L’entité Scanner existe encore. Je dois souffrir de ce syndrome nombrilisme qui fait que lorsque un musicien/groupe ne sort plus de disques c’est qu’il n’existe plus. Qu’il est mort*. Ou pire : que le type s’est reconverti dans une florissante carrière de cadre supérieur chez Sony -comme James Williamson par exemple, mais maintenant qu’il part à la retraite, il va enfin pouvoir redevenir punk rocker et reprendre sa place dans cette grande farce que sont devenus les Stooges. Donc voilà, aucune nouvelle de Scanner depuis l’album Reason By Heart, Sleep By Twilight publié en 2005 par Bine Music, lequel label publie également ce tout nouveau Rockets, Unto The Edges Of Edges. Quatre années c’est plutôt un lapse de temps assez court mais il a été suffisant pour procéder comme il se doit aux funérailles de Robin Rimbaud (le vrai nom du bonhomme derrière Scanner). Sûrement à cause de la participation du musicien en tant que guitariste au projet Githead, groupe réunissant le Wire Colin Newman et l’ex Minimal Compact Malka Spiegel -une petite horreur poppy cold désuète même pas capable de ranimer à la vie ma flamme nostalgique d’enfant des 80’s. Qu’est ce que j’ai raté entretemps ? Apparemment deux maxis (toujours sur le même label), Teeange Wochen et Moskau Disko plus une ou deux autres galettes en vinyle, rien de grave en soi -pour les affamés et les pointilleux, la discographie complète de Scanner se trouve ici.
Le Scanner dans sa version 2009 n’a plus grand-chose à voir avec le Scanner du début des années 90, celui des trois premiers enregistrements sur Ash International/Touch records, celui de l’album Sulphur (chez Sub Rosa, avec son incroyable maxi Flâneur Electronique) ou des sessions live new-yorkaise, parisienne et londonienne en compagnie de David Shea et Main (toujours sur Sub Rosa). Au fil des années Robin Rimbaud a considérablement étoffé son vocabulaire, usant toujours de voix inconnues (tout en renonçant semble t-il à l’utilisation de scanners de la police destinés à intercepter les conversations sur téléphones cellulaires) mais appuyant de plus en plus ses rythmiques -allant même jusqu’à enregistrer en 2000 un album sous le nom de ScannerFunk, ce qui veut tout dire. Plus de dub aquatique, plus de brumes urbaines, plus d’illbient, moins d’oppression poétique : en s’humanisant la musique de Scanner a rejoint les cohortes de projets electronica sans grande originalité, opérant ce détestable glissement de l’impressionnisme (dans des genres très différents : Gas, Oval, Autechre) vers le cinématographique et le dédié (Gridlock, Ginormous).
Rockets, Unto The Edges Of Edges entérine le fait que Robin Rimbaud regarde trop la tv et lit beaucoup trop de bouquins avant de composer. Son désir de musicalité et de mélodicité au détriment de la poésie des accidents sonores et des nappes sulfureuses chargées d’electronica minimale n’incite définitivement plus à la rêverie sous éther et/ou à la perte de repères. C’est tellement désagréable d’écouter ce piano renforcé de cordes sur le très grandiloquent Pietas Ilulia. Approfondissant un peu plus cette démarche de lisibilité, Scanner/Robin Rimbaud joue également beaucoup trop de guitare sur ce nouveau disque -et si c’est une conséquence directe de sa participation à Githead alors je hais encore plus ce groupe. Dans le même genre d’idée Michael Gira a été invité à gratouiller sur le premier titre (Sans Soleil) tandis qu’une soprano est venue pousser la chansonnette sur Anna Livia Plurabelle. Rien de franchement ignoble, rien de déroutant et rien de rédhibitoire. Heureusement qu’un titre comme Yellow Plains Under White Hot Blue Sky rappelle que Scanner est aussi un magicien de la suggestion… avant que les synthés en forme de violonades n’interviennent à nouveau. Il va falloir s’habituer (ou pas) à ce côté soyeux et tiède nouveau (définitif ?) chez Scanner. Une bonne grosse paire de pantoufles digitales, en résumé.
Rockets, Unto The Edges Of Edges entérine le fait que Robin Rimbaud regarde trop la tv et lit beaucoup trop de bouquins avant de composer. Son désir de musicalité et de mélodicité au détriment de la poésie des accidents sonores et des nappes sulfureuses chargées d’electronica minimale n’incite définitivement plus à la rêverie sous éther et/ou à la perte de repères. C’est tellement désagréable d’écouter ce piano renforcé de cordes sur le très grandiloquent Pietas Ilulia. Approfondissant un peu plus cette démarche de lisibilité, Scanner/Robin Rimbaud joue également beaucoup trop de guitare sur ce nouveau disque -et si c’est une conséquence directe de sa participation à Githead alors je hais encore plus ce groupe. Dans le même genre d’idée Michael Gira a été invité à gratouiller sur le premier titre (Sans Soleil) tandis qu’une soprano est venue pousser la chansonnette sur Anna Livia Plurabelle. Rien de franchement ignoble, rien de déroutant et rien de rédhibitoire. Heureusement qu’un titre comme Yellow Plains Under White Hot Blue Sky rappelle que Scanner est aussi un magicien de la suggestion… avant que les synthés en forme de violonades n’interviennent à nouveau. Il va falloir s’habituer (ou pas) à ce côté soyeux et tiède nouveau (définitif ?) chez Scanner. Une bonne grosse paire de pantoufles digitales, en résumé.
* à l’exception de Mickael Jackson : mort-vivant depuis des années, il ne rapportait plus grand-chose à Sony ; désormais enterré en bonne et due forme, il va enfin pouvoir ressortir des disques et engraisser les producteurs