ses heures, I Blame You décèle deux énormes inconvénients qui se transforment rapidement en défauts majeurs et éliminatoires. Le premier c’est ce son d’une propreté qui fait pliz par là où il passe, garage mon cul. Mais ce n’est rien à côté de l’absence totale de chanteur dans Obits. Rick Froberg qui assure 95 % des parties chantées n’a aucune personnalité, il avait bien raison d’y pallier en braillant dans Drive Like Jehu et Hot Snakes et pour son nouveau groupe on aurait rêvé à la place de ces bêlements de vermisseaux d’une voix un peu plus habitée et profonde, quelque chose comme du Jeffrey Lee Pierce dont l’ombre imposante voire gênante hante plus d’une fois I Blame You.
Ce disque créerait presque l’illusion en début de première face (le final de Widow Of My Dreams) ou sur le mega hit Two Headed Coin alors que la plupart du temps les parties instrumentales arrachent avec des soli de guitares qui donnent envie de faire la danse du ventre torse nu. Mais I Blame You n’a qu’une énergie tronquée qui retombe rapidement -toujours la qualité beaucoup trop lisse de l’enregistrement- et surtout un songwriting déficient au possible. Pas assez de poils + manque de mélodies méphistophéliques + interprétation faiblarde = un disque moyen et décevant par un groupe surcoté (comment qu’il a dit déjà Rick Froberg ? Overrated ? Overestimated ? -au moins il n’a pas eu faux sur toute la ligne).