Monoliths & Dimensions, dernier méfait de Sunn, est retourné dans son placard, il en ressortira peut être le jour où j’aurai arrêter de lire et d’entendre ces avis tordants à propos d’un émouvant hommage de Stephen O’Malley et Greg Anderson au In A Silent Way de Miles Davis et à l’architecture gothique. Un disque qui ne fait même pas peur à mes enfants (et qui ne les fait pas rire non plus). Supercherie et prétention.
Que dire de plus ? Qu’évoluer à tout prix ressemble à un hara-kiri dès lors que l’on joue une musique bien trop balisée ? Qu’au contraire ne pas être capable d’évoluer est le signe d’une défaite musicale ? Je cherche encore le point de rupture qui séparerait les groupes/musiciens chez qui l’évolution est naturelle (et nécessaire) et ceux chez qui elle n’est que manque d’inspiration et/ou trahison. Et je ne le trouve pas.
Pas de jugement ni d’anathème -cette distinction ne vise pas à séparer les bons musiciens des mauvais- mais le fait est qu’avec certains le changement passe très bien et qu’avec d’autres il en est absolument hors de question. Sunn était le vibrant hommage de deux metalheads à l’album Earth 2 de Dylan Carlson/Earth, un hommage lessivé et essoré bien au delà du nécessaire et du raisonnable. Une impasse stylistique mais qu’importe ? Désormais Sunn n’est plus ce concept terroriste et simpliste que l’on prenait comme tel (c'est-à-dire de plein fouet dans la gueule). Sunn tend à devenir une oeuvre d’art. C’est tant pis pour moi.
Que dire de plus ? Qu’évoluer à tout prix ressemble à un hara-kiri dès lors que l’on joue une musique bien trop balisée ? Qu’au contraire ne pas être capable d’évoluer est le signe d’une défaite musicale ? Je cherche encore le point de rupture qui séparerait les groupes/musiciens chez qui l’évolution est naturelle (et nécessaire) et ceux chez qui elle n’est que manque d’inspiration et/ou trahison. Et je ne le trouve pas.
Pas de jugement ni d’anathème -cette distinction ne vise pas à séparer les bons musiciens des mauvais- mais le fait est qu’avec certains le changement passe très bien et qu’avec d’autres il en est absolument hors de question. Sunn était le vibrant hommage de deux metalheads à l’album Earth 2 de Dylan Carlson/Earth, un hommage lessivé et essoré bien au delà du nécessaire et du raisonnable. Une impasse stylistique mais qu’importe ? Désormais Sunn n’est plus ce concept terroriste et simpliste que l’on prenait comme tel (c'est-à-dire de plein fouet dans la gueule). Sunn tend à devenir une oeuvre d’art. C’est tant pis pour moi.
C’est tout le contraire avec Khanate. Cet autre groupe majeur de Stephan O’Malley s’est crashé en plein vol -certains musiciens reprochant aux autres leur manque d’investissement et vice versa, encore une histoire drôle- en laissant derrière lui trois albums et quelques enregistrements live. Une autre façon de se faire hara-kiri mais qui ne laisse pas ce goût amer des dérives et des errements. Khanate ne nous fera pas le coup du crépuscule des vieux. Annoncé comme l’album jumeau de Capture And Release -parce qu’enregistré pendant les mêmes sessions mais selon un processus parait il improvisé- Clean Hands Go Foul est l’ultime album d’un groupe bien mort et proprement enterré. Un cénotaphe de luxe disponible depuis bien trois mois en picture disc chez Trust No One, édité plus récemment en version vinyle classique par Hydra Head et également désormais disponible en CD, toujours chez Hydra Head. La différence entre versions CD et LP est de taille : pas moins de vingt quatre minutes d’amputées, le dernier titre Every Good Damn Thing faisant à lui tout seul les frais de cette opération chirurgicale. Le label a par contre eu cette bonne idée de mettre un temps l’intégralité de Clean Hands Go Foul en streaming -une idée très en vogue mais cela se comprend : il faut bien donner aux amateurs de musique envie d’acheter et donc leur offrir la possibilité d’écouter un disque avant sa parution.
Ecouter un disque de Khanate n’a justement rien d’anodin. Wings From Spine, le titre d’ouverture, pousse très loin l’exigence d’une musique ultime. Guitare fraiseuse, basse ronflante, batterie pyrotechnique et chant de psychopathe en pleine crise de mysticisme meurtrier. On sait que James Plotkin a pris son temps pour remonter ces sessions d’enregistrements posthumes de Khanate et leur donner une apparence construite et délibérée et le fait est que ces premières sept minutes sont l’annonce d’une orgie sonique et meurtrière et que l’on tremble rien qu’à cette confirmation que nos pires désirs vont être assouvis.
Alan Dubin, Stephen O’Malley, James Plotkin et Tim Wyskida n’y vont donc pas avec le dos de la louche dans la marmite de sorcières, Khanate a un sens de la torture musicale sublimée en beauté meurtrière et vénéneuse proche du sacrifice sans retour. Les incantations maléfiques du groupe convoquent tous les vieux monstres que Lovecraft n’a même pas eu le courage d’imaginer, ces errances métalliques sublimées par un feedback assassin aussi terrifiant qu’impérial et orgiaque débouchent sur une catharsis définitive. Alors effectivement, lorsque on a enregistré un album tel que Clean Hands Go Foul il est préférable de passer à autre chose ou carrément de s’arrêter là. Khanate est mort, vive Khanate : le groupe n’existe plus et c’est mieux ainsi, on le préfère mort et absolutiste que toujours vivant et rendant hommage au jazz de salon ou à la musique contemporaine.